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J’ai vécu plusieurs années dans le Nord, dans une petite ville à côté de Lille. J’avais des voisins charmants, au fil du temps, nous avons commencé à sympathiser et à mieux nous connaitre. C’est ainsi que j’ai découvert Guillaume Dufrénoy. Lors d’une soirée, il m’a raconté les grandes étapes de sa vie et m’a surtout fait partager sa passion de l’écriture. Je vous invite à le découvrir aujourd’hui en lisant cette interview réalisée à distance Lille-Montpellier !

– Bonjour Guillaume, mon cher ex-voisin, peux-tu te présenter et résumer ton parcours ?

Eh bien, bonjour Cécile ! Tout d’abord je tiens à te dire que je suis toujours flatté quand on s’intéresse à ce que je fais ! Je suis né à Lille en 1968, je suis le troisième d’une famille de cinq enfants, quatre garçons  et une fille. Nous habitions à Bersée, à 25 km au sud-est de Lille, à la campagne. Mon père travaillait chez Agfa-Gevaert, une usine de fabrication de papier photo. Ma mère s’occupait de nous à plein temps. Ils étaient engagés dans la vie de la paroisse (catéchèse, chorale, pèlerinage de Lourdes…), et à huit ans je suis devenu enfant de chœur. Comme personne ne voulait faire les lectures à la messe de huit heures, je m’y suis attelé. Je devais avoir 10 ans et beaucoup me félicitaient pour la ferveur dont je faisais preuve alors…

J’ai poursuivi mon petit bonhomme de chemin, m’investissant à mon tour dans la catéchèse et les groupes d’étude biblique. Entre temps, je passais de Dorothée et Carlos à AC/DC, Kiss et Iron Maiden ; de la bibliothèque verte et rose à la littérature d’épouvante. Je découvrais une autre vision de la vie que j’estimais, quant à moi, complémentaire. Surtout quand j’ai appris que Bon Scott, peu de temps après avoir chanté « Highway to hell » était mort. J’y voyais, en effet, une métaphore illustrant que la haine (le chemin de l’enfer en quelque sorte) ne pouvait mener qu’à la mort, alors que l’amour conduisait à la vie…

Je nourrissais l’idée de devenir prêtre et, ne me sentant pas attiré par les filles, je n’avais pas de petite amie. Je n’aimais pas le football et, de ce fait, je m’excluais quelque peu de la « vie sociale » du village. Un club de karaté s’est ouvert à Bersée et mes frères et moi nous sommes inscrits. J’aimais beaucoup ce sport, mais plus dans son aspect kata que combat. Une manière d’harmoniser le corps et l’esprit !

Du hard-rock à la théologie en passant par la muscu…

A 16 ans, je me suis inscrit au « Service Diocésain des Vocations » (qui a changé de nom depuis), et dans lequel des jeunes, garçons ou filles, se sentant appelés par l’église, se retrouvent pour approfondir la question. En 1988, bac en poche, je suis entré au séminaire, pensant réaliser mes rêves d’enfant. Mais je suis tombé de haut, on me reprochait la musique que j’écoutais, les livres que je lisais, le sport que je pratiquais. Car, pour eux, le hard-rock était satanique et, si je faisais du karaté, c’était parce que j’étais un loubard ! Pourtant j’étais bien là, voulant offrir ma vie à celui  qui m’avait offert la sienne. Par contre, on m’admirait en tant que théologien, philosophe et liturgiste ! Mais ces deux facettes de ma personnalité sont bel et bien indissociables, je ne pouvais pas changer pour entrer dans le moule. J’ai donc quitté le séminaire en 1992, mais j’ai continué « ma vie d’église » lisant à la messe et animant des groupes de pastorale, d’étude biblique où l’on m’acceptait comme j’étais.

Le club de karaté avait fermé et je n’avais pas envie d’aller loin pour en faire. Or, un de mes frères était professeur de musculation dans une salle à 8 km de chez nous. Je m’y suis inscrit et j’ai tout de suite été séduit. A tel point que, quand mon frère est parti à l’armée, on m’a demandé de le remplacer. J’ai donc été professeur de musculation et fitness jusqu’en 1997. Mais si je voulais en faire mon métier à long terme, je devais passer un brevet d’état et je pensais ne pas avoir le niveau. Je me suis donc réorienté…

Je suis devenu Permanent de l’Action Catholique des Enfants, un emploi à mi-temps qui me convenait bien. Mais avec l’évolution de la conjoncture, ce ne fut plus suffisant. J’ai postulé à la SNCF et j’ai été retenu ! Entré en 1999, j’ai rencontré ma future femme en gare de Lille Flandres en 2004, nous nous sommes mariés en 2005 et avons eu un fils en 2006. En 2009 je publiais mon premier recueil de poèmes « Mes états d’âme d’hier et d’aujourd’hui ». Je continue la musculation, mais je fais en plus du running, du cyclisme et de la natation, je fais entre 8 et 12 h de sport par semaine, suivant le poste que j’occupe, car je travaille en 3×8. Me voilà comblé et plein de projets !

