L’écran est mon cadre et depuis que je peux aussi m’y promener sur le bout des doigts, je n’ai plus eu envie de le quitter. Le digital m’a ouvert de nouveaux horizons. Je m’y sens bien, comme un poisson dans l’eau ou un singe dans les arbres. C’est mon élément naturel, celui qui me permet de m’exprimer avec mes qualités et mes meilleurs mots.
C’est sur ce cadre, qu’un beau jour, j’ai reçu un message me demandant de sortir de mon écran. Imprudemment, me dis-je, j’ai accepté. Incroyablement, je pense, j’ai aimé. Curieusement, j’ai recommencé. C’était sur une île, le lieu idéal pour mettre en scène de belles histoires. L’île Sainte-Marguerite, un petit coin de paradis en ligne de mire quand vous êtes sur la fameuse Croisette à Cannes.
Storytelling
C’était le spot rêvé pour faire du storytelling en été. Mission accomplie avec 5 ateliers dans les cantines du Fort royal, une interview radio sur la terrasse au-dessus de la prison du Masque de Fer et de belles rencontres qui sont allés au-delà du barbecue nocturne sur les remparts.
On me repérait facilement avec mon tee-shirt blanc flanqué d’un Mickey. Un costume qui marquait mon identité de storyteller éduquée dans le royaume magique de Disney. J’étais un apprenti de Fantasia. Car, et c’est ainsi que je commençais chaque atelier, Walt Disney disait :
« Je suis un Storyteller.
De toutes les choses que j’ai faites,
je voudrais qu’on se souvienne de moi
en tant que Storyteller ! »
L’habit fait le storyteller. Deux mois plus tard, j’ai dû me rhabiller. En novembre, il fait plus froid et chaque lieu exige un costume différent. C’est ce que l’on apprend quand on travaille à Disneyland.
Le matin, on passe d’abord par le costuming. On y prend ses habits de travail. Si vous travaillez dans le pays du Far west, vous serez un cow-boy, si vous travaillez dans le pays de l’aventure, vous pourriez être un pirate, mais il n’est pas question qu’un pirate se retrouve sur le bateau à vapeur inspiré des histoires de Mark Twain. Ou qu’un cow-boy se retrouve sur le bateau du Capitaine Crochet. A chacun son bateau, à chacun son époque, à chacun son histoire.
Je passe de l’île Sainte-Marguerite au Parc Phoenix à Nice. Là aussi, le lieu est évocateur avec ses milliers de plantes et d’animaux. Mais je suis dans l’auditorium pour une table ronde avec d’autres experts du branding, naming et storytelling. Si j’étais intervenu au milieu des plantes, une tenue de jardinier aurait été appropriée, mais pas là avec un micro à la main. J’ai fait dans le traditionnel une chemise, une veste et sans cravate. Je ne cherchais pas non plus à me démarquer, mais à me fondre avec les autres pour leur ressembler, pour sembler moi aussi un spécialiste du marketing.
The Story Show
L’année 2019 se termine en apothéose avec l’acteur et metteur en scène de théâtre Fred Levert rencontré 3 mois plus tôt dans une cantine du Fort royal. Il avait assisté à l’un de mes ateliers sur le storytelling. On a lancé « The Story Show », « The » pour théâtre et « story » pour storytelling. Une salle pleine à craquer pour une conférence transformée en spectacle qui a maqué les mémoires.
C’était le grand saut pour moi. Je ne suis pas sorti simplement de mon cadre, j’ai éclaté mon écran digital. Je suis passé des doigts qui filent sur mon iPad aux pieds qui foulent une scène. L’année qui allait suivre annonçait alors une foule d’événements. Une intervention sur le storytelling dans une journée avec des spécialistes en horticulture, la mise en scène d’un récit pour raconter le tourisme vert du futur à travers la vie du fondateur d’une association, le deuxième épisode de « The Story Show ». Alors, je me dis qu’il faut refaire ma garde-robe. Je ne pouvais pas me contenter de quelques chemises, d’un tee-shirt de Mickey et de la veste du mariage de mon cousin.
A quelques semaines de mon anniversaire, le 21 mars, je décide de m’offrir une veste. Elle sera mon costume officiel pour mes interventions en 2020.
Mais voilà, vous connaissez tous la suite de cette aventure. Je reçois ma veste et on me prévient que l’évènement sur l’horticulture est annulé. J’avais préparé mon intervention et j’avais aussi imprimé des cartes de visite sur le thème de cet événement. Quelques jours plus tard, on décide de reporter le spectacle intitulé « Veux-tu m’accompagner ? » pour l’association DEFISMED prévu en mai. Il sera de nouveau reporté quelques mois plus tard, puis en 2021.
