Chapitre 1 :
« Veux-tu m’accompagner ? »
J’ai écrit cette histoire pour une association dont le but est d’inciter à un tourisme vertueux. Qu’est-ce que le tourisme vertueux ? C’est ce que j’essaie de raconter à travers l’histoire d’un enfant rencontré sur une plage. Vous avez été nombreux à réagir et j’ai regroupé vos réactions dans cette infographie. Merci à vous tous et à toutes les personnes qui prendront du temps pour lire ce récit. Mais aussi le deuxième chapitre qui s’inspire des épreuves que nous vivons depuis mars 2020.
Je me balade avec mon chien sur la Croisette, je passe derrière le palais des festivals. La lune, presque pleine, illumine l’horizon sur la Méditerranée. Je devine la silhouette d’un enfant sur la plage. Il regarde avec insistance le ciel. Je continue mon chemin et me dirige vers le port pour admirer les paquebots des millionnaires amarrés au quai. Personne à bord, ils ont tous déserté, alors je reviens sur mes pas. L’enfant est toujours là, accroupi et regardant inlassablement dans la même direction. Je détache la laisse de mon jeune cocker pour qu’il se dégourdisse librement les pattes et je m’approche doucement de l’enfant. Je lui demande en chuchotant :
- Que regardes-tu ? Que cherches-tu ?
Il me répond en esquissant un sourire :
- La lune est si lumineuse ce soir que je croyais pouvoir apercevoir ce trou dans le ciel dont tout le monde parle.
- Ah oui, le trou dans l’ozone, c’est ça ?
Il esquive légèrement ma question :
- Tu sais, j’ai parfois du mal à respirer et on m’a dit que c’est parce que le bon air s’échappe dans l’espace, il y a un trou là-haut et il se faufile dedans. Alors, si je le vois, je pourrais voler jusqu’à lui pour le réparer. J’ai eu cette idée ce matin en faisant du vélo. J’ai roulé sur un clou et la roue avant s’est dégonflée.
- Exactement comme les gens aujourd’hui, hein tu crois pas ? J’ai vraiment l’impression qu’ils se dégonflent.
- Oui, mais toi, n’es-tu pas l’un de ces gens ? Sa réponse fuse comme une claque sur le visage.
- Tu as raison, les gens c’est moi, c’est toi et tous les autres.
Il se lève et me demande naïvement :
- Comment crois-tu qu’on puisse voir ce trou ? T’as pas une idée ? Regarde, j’ai pris cette rustine, après avoir rebouché mon pneu, il m’en restait encore une, ça pourrait marcher.
Je me mets à genoux pour être à sa hauteur et je tente fébrilement de lui apporter une réponse :
- Heu, je crois qu’on n’a pas besoin d’aller là-bas.
- Comment ça ? s’offusque-t-il !
- Ce que je veux dire c’est qu’on pourrait peut-être le réparer en restant sur Terre.
- En fabriquant un pinceau géant et en y mettant de la colle au bout !
Ce n’était pas une question, mais l’illumination d’un enfant convaincu.
- Non, on ne va pas fabriquer un pinceau géant, ni rien d’extravagant. Tu sais, c’est en fabriquant trop de choses qu’on a percé le ciel. J’ai un ami, il s’appelle Eric, qui me dit souvent ça en me racontant son enfance :
« Denis, j’ai grandi à Pantin. Pendant 14 ans, j’ai vécu heureux dans un 40 m2 sans confort, il n’y avait pas de salle de bains et les w.c. étaient en commun sur un palier de l’immeuble. Mais mon frère et moi ressentions toujours la chaleur humaine et l’amour de nos parents. C’est là qu’est née ma prise de conscience que l’on peut vivre bien, sans excès matériel et dans une sobriété de consommation. »
- Elle est jolie cette expression « une sobriété de consommation ».
Mon cocker, fatigué par ses courses folles, nous a rejoints et nous regarde la tête à l’envers, les oreilles dans le sable.
- Vous allez me suivre longtemps avec votre maudit clébard ?
- On a l’habitude de venir ici certains soirs, la plage est à tout le monde, non ?
- C’est où Pantin ? C’est bizarre comme nom pour une ville, ça veut dire marionnette, c’est bien ça monsieur.