– Comment en es-tu arrivé à écrire ce premier recueil « Mes états d’âme d’hier et d’aujourd’hui » ?

De façon assez indirecte, je dois dire… Je ne sais plus depuis combien de temps j’écris, en primaire, j’avais toujours le prix de poésie. Je n’avais pas besoin de me forcer pour les apprendre, j’aimais ça, j’en apprenais même plus qu’on ne m’en demandait. Mais je n’en écrivais pas alors. Par contre, je faisais des petites bandes dessinées que je lisais à ma mère le soir, je n’avais pas dix ans ! Mon premier personnage, très inspiré de Zorro, s’appelait Zeppi… C’était un justicier masqué qui signait son nom à la pointe de son épée. Bref, l’inspiration était évidente. Puis les mangas japonais ont déboulé et je me suis inspiré d’Albator pour mes autres histoires.

Au collège, nous devions faire des fiches de lecture, j’aimais ça et, encore une fois, j’en faisais plus qu’il ne m’était demandé. J’ai commencé à écrire des poèmes et je me faisais des rédactions pour moi, mais je n’ai pas conservé ces textes, je crois que j’aurais dû ! C’est en 1986, alors que j’allais avoir 18 ans que mon professeur de français, un homme passionné, nous a demandé d’écrire un poème en nous inspirant du livre de Francis Ponge, « Le parti pris des choses ». J’en ai écrit un, puis deux, trois… Ils constituent la première partie de mon recueil. Plus tard dans l’année, il nous a demandé d’écrire la première page d’un roman et d’expliquer ensuite pourquoi ce style, pourquoi cette histoire… Mon devoir l’a enchanté et quand j’ai quitté le lycée, il m’a dit : « S’il vous plaît, M. Dufrénoy, continuez d’écrire » ! Mais le virus était lancé, j’avais écrit une douzaine de poèmes et trois nouvelles. La première tenait sur une feuille grand format à petits carreaux, plus tard, en la retravaillant, je l’ai appelée « Là, chez les loups », en clin d’œil à l’album de Dio, groupe de heavy metal, intitulé « Lock up the wolves » (Lâchez les loups).

Je suis alors entré au séminaire, mes écrits étaient d’un autre ordre : devoirs de philosophie, théologie ou autres, textes pour les prières, articles pour notre journal et une page de bande dessinée et quelques croquis pour ce même journal. J’ai quand même pu écrire quinze poèmes et huit nouvelles. « Là, chez les loups » faisait désormais une dizaine de pages manuscrites.

Après le séminaire, plutôt déboussolé, j’ai claudiqué un peu sur le chemin de la vie. En 1994, soit deux ans plus tard, j’ai connu mon premier amour, véritable muse, elle m’a inspiré 248 poèmes sur un an et demi. Tandis que « Là, chez les loups » devenait roman… Ma première petite amie m’a quitté, j’en ai trouvé une autre, quelque peu possessive. Elle a voulu que je me débarrasse des poèmes écrits pour « l’autre », je l’aimais, je l’ai écouté, je les ai jetés, elle m’a jeté !

L’édition n’est pas un long fleuve tranquille !

A nouveau seul, je me suis recentré sur l’écriture et en 1998, j’ai essayé de publier mon roman « Là, chez les loups », mais les 17 éditeurs que j’ai contactés m’ont répondu par la négative. J’ai repris mon manuscrit, me disant que si l’histoire était intéressante, les personnages n’avaient aucune substance et le style était bien trop gore. Je l’ai rebaptisé « Le testament des ténèbres », trouvant que ça collait mieux à cette nouvelle version. Plusieurs nouvelles et idées de nouvelles s’organisaient dans trois recueils que j’intitulais : « Chroniques de l’au-delà », « Chroniques sanglantes », « Chroniques d’ombres », mon style se posait bien dans le genre épouvante. En parallèle des poèmes s’accumulaient dans mes dossiers.

