• 69
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Suite et fin de l’article « Denis Gentile se prend pour Michel-Ange ! Le blogueur est-il un artiste ? », lire la première partie : « Le blogueur et la fascination du lieu » et la deuxième partie : « Le blogueur est le prototype de l’artiste moderne ! »

On a perdu la notion du temps

Notre époque a perdu une notion fondamentale, la notion du temps.

On en revient à la première partie de cet article. Il faut installer le sujet d’un article dans son contexte. Lui donner une atmosphère et donc prendre le temps de respirer, de souffler, de s’asseoir. Lui donner une épaisseur avec des mots qui nous permettront de prendre place dans un fauteuil plus confortable. Chercher les racines avant de monter sur les branches de l’arbre.

Et ça demande du temps. Pour moi, le temps d’écrire un article en trois parties et pour vous, le temps de le lire. Ce temps est lenteur et cette lenteur va à contre-courant des règles édictées sur le web.

Frank Zöllner  évoque aussi dans son texte à propos de Michel-Ange de : « son indépendance », des « entorses aux conventions » et de « l’autonomie esthétique ».

Un blog, s’il veut devenir un jour une œuvre d’art devra donc prendre en compte ces points. En écrivant ce type d’article non conventionnel, on s’engage sur cette voie.

Il y a aussi ces expressions répétées : « à un degré inconnu avant lui » ou « sans précédent pour son époque ». 

Il ne faut pas chercher le sujet d’un art ou d’un blog dans ce qui a été déjà fait et surtout, il ne faut pas suivre une mode. Se mettre devant les autres, c’est ce que Michel-Ange préconisait et que tout artiste-blogueur devrait avoir à l’esprit.

La rapidité qui caractérise notre époque devrait nous faire prendre conscience d’une chose fondamentale : rien n’est inscrit dans le marbre. Tout change, tout évolue. L’homme est un scientifique qui ne connaît pas ses limites. Cet homme de science continuera d’inventer de nouveaux supports et chaque support pourra devenir l’objet d’un art nouveau. (Lire l’article en collaboration avec Francis Benett « Le Blog est l’avenir de la presse écrite ! »)

Nuno Bettencourt, compositeur de More Than Words et guitar hero !

Nuno Bettencourt, compositeur de More Than Words et guitar hero !

La musique est une bonne illustration de nos propos. J’ai grandi à une époque où la guitare électrique était considérée comme un instrument sauvage, impropre à l’art. Qui oserait sérieusement contester aujourd’hui que Jimmy Page, Ritchie Blackmore, Ed Van Halen ou Nuno Bettencourt (compositeur de More Than Words) soient des virtuoses et donc des artistes ? Il a fallu quelques décennies. Il a fallu du temps.

Et en étudiant l’histoire de l’art, on comprend qu’il a même fallu des siècles pour que les peintres, les sculpteurs et les architectes soient considérés comme des artistes.

Si Michel-Ange avait un blog, ce sujet serait l’un des principaux. Il parlerait de la primauté des arts. Il revendiquerait que la sculpture est un art plus grand que la peinture sur toile ou sur bois. Pourquoi ? D’abord pour se différencier de son plus grand rival Leonardo qui excellait dans l’art de peindre. Mais aussi et surtout pour donner ses lettres de noblesse à la sculpture. Car le sculpteur n’était alors considéré que comme un artisan, pas un artiste. Et cela a été la même chose pour les autres arts.

Par exemple l’architecture. Connaissez-vous la Coupole de la Cathédrale (Duomo) de Florence (Firenze), Santa Maria Del Fiore ?

Pour les architectes, il s’agit d’une référence absolue, l’un des plus grands chefs-d’œuvre de tous les temps. Filippo Brunelleschi a conçu une coupole sans armature. Aujourd’hui encore, c’est une énigme. Comment se fait-il qu’elle ne s’écroule pas ?

Nous sommes au début du XVe siècle et l’architecte n’est qu’un ouvrier en chef. Si bien que Brunelleschi est considéré par les autorités florentines, en raison de son incontestable prouesse, comme un ingénieur. Le désigner comme un simple architecte aurait été indigne de son rang et de son talent.

