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"Manège", le nouveau roman de Hieronymus Donnovan, cliquez sur la photo pour lire le premier chapitre

« Manège », le nouveau roman de Hieronymus Donnovan, cliquez sur la photo pour lire le premier chapitre

Cette interview a été réalisée en 2011 mais elle revient sur le devant de l’actualité car Hieronymus Donnovan publie le 3 avril 2014 un nouveau roman intitulé « Manège » (STORYLAB EDITION). Franchement, je n’irai pas par quatre chemins, le succès s’annonce phénoménal. Pourquoi je dis ça ? Tout simplement parce que j’ai eu la chance de lire le premier chapitre et qu’il m’a donné une envie folle de lire la suite. Je ne crois pas être le seul. Vous pouvez vous aussi lire ce premier chapitre en cliquant sur l’image ci-contre. Vous découvrirez aussi le site de ce nouveau roman. Bonne lecture.

 

Hieronymus Donnovan est le premier auteur à s’exprimer sur notre blog.  Son roman « REAL TV », publié en avril 2010, caracole en tête des ventes. Enfant du web, il utilise les supports des nouvelles technologies pour diffuser ses oeuvres littéraires et se faire connaître du grand public. Comment exister en tant qu’AUTEUR dans l’univers du web ? Interview.

Des romans célèbres, comme « Le Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde, ont d’abord été publiés sous forme de feuilletons sur des journaux, avant d’être édités, de devenir des best sellers et d’être étudiés dans les écoles du monde entier.

Il y a une analogie avec le roman « Real Tv » de Hieronymus Donnovan. « La première version de ce roman feuilleton, précise l’auteur, a attiré plus de quatre mille lecteurs uniques sur mes blogs (My Space puis Blogspot). C’est bien la preuve que les gens lisent sur le web ! » Ensuite, un éditeur a décidé de publier ce succès de la blogosphère. Un éditeur pas comme les autres. En effet, Story Lab est le premier éditeur de feuilletons littéraires numériques. Pas d’impression sur des rotatives, Story Lab diffuse ces œuvres littéraires sur iPhone, Smartphones, iPad et autres tablettes !

Mode d’emploi : Chaque histoire est proposée via une application dédiée, téléchargeable gratuitement sur l’AppStore, ou sur www.storylab.fr (et prochainement sur l’Androïd Market). Les premiers épisodes ainsi que tous les bonus multimédias sont offerts aux lecteurs qui ne paient que les épisodes suivants (0,79€ à 1,59€ pour 2 à 5 épisodes).

A la fin du XIXe siècles, les histoires passaient du journal au livre. Au début du XXIe siècles, les histoires passent du blog à l’application. Les moyens changent. Mais il y a toujours un auteur et un lecteur. L’humain reste, la technologie évolue.

Place tout d’abord à l’auteur

– Hieronymus, franchement ne préfereriez-vous pas publier votre prochain roman chez Gallimard plutôt que chez Storylab ?

 

Hieronymus Donnovan

« Chez Storylab. Pour des raisons simples : je suis fidèle et je ne vais pas oublier l’éditeur qui a eu confiance en mon roman. De plus, je travaille actuellement sur un projet de roman qui utilisera pleinement le côté multimédia de l’iPad et des tablettes. C’est passionnant. Le livre numérique doit permettre aux éditeurs de prendre des risques et de publier des livres différents (dans la forme comme dans le fond). A travers sa publication numérique, Real TV a prouvé qu’un public était en attente d’un tel roman. Je ne suis pas certain que mon texte s’inscrive dans la ligne éditoriale de Gallimard. Mais Real TV laisse la porte ouverte aux éditeurs qui seraient intéressés par une possible publication. »

– Préféreriez-vous répondre aux questions d’un blogueur pour son blog ou répondre aux questions de Denisot au Grand Journal de Canal + ?