- Oui, dis-je en riant de bon cœur, c’est exactement ça et tous ces gens qui ont créé cette situation épouvantable sont semblables à des pantins. On doit réapprendre aujourd’hui à redevenir des êtres humains et tu verras que le trou disparaîtra.
- Faudrait qu’on soit des magiciens.
- Oui, mais de vrais magiciens, car il y a aussi des pantins avec une baguette magique. C’est d’ailleurs une question qui tient à cœur à un autre de mes amis. Il est magicien et s’appelle Alex Si. Il dit que :
« la magie ne se réduit pas au rôle d’un montreur de tours » et qu’il est « révolté » quand il voit des magiciens qui oublient de donner un sens à ce qu’ils font. : « Le magicien a un rôle à jouer. Il doit rappeler aux personnes, qui ont grandi dans une société hautement technologique, des choses que nous risquons dangereusement d’oublier. La magie dit que ce que vous pensez être impossible peut finalement être possible. » Alors tu comprends que ce trou, on va pouvoir le reboucher, même s’il semble qu’on ne puisse pas l’attraper avec nos mains.
- Et Pantin, c’est où ? C’est loin ? Je vois que cet enfant n’oublie jamais une question. Il me rappelle quelqu’un.
- Pantin, c’est près de Paris, en Seine-Saint-Denis. Tu sais, c’est pas comme ici, là-bas le ciel est souvent gris. Moi aussi j’habitais dans la banlieue parisienne. De l’autre côté dans une ville qui s’appelle Ivry-sur-Seine. Je viens d’y passer une semaine et c’est pas joli. On voit bien les dégâts provoqués par la pollution. Il y a beaucoup de traces notamment sur les bâtiments et les devantures des boutiques. Tout est sale, il y a comme des tâches noires et grises, ça ne donne plus envie d’entrer à l’intérieur. Et puis, il y a des travaux partout, ils ajoutent encore du gris, on ne voit plus du tout des couleurs comme le vert et le bleu. C’est aussi pour ça qu’il y a ce trou. Mais bon…Je suspends mon discours pour chercher les mots justes.
- Mais bon quoi ?
- Faut que je sois honnête avec toi, je ne sais même pas s’il existe vraiment ce trou dans le ciel.
- Comment ça !?
Je viens de briser la sérénité de ce moment entre lui et moi. On doit faire attention avec les enfants, on ne doit pas brusquer leur imaginaire. C’est là aussi que se joue le futur du monde.
- Moi, je ne suis pas scientifique et je ne connais ni la définition ni la réalité de ce trou dans l’ozone. Il faudrait leur demander… à eux.
Il se calme un peu, puis revient à la charge :
- Mais toi t’es un adulte, tu pourrais leur poser la question.
- Non pas moi, mais certainement mon ami Eric. Lui, il est comme nous, il ne sait pas ces choses-là, mais il connaît plein de scientifiques et en plus, écoute-moi bien, c’est son métier de leur poser des questions !
- Ah, c’est un métier ça, dit-il incrédule, alors quand je serai grand, je veux faire ça.
- Alors, il faut absolument que tu le rencontres.
- Dis-moi, raconte-moi ce qu’il fait.
- Lui, c’est un peu Candide.
- C’est qui Candide ?
- Candide, c’est le personnage qui donne son titre à un conte de Voltaire, un philosophe français. Tu devrais bientôt l’étudier à l’école. Il nous raconte les aventures de Candide. Pendant son voyage, il découvre plein de catastrophes et à chaque fois il répète « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».
- C’est marrant.
- Eric fait la même chose. Il anime des débats avec les grands scientifiques. Parfois, il leur pose des questions innocentes, un peu naïves, certains vont jusqu’à dire idiotes, mais c’est en y répondant simplement qu’on comprend mieux comment va la planète et ce que l’on peut faire pour préserver la nature. Il a créé « en solo », comme il aime dire, sa société Inexens pour animer des débats publics avec l’appui des collectivités territoriales pour partager les avancées vertigineuses du monde de la science. Mais pendant un an, c’était une vraie galère. D’ailleurs, tu vas voir en grandissant qu’il y a toujours des moments plus difficiles dans la vie avec des obstacles imprévus qui se dressent sur ta route. Tu ne devras jamais te décourager. Tu profiteras aussi parfois d’un coup de pouce du destin. C’est ce qui est arrivé à Eric :
« J’ai dû monter au pied levé une rencontre entre l’écrivain Didier Van Cauwelaert et le neuropsychiatre Boris Cyrulnik à Sainte-Maxime. »
- C’est quoi un « heureux patraque » Denis ?