Mais c’est grâce à cette œuvre monumentale que l’architecture deviendra enfin un art à part entière.

La Coupole de Brunelleschi (Duomo Santa Maria Del Fiore à Firenze) sous la main de mon copan d'avant Xavier Capodano

La Coupole de Brunelleschi (Duomo Santa Maria Del Fiore à Firenze) sous la main de mon copain d’avant Xavier Capodano (1)

Il a fallu des centaines d’années et des centaines de cathédrales avant de reconnaître à sa juste mesure la valeur de l’architecte et de l’élever au rang d’artiste. Il faudra des milliers de blogs et des milliers de jours pour qu’un blog devienne une référence artistique. Le temps que cette nouvelle figure entre définitivement dans les mœurs.

Au XXe siècle on a vu l’éclosion de nouvelles formes d’art comme la bande dessinée et le cinéma.

Au XXIe siècle, l’histoire se répète pour le blogueur. Sa reconnaissance vis à vis des autres formes d’écriture comme le roman ou la poésie viendra en son temps.

Je laisse à Michel-Ange le soin de conclure cet article :

« Le plus grand danger qui nous menace n’est pas de regarder trop haut et  de ne pas réussir à atteindre notre objectif mais de regarder trop bas et de l’atteindre ! » (2)

Certains blogueurs deviendront des artistes et ils pourront légitimement se prendre pour Michel-Ange !

Qui veut tenter sa chance ? Qui aura le talent de construire un blog comme Brunelleschi a conçu sa Coupole ou comme Michel-Ange a sculpté son David ? Qui veut prendre ce risque ?

Je m’inscris sur la liste d’attente !

 Fin.

Denis Gentile

1 – 2 – 3

 

Cliquez sur l'image pour m'envoyer un mail

Cliquez sur l’image pour m’envoyer un mail

(1) Merci infiniment à Xavier de m’avoir « prêté » ses photos. On était dans la même classe aux Francs-Bourgeois, on a joué au basket ensemble (il était bien meilleur que moi, le meilleur de l’école même), depuis on ne s’est plus vu mais le miracle facebook fait qu’on se retrouve presque tous les jours et qu’on découvre 30 ans plus tard qu’on a des passions en commun.

(2) « Il più grande pericolo per noi non è che miriamo troppo in alto e non riusciamo a raggiungere il nostro obiettivo ma che miriamo troppo in basso e lo raggiungiamo »


Denis Gentile

Je suis un passant. Ici et maintenant, je suis un passant du web. Le Passant est celui qui va d'un lieu à l'autre, d'un sentiment à l'autre, il n'est jamais le même. Je passe d'une page à l'autre, d'un blog à l'autre, d'un message à l'autre. Et ces pages, ces blogs et ces messages, je les passe aux autres passants qui y passent à leur tour :) Plus prosaïquement, je suis un Storyteller, Blogueur & Rédacteur Web. Mais le rôle que je préfère, c'est celui de Digital Storyteller !

13 commentaires

nekkuafr · 17 février 2014 à 5 h 50 min

Moi qui débute tout juste mon blog, ne sait pas encore quel ton employer et comment m’adresser à mes lecteurs, cet article me fait à la fois peur et me donne envie de continuer l’aventure.
Peur car je réalise à quel point je suis loin de maîtriser et l’écriture et l’art du blog.
Envie de continuer, car s’améliorer sans cesse est mon but, et me coucher moins bête que je ne me suis levé, ma récompense.
Merci pour cet article.

Laurent Bour · 15 février 2014 à 20 h 55 min

Bravo Denis,

Cela me fait revivre des années semblant aujourd’hui lointaine… ma jeunesse autour de Van Halen et en 1993 la découverte d’un artiste en la personne de Nuno Bettencourt, alors guitariste du groupe Extrême. Un album sur fond vert et III sides to every story avait fini d’assoir mon gout pour cet artiste. More than words n’était qu’une confirmation douce et reposante, qui a aujourd’hui le mérite de me faire penser à ton blog.