« A un blogueur ! Il a le temps de lire mon roman, faire ma connaissance et poser ses questions. C’est un luxe et une qualité que la télévision ne possède pas. Moins d’audience, mais plus de lecteurs concernés. Real TV s’est fait connaître grâce à plusieurs articles rédigés par des blogueurs (Idorian, La mémoire du Pad, Idboox, etc.) Publier un billet sur un roman demande un investissement de temps plus grand que pour un film ou une bd, donc, encore merci à eux.
Il faut vraiment être rodé en terme de promotion pour savoir répondre aux questions de Denisot. Ce n’est pas mon cas ! »

– Venons-en au roman, on découvre dès les premières pages deux amis de 13 ans, Rémy et Arnaud, qui passent le temps en jouant à la Super Nintendo et en écoutant Nirvana. Qui aimez-vous le plus, Rémy ou Arnaud ?

« On ne demande pas à un père lequel de ses enfants a sa préférence.
Peu de lecteurs aiment Remi. J’ai pourtant une tendresse pour ce genre de personnage. On le déteste ! Pourquoi ? Parce qu’il ne pense qu’à lui et ne mâche pas ses mots ou parce qu’il en a pleinement conscience ?
Arnaud, c’est différent. Il est fondamentalement bon, mais le mal le ronge de l’intérieur. Il ne sait pas gérer ses sentiments. Il est beau, donne l’impression d’être sûr de lui, mais ce n’est qu’une illusion. Je pense beaucoup à lui en ce moment, car il est présent dans mon prochain roman. Tout comme d’autres personnages de Real TV. La seconde partie du récit a secoué autant les lecteurs que les héros du roman, la suite prend ça en considération. »

1993

– L’action se déroule dans une ville minière du Pas de Calais. Même lieu de votre adolescence. Rémy et Arnaud ont le même âge que vous en 1993. Alors, autobiographie ou fiction ?

« Fiction. Mais bien entendu, toute fiction se base sur un vécu. Le mien tout comme celui de mon entourage proche ou pas. Je suis plutôt observateur, j’aime bien tenter de rentrer dans l’esprit des gens que je croise aux caisses des magasins, au travail (dans une médiathèque), dans la rue.
Si un roman fantastique rentre dans le domaine de la fiction, pour être fort, il est nécessaire qu’il soit ancré dans le réel. Les personnages qui seront amenés à faire face à des événements troublants doivent avoir un vécu qui donnera un sens à leurs réactions, leurs choix. C’est tout aussi important pour permettre aux lecteurs de se reconnaître à travers les situations et les héros.
Le fait de situer Real TV en juin 1993 est avant tout choisi pour servir à l’intrigue. Ensuite, je me suis inspiré de mes souvenirs et ce que je ressentais en tant qu’ado à l’époque. Je me sens même comme un « vieux con » quand je me rends compte que mes personnages disent des choses qui me semblent idiotes maintenant que je suis un peu plus responsable, que je suis papa. Mais, ce vécu a permis aux lecteurs de mon âge de replonger dans cette époque. Et sublime surprise, car ce n’était pas voulu : les ados d’aujourd’hui se reconnaissent en Rémi et Arnaud. »

– Pas de Calais ou Silicon Valley ?

« Pas de Calais. On parle quand même beaucoup mieux de ce que l’on connaît. King et le Maine ou Joe R. Lansdale et le Texas, Michael Connelly et Los Angeles ou encore Lawrence Block et New York.
Le Nord-Pas-de-Calais est une région portée par une histoire qui , surtout dans les livres à venir, m’inspire des histoires (fantastiques ou pas) qui me semblent intéressantes. Je pense que j’ai l’occasion de poser un regard nouveau sur ma région. Et puis, elle est belle. J’en suis fier.
Le Nord-Pas-de-Calais est très riche et très beau. Malheureusement, Dany Boon a oublié de le filmer afin de laisser plus d’exposition à un postier poivrot. Les vraies valeurs, hein ? »

Hieronymus

– Votre nom Hieronymus Donnovan est un pseudo. Vous avez choisi Hieronymus qui était à l’inverse, le vrai prénom de Jérôme Bosch. Justement, si vous deviez choisir un artiste : Jérôme Bosch ou Michel-Ange ?