- (rires) un neu-ro-psy-chia-tre, c’est un docteur qui s’occupe des trucs qu’on a dans la tête.
- Merci, mais c’est difficile à prononcer. Et alors, il s’est passé quoi ? demande-t-il avec une certaine anxiété.
- Un succès fou ! Dans la salle, il y a une dame de la mairie d’Antibes qui le remarque et qui se dit « c’est l’homme qu’il me faut ! » Elle l’engage pour réaliser un évènement dans sa ville. C’est un forum intitulé « Sciences & défis du XXIe siècle » avec des tables rondes pendant 2 jours sur des sujets d’actualité avec des personnalités notoires comme des chercheurs, des Prix Nobel, des philosophes, des journalistes, des artistes. Du coup, il se fait beaucoup d’amis. Aujourd’hui, il exerce ses talents d’animateur dans le cadre du festival du livre de Mouans-Sartoux. Si tu y vas, tu entendras sa voix.
- J’y suis déjà allé, il y a beaucoup de monde et mes parents m’ont acheté mon livre préféré.
- Lequel ?
- C’est l‘histoire d’un ours qui va vivre avec les êtres humains et qui deviendra même leur roi.
- La fameuse invasion des ours en Sicile, c’est aussi un de mes contes préférés. Moi, j’ai vu le dessin animé. D’ailleurs, parfois, on se sent un peu comme un ours au milieu de la foule. Tu dis des choses simples, les autres ont peur et ils s’enfuient. Le talent d’un orateur, c’est justement de conquérir l’attention des gens pour qu’ils restent. Et quand Eric parle, personne n’a peur, personne ne s’en va ! Au contraire, ils ont envie de le rejoindre. Alors, il en profite et décide de lancer une association. Il l’appelle DEFISMED, la contraction de 2 mots : les défis et la Méditerranée :
« C’est pendant la Fête européenne de la science en 2008 au parc Phoenix à Nice que je décide de créer cette association pour rassembler scientifiques et sociétés civiles des deux rives pour relever ensemble le défi écologique. » Et puis…
- Laisse tomber, l’enfant m’interrompt brusquement dans mon élan.
- Laisse tomber quoi ?
- Ce métier, il n’est pas fait pour moi.
- Déjà ! Il y a 5 minutes, tu étais super enthousiaste.
- Ouais, mais tu vois, je suis hyper timide.
- Quoi ! Qui t’a dit cela ? On ne devrait jamais dire à une personne qu’il est timide, encore moins à un enfant. C’est justement un truc à aller voir un neuropsychiatre plus tard. Tu vois, ce sont des situations qui sont parfois intimidantes et il faut un temps d’adaptation pour faire confiance à la personne qui est face à toi. En aucun cas, il ne s’agit d’une raison pour te coller une étiquette avec de la glu. Après, tu ne peux plus la détacher. Les rencontres sont trop importantes dans la vie et si chacune d’elles doit commencer avec de telles remarques, tu vas finir par les détester et vivre isolé. Non, tu n’es pas timide. Et puis je vais te donner un exemple.
- Lequel ?
- Toujours ce bon Eric. Tu sais, c’est un grand timide ! Pourtant…
- Quoi ! Ton ami qui anime des débats devant des personnes plus nombreuses que les fourmis et avec des gens super intelligents ?
- Exact, mais tu vois, au lieu de se laisser enfoncer, il s’est surpassé, c’est le signe d’un caractère sacrément fort.
- C’est quoi son secret ?
- Son enfance, cher enfant. Cela a fait de lui une personne avec l’esprit ouvert et curieux. Ecoute ce qu’il raconte : « Au collège, puis au lycée dans le 9-3, je vis dans un bain multiculturel avec beaucoup d’enfants d’immigrés. Au-delà des conflits, je vais nouer de belles collaborations avec des Méditerranéens dans les loisirs, la gastronomie et le sport. » Tu vois, il a transformé sa timidité en force de caractère pour devenir un cadre respecté et apprécié de tous.
- C’est quoi la force de caractère ?
- C’est la volonté de croire en soi et de ne jamais abandonner.
- Tu peux me raconter une histoire pour m’expliquer ça ?