Je rebondis sur un point entre les temps passés et le temps actuel, et d’après tes mots et Michel Ange qui sont pour moi un tremplin : (La rapidité qui caractérise notre époque devrait nous faire prendre conscience d’une chose fondamentale : rien n’est inscrit dans le marbre.)

Cele semble vrai en notre époque et pourtant quand David est sorti d’un bloc de marbre, j’ai envie de dire l’inverse, et que c’est à nous d’apprendre que ce qui a été inscrit dans le marbre par Michel Ange demande un respect, un apprentissage de l’art, une profondeur qui nous fait connaitre l’artiste au delà de l’oeuvre accomplie. Résolument le marbre avait bien cette fois-ci été marqué de son empreinte immuable… et pour ne pas changé l’oeuvre inscrite dans la pierre, il nous incombe de nous plier à la grandeur de l’humilité, et de la stature parfaite de la vie qu’il a donné à un bloc de marbre en faisant naitre David.

Je dis qu’il a inscrit dans le marbre ce que personne ne pourra changer aujourd’hui, et ce quelque chose continue de nous apprendre après les années qui s’écoulent. Cette chose c’est le talent reconnu par le contemplateur de l’oeuvre.

Belle démonstration d’écriture, et excellente comparaison qui restera pour moi une référence gravé pour le coup… dans le marbre 😉

mopourmots · 14 février 2014 à 18 h 26 min

Denis, bravo pour cette belle série d’articles que je découvre (comme par hasard) au moment où je décide d’assumer mon ambition : proposer un blog qui soit un objet artistique… voire une oeuvre d’art !
L’avenir dira si j’y réussis, en tout cas j’aurai la fierté d’avoir essayé.
Encore merci, ce dialogue est passionnant, passionné et riche d’enseignements.
A bientôt 🙂

catherine · 5 septembre 2013 à 18 h 00 min

Bonsoir Denis,
c’est une belle philosophie 🙂 prendre le temps de vivre c’est ainsi que je conçois ma vie depuis peu certes mais j’avoue y prendre goût et j’espère le plus longtemps possible
excellent tes articles j’ai pris le temps de les lire et même les relire 🙂

Eric · 5 septembre 2013 à 8 h 37 min

Bravo Denis, pour ce très beau texte qui évoque si bien la valeur de l’acte bien fait grâce au talent remis en cause constamment pour approcher la perfection. Mais pour moi il évoque aussi la reconnaissance comme celle de l’artiste qui parfois met beaucoup de temps à émerger dans la société. Mais tout cela est du passé et le paradigme est en train d’évoluer apportant son cortège de nouvelles solutions à ceux qui acceptent de regarder autrement. J’ai l’intime conviction que le numérique, le web et les Réseaux sociaux numériques que Miguel-Ange n’avaient pas à sa disposition 🙂 ouvrent maintenant des nouveaux possibles à tous les hommes et les femmes de talents. Par exemple de nouvelles pistes s’ouvrent pour l’artiste qui a besoin de la reconnaissance et de rencontrer son public ou le fabricant qui se développe en faisant connaitre ses produits à ses clients au delà des mer et des montagnes. Avant la rencontre se réalisait souvent au marché du village. Puis au fil des siècles grâce a l’intelligence de l’homme cela a été possible de plus en plus loin. Aujourd’hui le village à la dimension de la planète. L’intelligence en mouvement de l’homme à changé le paradigme. Maintenant l’artiste peut grâce aux outils numériques rencontrer le public qu’il l’apprécie, qui le cherche, sans quitter le lieu de sa créativité. L’entrepreneur peut entreprendre où il veut. Think global Act local. Je teste souvent dans mon blog la force de la web attraction des usages numériques et notamment celle du blog qui offre une grande liberté d’usage et d’adaptation aux situations. Je forge de grands espoirs, dans tous ces nouveaux outils numériques et ceux à venir, pour apporter à l’homme les nouvelles solutions aux nouveaux enjeux du 21 ieme siècle, surtout quand ces technologies sont pilotés ou coachés par des professionnels de talents efficaces. Et si Miguel-Ange avaient eu à sa disposition les Réseaux sociaux numériques que serait devenu le monde…:)

    Chantal · 12 septembre 2013 à 15 h 06 min

    Absolument en accord. Pour ce qui est des nouvelles pistes, le numérique est un outil formidable permettant de sortir de l’anonymat les créateurs mais le corollaire est la multiplication de tous ces talents autrefois mėconnus et il devient de plus en plus difficile de choisir tellement l’offre est immense. Un peu comme l’inflation de romans aux rentrées littéraires. Le discernement va donc devenir la qualité essentielle pour les spectateurs et la créativité pour les acteurs.