« Jérôme Bosh. Je dois reconnaître que j’ai fait sa découverte grâce à Michael Connelly.
La première fois que j’ai vu ses peintures sur google images, je me suis dit : tiens, c’est parfois comme ça dans ma tête ! »

– « Real TV » est édité dans la collection « Teen Spirit ». Mon blog s’intitule « More Than Words » (plus d’infos sur ce choix). Nous nous sommes inspirés de 2 chansons qui ont marqué l’histoire du rock en 1991. Alors, même si je devine déjà votre choix : Smells like teen spirit ou More than words ?

« Smells like teen spirit. Je dois tellement à Nirvana. Un groupe découvert (véritablement) sur le tard. Comme Rémi, dans Real TV, je n’ai pas écouté à l’époque de l’explosion du groupe car tout le monde, sans exception, écoutait ce morceau, notamment les fans d’Eurodance, c’était trop suspect. Et puis, vers 17-18 ans, j’ai pris ce groupe en pleine face. C’était une période très difficile pour moi, un mélange de crise d’adolescence tardive et d’isolement. A force de ne pas être compris par les gens qui m’entouraient (mon intérêt et mon besoin de culture étaient vus comme une tare), je m’étais retrouvé très seul. Et puis ce mec, Kurt Cobain, s’est mis à gueuler des mots qui me parlaient tant et à produire une musique à travers laquelle j’ai purgé toutes mes haines. Je me suis senti compris, comme des milliers d’ados. Et puis, je me suis intéressé à l’histoire du groupe, de Kurt. C’est quelque chose qui me passionne encore et ce sera toujours présent dans mes romans. J’espère même consacrer l’un d’eux rien qu’à ça. Passée la tristesse que la vie de Kurt m’a inspiré, je dois reconnaître que l’effet que ce mec a eu sur moi est surprenant. J’ai jamais eu autant confiance en moi depuis ce jour. Extreme a beaucoup moins d’importance pour moi, mais j’aime aussi. »

– Un dernier choix, en matière littéraire cette fois : « Voyage au centre de la Terre » ou « Madame Bovary » ?

« Voyage au centre de la Terre. Jules Verne est l’un des premiers grands auteurs que j’ai découvert. Il m’a fait rêver. Que ce soit ses romans, ou les nombreux films autour des territoires inconnus (Vous savez, tous ces films des années 60/70 avec des effets spéciaux en carton pâte), ça me passionne. J’associe Jules Verne à H.G. Wells et William Golding en terme de premieres découvertes littéraires. »

Ce n’est pas le papier qui vous fait aimer les livres, ce sont les mots et l’histoire !

Tous vos livres dans un iPad !

– Le monde se divise en 2, entre ceux qui lisent et ceux qui ne lisent pas. Pour satisfaire les lecteurs, il y a les livres. Pour combler les autres, il y a le web ! Est-il vrai que les gens ne lisent pas sur le web ?

« Je pense que la première version de Real TV, diffusée sous forme de roman feuilleton sur mon blog, démontre le contraire car elle avait attiré environ 4000 lecteurs uniques. Beaucoup de lecteurs de «Real TV», dans la première version mais surtout dans l’actuelle (iPhone, iPad ou Android) ne sont pas des lecteurs assidus. Ils ont pourtant lu l’ensemble du roman, ce qui n’était pas arrivé depuis ceux imposés pendant la scolarité. Pourquoi l’ont-il lu ? Pas uniquement pour le support, mais aussi pour l’histoire. Un roman situé en 1993, qui traite des jeux vidéo, du cinéma de l’époque, avec deux ados, c’est attirant. Le résultat le plus flatteur, ce sont des lecteurs de Real TV qui envisagent d’autres lectures et me demandent des pistes. »

– J’espère que les agences web entendront (entendre signifie aussi comprendre) votre discours. La qualité du web et de la blogosphère en dépend.

« Enfin, je me dis que c’est simplement ce que les agences pensent et ce qu’elles veulent nous imposer. Mais nous ne sommes pas obligés de le subir.