- Oui, c’est simple, c’est encore l’histoire d’Eric. Je t’ai déjà parlé de cette fête de la science au parc Phoenix. Eh bien, ça n’a pas été du gâteau pour Eric. Je te demande un effort d’imagination, car tu dois faire comme si c’était vraiment lui qui te raconte ce moment :
« Ce projet repose sur mes seuls épaules, le réseau scientifique local ayant accepté de le soutenir mais sans conviction, plutôt hostile au fait que ce soit moi qui le pilote alors que je ne suis pas qualifié scientifiquement. Tout se prépare au parc Phoenix à l’extérieur fin septembre, lorsque la météo annonce un orage pour la fin d’après-midi. C’est une catastrophe. La représentante du réseau m’avertit que si tout s’annule, il m’en sera demandé des comptes personnels. Avec le directeur du parc, nous maintenons tout à l’extérieur sans rien rapatrier dans la serre, de toute façon elle est trop petite. L’orage tombe à quelques kilomètres de là. On l’entend, on le devine au loin, on le sent. Pendant ce temps-là, l’événement est un formidable succès avec près de 2 000 visiteurs festoyant avec les chercheurs. Le directeur verse une larme d’émotion. Moi aussi… »
J’avale ma salive, il y a un moment de silence. Puis, l’enfant poursuit avec sa verve habituelle et l’impatience de son âge.
- Alors oui, je veux faire ce métier. Mais je veux commencer demain, parce que j’ai besoin de savoir si ce trou existe vraiment.
- J’ai bien peur que la réponse soit affirmative, mais le problème c’est de savoir si on peut le voir à l’oeil nu.
- Tu crois que je perds mon temps quand le soir je viens ici en espérant l’apercevoir ?
- Oh non, on ne perd jamais de temps à faire ces choses-là. La philosophie est née comme ça avec des hommes et des femmes qui regardaient le ciel. C’était il y a très longtemps, il vivait dans un lieu magnifique où ils respiraient un air pur et iodé, où ils admiraient un ciel azur et étoilé, des paysages à couper le souffle et une mer cristalline. Ils se sont posé des questions, les mêmes questions qu’Eric pose lors des débats qu’il anime, des questions qui peuvent sembler naïves, mais qui sont fondamentales : « En quoi les choses sont-elles faites ? Y a-t-il de l’ordre dans les choses ? Y a-t-il du mouvement dans les choses ? » On nomme cette période… l’enfance de l’intelligence.
- Alors moi aussi je veux étudier ça.
- En l’étudiant, tu apprendras aussi qu’on a du mal à considérer ce que l’on ne voit pas. Alors quand tu auras vu ce trou dans le ciel, tu pourras le montrer aux autres et raconter ton expérience. Mais attention…
- Attention quoi ?
- Tu dois te concentrer sur la beauté des choses, car l’important est de pouvoir s’émerveiller et tu ne dois surtout pas essayer de convaincre les autres par la peur. Si l’on montre du doigt ce qui ne va pas, c’est pour mettre en valeur tout ce qui est beau et qui est autour de nous. Le principe, c’est le contraste, on voit mieux le blanc s’il y a du noir à côté, on entend une note de musique parce qu’il y a du silence et aujourd’hui si le dérèglement climatique cause de nombreux malheurs, il nous permet de mieux considérer la beauté du monde. On doit pouvoir voir la nature encore plus belle pour s’émerveiller encore et aller de l’avant. C’est pour ça qu’Eric a eu l’idée de mettre en place avec l’association DEFISMED des itinéraires écotouristiques dans les pays de la Méditerranée « qui réunira des lieux et des personnes remarquables par les valeurs qu’ils partagent à travers leurs savoir-faire verts ».
- Alors pour continuer à s’émerveiller, j’ai une idée. Pas besoin de fabriquer un truc polluant pour aller là-haut observer cet étrange phénomène. Il suffirait d’y aller avec un cheval volant.
- Comme Pégase, tu as raison, il suffit d’un peu d’imagination. Et puis, les chevaux sont une super idée. Tu sais pourquoi ?
- Parce que sur un cheval on peut aller loin sans jamais faire de mal à la planète !
- C’est vrai, d’ailleurs c’est ce que souligne Eric avec le mot VERTueux. Dans vertueux, il y a vert.
- Mais ça veut dire quoi vertueux ?
