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Je suis fier d’accueillir Abdelhamid Niati sur ce blog. Il a été mon voisin pendant trente ans et je ne l’ai jamais rencontré. Heureusement, les réseaux sociaux ont comblé ce manque. 

Dans nos échanges sur les réseaux sociaux, on met souvent nos crampons. C’est utile, très utile, cela nous permet de ne pas glisser et de garder l’équilibre sur le terrain. Parfois, on en oublie sa véritable fonction et on a tendance à tacler et à faire mal à l’autre. La métaphore continue avec ce très beau texte écrit par Abdelhamid Niati.

Ne pas perdre l'équilibre, ne pas perdre le contrôle de soi. Ici, Vincenzo Montella après avoir marqué un but

Ne pas perdre l’équilibre, ne pas perdre le contrôle de soi. Ici, Vincenzo Montella après avoir marqué un but

« Crampons, pelouse et chants à la gloire d’une ville, d’un homme, d’une histoire, le tout dans une arène de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Sommes-nous dans un Colisée reconstitué où se joue sous nos yeux un spectacle d’intelligence collective souvent ignoré mais pourtant regardé par des millions de personnes ?

Nous sommes bien en 2013 et le Colisée en question est un vestige magnifiquement conservé dont  les courbes ont été reproduites dans plusieurs villes du globe afin que des hommes et des femmes souvent considérés comme des gladiateurs puissent donner un spectacle durant 90 minutes voire plus si prolongations.

gommer-son-egoSamedi, en compagnie de trois amis, j’avance avec certitude et courage, le pas dur et froid, les poings serrés quasiment serrés jusqu’au sang, dans l’antre où se jouera une bonne partie de l’avenir de mes sentiments envers 11 bonshommes mais également ma fierté et mon honneur. Un regard droit devant en direction du rectangle vert, puis un autre circulaire pour m’imprégner de l’atmosphère de l’arène. Mon ouïe ne me joue pas de vilains tours et à l’unisson nous chantons la gloire des hommes qui font l’histoire de ce club. Des hommes qui ont 90 minutes pour remporter la bataille avec un droit à l’erreur réduit au minimum pour éviter que le pouce du public ne s’abatte sur leurs têtes. Les mêmes ont mis un masque dans les vestiaires afin de cacher leurs émotions car ils connaissent la sanction du pouce et la descente aux enfers qui les guettent s’ils ne remportent pas la victoire. Ainsi le jeu se met en place progressivement car de nouveaux venus sont de la partie dans notre camp et dans l’autre. Chaque joueur devra composer avec les facteurs suivants : coéquipiers, public, adversaires, climat et arbitrage. 11 joueurs donc autant d’individualités avec une mission pour chacun à savoir gommer son égo et mettre son talent au service du collectif. Le collectif n’étant pas un tout indivisible mais la somme de plusieurs richesses dont certaines mettront du temps à briller afin de s’intégrer parfaitement au joyau footballistique. Mais s’intégrer n’est pas chose aisée si le collectif vous rejette alors il appartient à cette même entité de prendre conscience du potentiel du nouvel arrivé. Les passes s’enchainent avec une fluidité croissante entre chaque joueur, avec les filets adverses pour seul et unique objectif. Cette fluidité n’est pas sans risque car le ballon est convoité, non pas par 11 mais par 22 joueurs et les hommes commencent à tomber sous les coups de l’adversaire avec pour seul soutien le douzième homme à savoir nous le public, les supporters, parfois ingrats, parfois injustes, nous sommes le pouce autoritaire. Mais notre soutien a pour socle notre fierté territoriale et historique. Alors nous chantons et nous poussons nos champions à l’exploit. Le groupe Queen chantait « We Will Rock You » à travers la voix de son leader aujourd’hui disparu : Freddy Mercury. Cette chanson a été écrite à un moment où le public devenait partie intégrante du groupe et son rythme percutant aux accents guerriers est repris dans tous les stades du monde.