Ma fille lira les classiques de la littérature sur un iPad »

– Le livre va-t-il mordre la poussière ?

« Bon, avant de répondre précisément à cette question, je doit spécifier que sortir Real TV en ebook n’était pas dans mes projets. Storylab m’a fait cette proposition quelques mois après la publication du roman sur le blog et alors que j’avais retravaillé le roman. Je bosse dans une médiathèque et le livre numérique n’était pas une découverte pour moi.  Mais, je ne pensais pas qu’il débarquerait aussi vite et surtout sur l’iPhone. En considérant les thèmes de mon roman et les lecteurs qu’il avait touché, j’ai rapidement eu la certitude d’être face à une expérience dans laquelle j’avais toute ma place. Je me suis retrouvé, du jour au lendemain, représentant du livre numérique, sans le prévoir, il faut le reconnaître. Un an après la sortie de Real TV, mon avis sur la question a évolué, au gré de mon expérience d’auteur et de lecteur, des rencontres, des retours des lecteurs, des interrogations des utilisateurs de ma médiathèque mais aussi des commentaires négatifs ou parfois agressifs de personnes qui considèrent qu’à partir du moment où je suis auteur d’un livre numérique, je veux la mort du papier et que je ne suis pas un “vrai” auteur ! »

– Hieronymus, vous êtes papa d’une petite fille. Pensez-vous qu’elle lira sur papier ou sur écran ?

Ma fille a vingt mois, je pense surtout à elle quand je dois réfléchir à la fin du papier.  Ma fille va découvrir la lecture via un iPad, passera prendre des livres papiers sur mon lieu de travail et elle choisira le mode de lecture qu’elle préférera. Et je ne lui imposerai rien. Mais quelque chose me dit qu’elle aura une préférence pour le numérique. Et quand j’utilise le verbe imposer c’est parce que je pense au jour où le numérique remplacera le papier dans les écoles (les versions numériques des manuels scolaires et la possibilité de les mettre à jour sont une avancée incontestable, reste à trouver un support plus résistant) et bien là, le numérique sera imposé, en quelque sorte, aux collégiens ou lycéens.

Le support n’a pas d’importance, c’est le contenu, l’histoire qui doit rester l’essentiel. Et qu’il soit sur papier ou sur un fichier numérique, ça ne change rien.Ce n’est pas le papier qui vous fait aimer la lecture et les livres, ce sont les mots qu’ils renferment !

Impossible de lire ton livre sur mon téléphone

– Pourriez-vous nous raconter l’expérience significative d’un lecteur de Real TV confronté à la lecture sur un support numérique ?

« Au travail, je ne suis pas le seul à être sensible aux livres numériques. Une personne l’est bien plus que moi : le responsable informatique. Geek au sens le plus noble du terme, il a tout de suite soutenu la sortie de mon livre en diffusant le lien un peu partout. Il n’avait pas encore lu mon roman, se réservant pour le moment où il serait disponible sous forme d’une application Androïd. Ce jour-là, je pense qu’il fut le premier à télécharger la version complète de Real TV. Et puis, les jours passent, il ne m’en parle pas. Bizarre, son enthousiasme quant à mon livre aurait-il complètement disparu ? Il n’aura pas aimé. Bon, je lui demande et me prépare à recevoir mon premier avis négatif. Et il avoue :
« Il n’y a rien à faire, je n’arrive pas à lire ton livre sur mon téléphone ! Désolé, j’ai essayé, mais j’y arrive vraiment pas. J’ai lâché au bout de deux chapitres. » »

– Ca remet tout en cause. De quoi vous démoraliser, non ?

 » Oui, c’est même pire qu’une critique. Je suis déçu et je pense à tous les lecteurs potentiellement perdus pour la même raison.

 

Bon, je ne perds pas espoir et le second élément qui me gène sur le moment, c’est que mon collègue continue tout de même à soutenir mon roman. Mais moi,je veux qu’il le lise et le soutienne parce qu’il a aimé Real TV et pas seulement parce que je suis un gars génial. Alors, je lui file la version manuscrite.