- La vertu, c’est une chose trop oubliée. Mon prof de philo m’avait appris il y a longtemps que « la vertu est un mot vidé, grisâtre, parfois ridicule. C’est un mot précieux, comme l’or, mais rouillé. Il faut le frotter pour lui redonner son éclat. » Il avait raison pour son époque. Le résultat, on le voit maintenant. Pour te donner un exemple, je pense à tous les déchets plastiques dans la mer avec des poissons et des tortues qui s’en nourrissent et parfois en meurent. Cette mer qui est là devant nous et qui semble pourtant si paisible ce soir. Eh bien, si on avait pris de bonnes habitudes pour respecter la nature, on n’en serait pas arrivé là, on n’aurait pas ce foutu trou dans le ciel. C’est ça la vertu. C’est l’attitude d’une personne qui fait les choses pour son bien et le bien des autres, sans créer des dégâts. Le monde moderne a oublié d’agir vertueusement. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet.
- Et Eric, il dit quoi ?
- Il dit qu’il faut
« reconnecter l’homme avec la nature, aussi bien dans son environnement qu’en lui-même, dans tout ce qu’il y a de vertueux dans cette connexion. »
Et il ajoute :
« il faut aussi s’inspirer de nos rencontres, humaines ou naturelles, pourvu qu’elles soient respectueuses et productives. »
Justement, ces fameuses rencontres, c’est une autre raison qui rend encore plus merveilleuse ton image d’un cheval avec des ailes.
- Raconte-moi s’il te plaît.
- Je vais laisser parler Eric d’une personne qu’il aime profondément, Lina, sa compagne. Ecoute-le :
« Lina me supporte depuis 20 ans pour le meilleur et pour le pire, aussi bien dans mes galères professionnelles, nos quelques beaux succès et nos grandes satisfactions comme le jour où Hubert Reeves l’a prise dans ses bras ! Aujourd’hui, elle se consacre à l’équithérapie, la possibilité de prendre soin de quelqu’un avec les chevaux. Ce qu’elle parvient à faire auprès des enfants autistes, gravement handicapés et psychotraumatisés grâce aux équidés est remarquable. Elle démontre que cette connexion spécifique entre l’homme et la nature produit des effets puissants. L’association « le Pas-Sage » que je préside et qu’elle a initiée est en train de devenir une référence en France et à l’international pour développer l’équithérapie et la faire reconnaître comme thérapie complémentaire officielle. »
- Alors je veux faire ça aussi, c’est très beau. Mais je ne suis jamais monté sur un cheval.
Mon cocker qui s’était assoupi s’est brusquement réveillé quand il a entendu parler de chevaux. Et puis, il s’est mis frénétiquement à creuser dans le sable. Comme s’il ne fallait pas viser le ciel pour trouver ce trou, objet de nos malheurs, mais plutôt scruter notre bonne vieille Terre.
- Oh, regarde Denis.
Il vient de mettre la patte sur un magnifique coquillage.
Je fais alors un bond dans mon passé, j’ai désormais l’âge de cet enfant. Ma grand-mère avait le même coquillage en forme de trombe marine. Il était rangé dans un placard de la cuisine au-dessus du frigo, un endroit inaccessible pour moi. Pour l’avoir, je devais à chaque fois demander à ma grand-mère. J’ai donc décidé que je devais grandir vite pour pouvoir le prendre et écouter la mer librement sans avoir besoin de quelqu’un d’autre. Grandir vite, c’est exactement ce que voudrait cet enfant, pour animer des débats avec des scientifiques, faire de la philo et du cheval.
Quels sont les enfants qui encore aujourd’hui, dans ce monde technologique où une puce électronique transforme n’importe quel objet en lampe d’Aladin, s’émerveillent en portant un coquillage au creux de leur oreille ?
L’enfant ne regarde plus le ciel, mais il se mit à écouter le bruit des vagues.
Si mon chien n’avait pas aboyé pour le ramener sur Terre, je crois qu’il serait resté des heures comme ça. Il se tourne vers moi avec un immense sourire en me disant :
- Denis, je n’ai pas besoin d’une fusée ou d’un animal mythologique pour voler jusqu’à ce trou dans le ciel. Je viens de trouver ce dont j’ai réellement besoin avec ce coquillage. C’est comme si la mer jouait de la musique et chantait. J’aime écouter les paroles de cette chanson. Ce sont ces coquillages qu’on devrait offrir à tout le monde. Je ne me sens plus comme un pantin, et même sans baguette magique, je suis redevenu humain. J’ai très envie de raconter à tous ma métamorphose pour aider les autres à se reconnecter avec la nature. Moi, je me suis reconnecté avec la mer et la nature. C’est merveilleux. Merci Denis, mais je dois filer, il est tard. Ma mère, même si elle est un peu habituée, risque de s’inquiéter.