Quand je suis entré à la SNCF, j’ai dû apprendre des tonnes de règlements et, tout de suite, je me suis orienté vers les examens de promotion interne. De 1999 à 2006, j’ai énormément planché sur les règlements et ma production littéraire s’en trouvait fortement ralentie. Pourtant, « Le testament des ténèbres » était devenu « Derrière le voile des ténèbres » et j’avais de nouvelles idées pour des textes s’orientant vers le fantastique et l’anticipation. C’est en 2008 qu’écrivant un nouveau poème, je me suis dis « pourquoi pas les publier » ? Jusqu’alors je les trouvais trop personnels, mais finalement, c’est ça qui fait la poésie ! Je me suis relancé à la recherche d’un éditeur. Les grandes maisons comme Flammarion, Gallimard, Albin Michel et même Hachette m’ont dit non. Mais avec Internet, de nouvelles portes s’ouvraient à moi, comme l’autoédition et des maisons à petit budget mais auxquelles on pouvait envoyer un dossier informatique, évitant ainsi le passage par le papier. L’autoédition me rendait hésitant, parce qu’il s’agit d’un véritable océan dans lequel il est difficile de se faire remarquer. Quant aux petites maisons, elles demandaient des frais de maquette exorbitants, allant de 1500 à 5000 euros ! L’un des moins chers, « La société des écrivains » me demandait 2380 euros payable en trois fois. Je ne voulais pas mettre une telle somme en jeu, mais ils m’ont appelé pour me dire qu’il s’agissait d’un très bon travail et qu’il serait dommage de ne pas sauter le pas. Ils me proposaient une ristourne de 200 euros et un paiement en huit fois. Je ne m’y connaissais guère en édition et finalement j’ai accepté. Mon livre était publié ! Pour le moment, j’ai récupéré 54 % de mon investissement avec un peu plus de deux cents livres vendus. On commence à parler de mon recueil, j’ai fait plusieurs séances de dédicaces et je suis intervenu dans un groupe d’aumônerie dont le thème de l’année était le regard sur les choses, c’est-à-dire le premier chapitre du livre ! Je sais que je suis lu dans le Nord-Pas-de-Calais, mais j’ai appris que j’étais lu à Perpignan, Ajaccio et… Montpellier ! Également à St Ghislain en Belgique.

– As-tu des projets en cours ?

Oh là, oui ! J’ai énormément de projets. Tout d’abord un second livre de poésies, j’en suis à 80 pages A4 pour le moment, je voudrais arriver à 180 pages, pour avoir un livre à peu près équivalent au précédent.

Ensuite, mes recueils de nouvelles, pour lesquels j’ai changé le titre. Elles s’appellent désormais « Les dossiers secrets de l’abbé Denis » et se déclineraient en 7 livres pour le moment, contenant chacun 5 à 7 nouvelles pour faire environ 90 pages A4, soit 180 environ au format livre. En fait, l’abbé Denis apparaissait dans une nouvelle écrite entre 1988 et 1992. Il s’agit d’un vieux prêtre, ancien exorciste et peu « orthodoxe » qui s’est finalement « glissé » dans plusieurs autres nouvelles. Du coup, j’ai eu l’idée de présenter mes nouvelles dans un style épistolaire, composé des dossiers « secrets » de ce prêtre. Le premier livre « Histoires étranges » est terminé, je cherche un éditeur. Il est plus orienté fantastique et anticipation. Le second livre « Histoires de Goules, pactes et revenants » est en cours de relecture, il est orienté épouvante et fantastique. Le troisième livre « Histoire de démons et sorciers » est presque terminé, c’est de l’épouvante et l’abbé Denis y a la part belle ! Le livre quatre « Histoires de Vampires » parle… de vampires, mais à la sauce Bram Stoker et Anne Rice. Deux nouvelles sont écrites, deux autres sont ébauchées… Le livre cinq « Histoire de sexe et d’au-delà » contiendra des nouvelles d’épouvante érotiques, deux nouvelles sont ébauchées… Le livre six « Histoires surréalistes », orienté fantastique, comprendra des nouvelles « bizarres » dont cinq sont ébauchées. Le dernier, pour le moment, « Histoires de maisons hantées » parle… de maisons hantées ! Trois nouvelles sont ébauchées.

Poésies, romans, nouvelles et… réseaux sociaux !