Le soir même sur Facebook, il écrit qu’il est à fond dedans, il découvre vraiment le roman. L’histoire. Il a lu le premier coup de théâtre. Le lendemain, au travail, il n’a qu’une envie, lire la suite. Je vois qu’il sort son téléphone en cachette. Le soir, le revoilà devant le manuscrit. Il le dévore à moitié. Le lendemain, je reçois un message privé sur Facebook :

« Ah, j’en peux plus, je suis coincé depuis plus d’une heure pour le contrôle technique de ma voiture. J’ai terminé ton bouquin sur mon téléphone. C’est génial. »

Mesdames et Messieurs, l’histoire sort grande gagnante de ce combat. Je ne veux pas dire que MON livre vous fera aimer la lecture numérique. Mais qu’avec un peu de curiosité, il y a de fortes chances pour qu’un texte vous marque et vous apporte un sentiment de plaisir qui sera inconsciemment associé au mode de lecture.

Lire un livre numérique, cela bouscule les habitudes et demande un effort d’adaptation, c’est certain. Je le comprends, sincèrement.

Je pense aussi aux livres que j’ai découverts par hasard, dans le rayon de la  médiathèque de ma jeunesse (les fameux livres pocket terreur de couleur noire et rouge). Maintenant nous avons INTERNET ! Ce genre de découverte peut arriver avec des moyens plus modernes : Vos blogs  !

Regardez les blogs de lectures, ceux rédigés par des lecteurs (souvent des filles) et justement très bien faits. Les forums ou les sites qui regroupent ces blogueurs sont extrêmement actifs. Le succès de nombreux livres vient d’eux (ça mériterait même un article de la part de Netz,) Et un jour, le support de ces livres n’aura pas d’importance. L’attachement au papier sera moins important pour les prochaines générations.

Enfin, j’ai quand même envie de dire que ce qui pourrait tuer bien plus vite le livre papier et numérique, c’est la tonne de bouquins sans le moindre intérêt publiée à tout bout de champ et les personnes pour qui la culture se limite à « Zadig et Voltaire ».

On réinvente Pinocchio

– Comment le support fait-il progresser l’humanité ? Etes-vous d’accord avec les propos de Francis Benett ? Pensez-vous vraiment que le support joue un rôle si important ? Ne pourriez-vous pas écrire de la même façon sur un support papier ? (Le blog est l’avenir de la presse écrite)

« Je vais limiter ma réponse au roman. Je suis partagé. Je pense, dans un sens, que le support peut jouer un rôle important. Mais au milieu, reste l’essentiel : l’histoire. Pour l’instant, mon éditeur par exemple, pense que le support numérique, notamment les smarphones, nécessite des récits courts. Une nouvelle collection de romans courts, les One Shot, à 0,99€ seront prochainement publiés. C’est une excellente occasion de tester la lecture numérique et de découvrir des auteurs. Mais il faut aussi une place pour des textes plus longs. Quand j’écris, à vrai dire, je ne pense pas au support. Je n’ai pas un côté technicien qui se demande si un chapitre sera trop long, je ne sais pas le faire et je ne me l’impose pas. J’y vais au feeling. Real TV fut écrit comme ça et je n’ai jamais eu aucune critique concernant sa longueur.

En revanche, je me rends compte qu’un support comme l’iPad peut amener une dimension supérieure à un roman grâce à l’image. C’est ce que je vais essayer de faire avec un futur roman. Mais avant tout, je me concentre sur le texte et sur l’histoire (Je sais que je répète ce mot, mais il est important, vous l’avez sans doute compris). Je ne me concentrerai vraiment sur les ajouts visuels qu’après avoir finalisé le roman. Celui-ci doit rester l’essentiel. L’ajout d’un côté visuelpourrait aussi permettre au roman de toucher plus de gens. »

–  Ce n’est d’ailleurs pas une nouveauté ! Parmi les livres plus vendus au monde Le Petit Prince et Pinocchio ont été illustrés dès les premières éditions. On ne fait que reprendre un concept plus ancien avec des moyens modernes. Carlo Collodi, l’auteur de Pinocchio, a b’abord publié son histoire entre 1881 et 1883 sur « le journal pour enfants ». Autre similitude avec Real TV et les autres romans publiés aujourd’hui sur le web. (sources : http://www.sarnus.it/asp/sl.asp?id=4552 ) Finalement, les vieilles recettes reprennent vie avec les nouvelles technologies. On réinvente Pinocchio et le Petit Prince !