Nancy Freyermuth · 4 septembre 2013 à 17 h 57 min

Qu’as tu fait de ton talent ?
Phrase tirée d’un roman qui a marqué mon histoire, oui tout prend du temps et c’est dans le temps que l’on mesure la portée des choses et des évènements.
L’art est de suivre une tendance ou un mouvement en restant soi-même, en insufflant ses idées ou sa façon de faire ou de voir, en déposant sa marque de fabrique discrètement qui fait que demain le coup de pinceau est reconnaissable entre tous au premier coup d’œil.
L’art c’est aussi oser et faire différemment sans attendre le succès immédiatement, c’est écouter son intuition y croire et faire pour voir émerger et se concrétiser ce qui était jusque là qu’une idée ou un coup de crayon sur un papier chiffonné.
L’art c’est aussi déranger, être dérangeant et pousser les autres à s’exprimer en positif ou en négatif mais de les faire réagir et construire un raisonnement autour du « j’aime pas parce que.. »
L’art est perturbant aussi car il peut nous toucher ou nous marquer profondément et pour longtemps.
Mais l’art est partout, d’ailleurs chaque être humain est une œuvre d’art.
Les réseaux sociaux, le web vont vite et amènent les gens, bloggeurs rédacteurs à une pression les poussant à une accélération pour pouvoir rester en haut du référencement et du nombre de lectures obtenues. Il faut écrire vite et répondre vite.
Pour autant je crois que c’est à chacun de s’attribuer ses canaux de communication en tentant de rester soi-même et non de répondre à une tendance et une quête de visibilité.
Lorsque j’ai décidé de m’attribuer un réseau social émergent certains ont ri de ma façon d’agir et m’ont même fortement conseillé de changer ma méthode et bien non je m’y tiens car elle me convient et que c’est là l’essentiel si l’on veut durer.
Il y a des blogs qui se ressemblent les uns les autres c’est ennuyant.
Il y a des blogs où les bloggeurs se sont enfermés dans une ligne éditoriale qu’ils n’arrivent ni à tenir ni à alimenter du coup c’est redondant et c’est lassant.
Et il y a des blogs qui donnent envie de réagir et de laisser un commentaire uniquement parce que l’article ou le billet rédigé fait résonner en soi un « mais c’est vrai ça, je m’en souviens, il a raison, je suis d’accord ou pas d’accord »
C’est ce genre de blog qui fait que l’on attend patiemment le prochain article et qui fait que l’on comprend que l’art prend du temps et que le rédacteur doit prendre son temps.
Merci pour cet article Denis, @micalement

MonEncre · 2 septembre 2013 à 9 h 42 min

Audacieux et très bien construit. Prendre son temps dans un monde qui ne peut plus s’ arrêter. Je veux bien relever le défi et devenir un artiste.

    Eric · 5 septembre 2013 à 8 h 41 min

    Osons, le nouveau paradigme ouvre tous les possibles

Les découvertes de la semaine du 10 au 16 février 2014 | bonjour1sourire · 16 février 2014 à 14 h 40 min

[…] se prend pour Michel-Ange (et il a bien raison) dans une série de 3 articles. Je vous partage le dernier mais vous pourrez lire les 2 premiers grâce aux rappels inclus dans son article dès le […]

Denis Gentile : Rédacteur web, Community manager & Blogueur | More Than Words · 28 octobre 2013 à 16 h 26 min

[…] de voir Santa Maria del Fiore (1991), le Ponte Vecchio, le David et la Naissance de Vénus, je ne savais pas que l’art […]

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.