J’aimerais boucler les trois premiers livres puis me replonger sur les romans. « Derrière le voile des ténèbres » doit être retravaillé, mais avant ça, je souhaiterais terminer un roman commencé dans les années 90 et appelé alors « Apocalyptique », mais ce nom va changer. Dans le genre fantastique, un jeune séminariste (et oui…) trouve un livre codé. Curieux, il essaye de le décrypter. Y parvenant, il découvre d’étranges vérités. Des démons se sont ligués pour plonger le monde dans le chaos et seul celui qui peut lire ce livre, peut les combattre !

Ensuite, « Derrière le voile des ténèbres », qui relate à sa façon la naissance des loups-garous. Puis un troisième roman, un roman noir d’anticipation… Pour le moment il s’appelle « La voix des paradoxes ». Dans les années 70, alors que Hitler, ayant gagné la guerre, a fait du monde un véritable charnier dans lequel Juifs, communistes, romanichels, homosexuels et malades mentaux ont été soit disant éradiqués, une lesbienne vivant en recluse, essaye de survivre… Et quelques ébauches dont je ne vous donnerais que les titres : Frères de sang (loups-garous et vampires), Ambrosius (science-fiction), Le syndrome de Superman (fantastique), Alkana (épouvante)…

Encore bien des heures de travail ! Pour avoir un petit aperçu de ce que j’écris, on peu me retrouver sur Facebook soit sur mon profil Guillaume Dufrénoy, soit sur mes pages Guillaume Dufrénoy voyageur des rêves, L’actualité littéraire de Guillaume Dufrénoy, Abbé Denis.
J’ai également un blog sur Skyrock, metamorphis.skyrock.com, mais sur lequel je ne suis plus trop actif.
Mon recueil est disponible sur amazon, chapitre.com, la société des écrivains, auprès de moi, sachant que dans ce cas, je peux le dédicacer…

J’espère susciter l’envie de me lire et, pourquoi pas, de m’éditer !

Guillaume, je n’ai qu’un mot à t’écrire : merci de nous avoir fait partager ton parcours et ta passion de l’écriture, tu nous as permis d’avoir un autre regard sur les auteurs… A bientôt dans le Nord ou le Midi si ton chemin t’amène jusqu’ici !

Cécile Courtais

 


10 commentaires

Guillaume Dufrénoy · 5 février 2012 à 18 h 52 min

Le premier livre des dossiers secrets de l’abbé Denis est parti en quête d’un éditeur…

Cécile Courtais · 19 janvier 2012 à 7 h 49 min

Bonjour Yano, vous pouvez vous aussi contribuer à Otograff, il vous suffit d’aller sur le site : http://www.otograff.com et de créer un compte contributeur, ensuite, laissez vous guider !

yano · 19 janvier 2012 à 0 h 51 min

Très bel artice. Bravo Guillaume

je voudrais aussi contribuer à Otograff. Est -ce possible? je suis poétesse….

Cécile Courtais · 17 janvier 2012 à 10 h 54 min

J’avais oublié un détail qui a son importance : Guillaume a contribué à Otograff :
http://www.otograff.com/publier-le-magazine
Rubrique société, vous y trouverez 2 de ses poèmes, bonne découverte !

Cécile Courtais · 16 janvier 2012 à 10 h 10 min

Bonjour Pascale, merci pour vos compliments ! Effectivement le parcours de Guillaume est très riche et surtout étonnant. Je me souviens qu’il m’a raconté tout cela lors d’un apéro entre voisins, pour faire un peu mieux connaissance. C’était il y a bien longtemps mais nous avons gardé contact, un petit mail pour la nouvelle année, des nouvelles des enfants, etc. Et j’ai tout naturellement pensé à lui lorsque j’ai commencé à écrire pour More Than Words ! N’hésitez pas à commander son recueil de poésies !

Pascale MADELEINE · 16 janvier 2012 à 9 h 18 min

Quel parcours Guillaume ! Presque un sujet de roman…
Très bel article, très intéressant et bien construit… Bravo à Cécile Courtais !

Cécile Courtais · 15 janvier 2012 à 13 h 30 min

Hello Guillaume, et merci pour ton commentaire ! Je suis très heureuse que cet article te plaise et nous allons nous atteler à le diffuser pour entre autre, trouver des éditeurs ! Bon dimanche sous le soleil de Lomme…

Guillaume Dufrénoy · 14 janvier 2012 à 17 h 59 min

C’est vraiment intéressant de se lire dans les yeux des autres !
Merci pour cet article qui contribue à me donner une autre dimension !
Les passages en gras sont judicieux, ainsi que les « titres » qui coupent l’article sans le « trahir ». Un très beau travail de restitution.
Je suis honoré !

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