Mais je n’abandonne pas. Je me dis que j’ai énormément à apporter aux autres. Car dans ce nouveau monde qu’on appelle confinement, on a redécouvert les vertus du digital avec le télé-travail, le « click and collect », les réunions à distance, les webinaires, etc.. Oui, mais voilà, dans le monde professionnel, beaucoup ne maîtrisent pas encore les outils des nouvelles technologies et les méthodes à employer.
Rédaction web
Comment se fait-il qu’en 2020, par exemple, on ne sache pas encore écrire sur et pour les réseaux sociaux ? Est-ce un sujet qui n’intéresse personne ? Si tout le monde s’en fout, c’est plutôt inquiétant. Car le règne du digital ne fait que commencer.
Alors, je quitte mon bureau, je vais ouvrir la porte du dressing et je sors ma veste. Elle sera mon costume pour un atelier professionnel sur la rédaction web. C’est décidé. J’ai 25 ans d’expérience avec des milliers de textes écrits et publiés sur le web. Je sais énormément de choses à ce sujet, j’ai envie de les expliquer en dehors du cadre strict de mes articles et restreint d’un écran, les raconter, les transmettre. Alors on prévoit de l’organiser le 19 novembre au Village by CA à Sophia Antipolis. Patatras, le Président de la république prend la parole derrière une caméra, et je prends une nouvelle veste. On reporte alors la formation au 14 décembre.
Que se passera-t-il ? Je me demande qui aura le courage ou l’inconscience de se déplacer pour m’écouter. Le virus est toujours là et il circule. On est tous prudents et c’est normal, même indispensable. Qui viendra le 14 décembre 2020 ? Ou qui préfèrera attendre ?
Le web n’existe pas sans les mots, encore faut-il savoir les utiliser pour en exploiter le vrai potentiel. Les mots ont des pouvoirs extraordinaires et ils sont même décuplés dans le monde digital.
Une formation sur la rédaction web, je trouve ça vraiment utile. Et puis, si vous venez, vous verrez ma veste. J’espère qu’elle vous plaira.
Avant même l’annulation de tous ces événements en public, j’avais pris une veste. Puis à chaque report, j’ai pris une autre veste, métaphoriquement parlant.
Storyteller
Cette veste serait-elle envoûtée ? Serait-elle l’oiseau de mauvais augure ? Porterait-elle malheur ? Non, je n’y crois pas un seul instant. Ou plutôt, même si cela devait être le cas, j’ai la ferme conviction que les sorts ne sont pas irréversibles. C’est bien là l’une des forces du storyteller, savoir mettre en scène des éléments pour leur donner leur place. La veste n’est qu’un accessoire qui nous aide à comprendre une réalité plus grande. J’ai pris une veste, mais je ne rends pas mon tablier.
Le storyteller a un don, celui de lier entre elles les coïncidences. Et ma nouvelle veste, qui n’a jamais quitté mon appartement depuis le 14 mars 2020, est devenue le symbole des abandons, des échecs, des résignations, de toutes ces rencontres en public qui n’auront jamais lieu. J’ai pris une veste et j’ai pris des vestes.
Pourtant l’histoire ne se termine pas là. Car dans tout storytelling, il y a des rebondissements. Si au moment d’écrire cet article, je ne les connais pas encore, je me dis que je dois avoir le courage de persévérer. Je deviendrai alors un héros. Le héros de ma propre histoire, un héros dans mon métier… avec ma veste, comme la cape de superman.
Une dernière chose, d’après vous, de quelle couleur est-elle ?
À suivre…
2 commentaires
Rose · 27 janvier 2021 à 23 h 19 min
Et presque 3 mois plus tard….je tombe sur vous (ou plutôt votre blog) et cet article m’attire. A la lecture, votre plume est si limpide et pourtant captivante. Un mélange de réalisme mais le sentiment positif et optimiste reste prégnant. J’ai lu l’article jusqu’au bout, mes yeux scotchés à l’écran n’arrivaient plus à s’en détourner et faisaient défiler les lignes.
Que passent ces nuages charriés par le covid-19 afin que vous puissiez ressortir cette jolie veste qui n’a demande qu’à sillonner les chemins et passer dans des lieux.
Merci à vous, you are a great storyteller.
RZ
Denis Gentile · 1 février 2021 à 14 h 58 min
Bonjour Rose, merci pour ce commentaire. On a pris l’habitude de commenter sur les réseaux sociaux et moins sur les blogs. C’est dommage et c’est la raison pour laquelle, vos mots ont une plus grande valeur ici. Dans mes formations, j’explique qu’il est important de ne jamais bailler quand on écrit, car cela se ressentirait dans nos textes et que le lecteur par mimétisme finirait par s’endormir. Il faut y mettre de la passion des sentiments, de la vie et un peu aussi de bonne humeur. La récompense pour l’auteur, ce sont les commentaires comme le vôtre. A bientôt à la croisée de nouveaux mots.