Mettez vos crampons !

Mettez vos crampons !

Comme des abeilles au sein d’une même ruche mais composée de différentes espèces et venant de ruches éloignées, ces hommes qui ont intégré les autres personnalités  au sein du tout, vont aller de l’avant et tout mettre en jeu jusqu’à leur santé afin que l’objectif fixé initialement soit atteint. 90 minutes, soit 1h30 de soutiens réciproques et de félicitations qui le sont tout autant lorsque le geste répété à l’entraînement fait mouche. Certains gestes portent les noms de certains de ces hommes car ils l’ont utilisé pour la première fois en public, souvent par instinct, souvent pour tromper l’autre. Autant d’exploits salués par le public et dont la paternité est fixée à un instant T. A chaque repli de mon équipe, mon rythme cardiaque s’accélère, mes cris laissent place au silence et ma rage du début à l’inquiétude. A l’inverse comme une marée montante mes « ola » accompagnent l’avancée de mon équipe vers le but adverse. Tous mes efforts ont été récompensés par une victoire et à la fin du match, les joueurs des 2 équipes se saluent et s’échangent leurs maillots. Le soulagement est grand et le douzième homme fait corps avec ses champions. La tension redescend et la joie est grande. Les adversaires vaincus saluant également leurs supporters pour les encouragements, s’intègrent parfaitement au jeu de l’intelligence collectif. Ils en ont même été les artisans en poussant nos joueurs à resserrer les rangs et à déployer le jeu afin de conquérir la victoire.

A la fin du match les masques tombent et le soulagement est collectif. D’un côté seulement car de l’autre la déception est également collective. Merci donc à ces 22 hommes qui me laissent rentrer le cœur rempli de joie et de fierté. Le cœur léger, le temps d’une soirée, les individualités du collectif ont décroché la victoire.

Et vous, seriez-vous prêts à intégrer une nouvelle individualité pour vous permettre d’atteindre le but fixé ?

Avez-vous des exemples d’intelligence collective au quotidien ? »

 


Abdelhamid Niati

Sur son blog, Abdelhamid a écrit : "ici, je vous amène à la réflexion !" Suivons-le pas à pas dans son cheminement. http://monencre.wordpress.com/

4 commentaires

GHAZZAL · 16 octobre 2013 à 8 h 18 min

Bonjour Abdelhamid et Denis,

Abdelhamid le foot-ball est le meilleur exemple qu’on peut choisir pour parler de l’intelligence collective, il y a du travail de groupe, compétition, coopération, des émotions et de l’enthousiasme. Du coup le lecteur trouve du plaisir à lire l’article et comprendre le message.

D’après ce que je constate chaque jour, le monde des réseaux sociaux et du Community Management souffre d’un égocentrisme horrible ce qui me pousse à dire qu’on a besoin du temps pour comprendre la notion de l’intelligence collective. (ça rejoint un peu la notion philosophique de états de Moi).

Bravo pour cet article Abdelhamid, et Merci au propriétaire du Blog pour ce partage.

    Abdelhamid Niati · 16 octobre 2013 à 10 h 13 min

    Bonjour Abdelmoujib,

    Merci pour ce compliment. L’ intelligence collective est justement au coeur d’ une réflexion en ce moment et fera l’ objet d’ une interview avec l’ un des spécialistes en la matière.

Eric · 14 octobre 2013 à 12 h 35 min

Joli. Entre autres bons moments de cette lecture j’ai noté une belle expression  » les individualités du collectif » Ce que j’appelle l’organisme en mode « JeNous » notamment utile en mode projet dans les réseaux sociaux numérisés. Encore une fois bravo pour cet article que je partage.

    Abdelhamid Niati · 14 octobre 2013 à 13 h 33 min

    Merci Eric. Le « Jenous » est une belle formule je trouve. Peut-être le sujet d’un futur blogstorming.

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