L’enfant est parti en courant, sans même dire un adieu, mais avec un trésor dans ses mains.
Je regarde encore la mer, pas n’importe laquelle, la Méditerranée, « Mare medi terra », la mer au milieu des terres. Souvenons-nous de la civilisation égyptienne, du berceau de la philosophie et de la démocratie en Grèce, ou encore de l’empire romain, pendant des milliers d’années,le vrai centre du monde n’était pas une terre, mais une mer. Elle raconte l’histoire de notre humanité. Savons-nous encore l’entendre ?
Et cette mer revient au coeur de nos préoccupations. C’est un coup de génie de la remettre au centre de notre monde en péril pour relever les défis d’aujourd’hui.
C’est la mission de DEFISMED. Le touriste peut agir de façon conséquente pour protéger notre atmosphère et devenir un acteur majeur dans la lutte contre le dérèglement climatique. Il suffirait de l’orienter en lui proposant des itinéraires 100 % propres, comme le ferait un agent de voyages écoresponsable.
Au lieu de vous proposer un hôtel pour sa piscine olympique dans une île lointaine ou ce charter pour son prix, il vous indiquera un agritourisme en Toscane ou un gîte en plein coeur de la Provence, comme le domaine de la Blaque à Varages où Jean-Luc et Caroline passionnés par l’astronomie, la photographie et l’écologie vous accueillent dans un cadre enchanteur, et des moyens de transport pour éviter l’avion et privilégier des solutions rigoureusement sans kérosène.
La révolution de DEFISMED tient dans ce concept : on peut tous agir efficacement sur l’environnement sans se pénaliser, mais au contraire en prenant du plaisir. On ne montrera pas du doigt le trou dans l’ozone et les effets dévastateurs du transport aérien, mais on évoquera les avantages des solutions alternatives, les initiatives positives des artisans, des agriculteurs, des restaurateurs, des artistes, des acteurs du tourisme, des femmes et des hommes de bonne volonté.
Pour mener un tel projet, il faut une personne qui soit un vulgarisateur et qui puisse montrer l’exemple. Il n’y a aucun doute, cette personne, c’est Eric et c’est la raison pour laquelle j’ai mis en scène son histoire.
Un jour, j’avais demandé à Eric : « Si tu devais expliquer ton projet à un enfant, quel exemple pourrais-tu lui donner ? » Voici sa réponse.
“Pas loin de chez toi, il existe des trésors que des gens ont trouvés dans la nature. Ces trésors ont le pouvoir de réveiller nos sens, la vue, le goût, l’ouïe, le toucher, l’odorat. Ils nous invitent pour quelques heures ou pour toute notre vie à devenir à notre tour des gardiens de ces trésors. Et d’en trouver d’autres partout dans les campagnes, les montagnes, les bords de mer, et même dans les villes. J’aimerais t’inviter à partir à la découverte de ces trésors. Veux-tu m’accompagner ? »
C’est quand on commence à raconter l’histoire de quelqu’un que cette personne devient influente. Non pas parce qu’elle nous dit comment nous comporter, mais parce que son histoire est citée en exemple et partagée, notamment auprès des plus petits d’entre nous.
à suivre….
Chapitre 2 :
« Pour aller où ? »
2 commentaires
« Pour aller où ? » - More Than Words · 27 juillet 2021 à 16 h 19 min
[…] y trouver, m’avait-il avoué, le trou dans l’ozone. Je l’ai racontée dans cette histoire : « Veux-tu m’accompagner ? » Je me dis qu’un autre soir, il serait là et nous aurions plaisir à converser à […]
Dehors, la vie est belle - More Than Words · 27 juillet 2021 à 16 h 17 min
[…] Heureusement, les blogs et réseaux sociaux viennent à notre secours. On décide de livrer à domicile le leur de l’événement. L’histoire du fondateur de l’association : « Veux-tu m’accompagner ? » […]