Pourquoi la littérature ne parle-t-elle pas d’internet ? Travaillant dans une bibliothèque, vous êtes bien placé pour répondre à cette question.

« Si par la littérature vous voulez dire « les grands auteurs contemporains » c’est certain, Internet à peu de place. Travaillant dans une médiathèque, je peux dire qu’en fait, Internet est très présent dans de nombreux romans pour la jeunesse, notamment les romans écrits pour les filles et racontant, justement, des histoires de filles. Que le roman soit rédigé dans le style « Journal intime » ou du point de vue d’un narrateur omniscient, les références aux emails et aux réseaux sociaux sont très nombreuses. Ces passages bénéficient, la plupart du temps, d’une mise en page particulière. Certains sont même retranscrits comme si le contenu était un blog. C’est un élément important car la jeune lectrice s’y retrouve, c’est représentatif d’une génération. D’ailleurs, les romans de Chick Lit (genre littéraire féminin), pour les plus grandes, utilisent eux aussi ce principe. En fait, de nombreux thrillers et livres de Science-Fiction usent pleinement des ressources du net en en faisant un décor ou un personnage important. Le cyber-espace et le cyber-punk, sont issus de la littérature.

Je ne sais pas vraiment pourquoi Internet est si peu présent dans la littérature “classique”. Les auteurs n’y voient sans doute aucun intérêt narratif et ne se sentent pas inspirés par le cyber-espace. Il y a de fortes chances que certains auteurs jugent le net comme un élément négatif pour leur récit, une interaction inefficace entre les personnages. »

Internet va me tuer

– Avez-vous l’intention de parler d’internet dans vos prochains romans ? Si oui, quel sera le rôle du web dans votre histoire ?

« Internet sera présent dans mes prochains romans pour une raison simple : Il fait partie de ma culture. L’un des romans qui fera suite à Real TV se situe en 1999. De ce fait, internet a sa place et sera présent à travers le vécu de plusieurs des personnages. Ludovic, l’un des héros de ce roman a notamment un frère qui travaille dans l’informatique tandis que lui a beaucoup de mal avec ça. Son frère prédit le boum du net, sa mère est déjà accroc et Willy, une sorte de parrain culturel d’un ensemble de personnages de mon univers, celui qui leur fait découvrir des films ou des groupes inconnus aura même une phrase du style : “Je suis vieux et fatigué, Internet va me tuer, gamin !”. Comme la plupart des références de mon univers, Internet fera partie de mon background. Il sera là, quand il sera essentiel à l’épanouissement de mes personnages, de la génération que je souhaite décrire.

Personnellement, je dois beaucoup à Internet, m’y connecter fut une ouverture vers le monde, le début de ma socialisation. Pour faire court, j’ai découvert que je n’étais pas seul à aimer le rock et le cinéma, à avoir lu des romans de Georges Chesbro (écrivain américain), à lire Picsou Magazine à 19 ans. J’ai aussi rencontré ma compagne et mère de ma fille sur Internet. Ce n’est pas rien, c’est au centre de ma vie. Et donc, c’est pour moi logique d’en parler. »

Il y a de nombreux liens entre la culture Hiéronymus et la mienne. Et la vôtre ? Ce sera l’objet d’un autre article.

Denis Gentile

 


Denis Gentile

Je suis un passant. Ici et maintenant, je suis un passant du web. Le Passant est celui qui va d'un lieu à l'autre, d'un sentiment à l'autre, il n'est jamais le même. Je passe d'une page à l'autre, d'un blog à l'autre, d'un message à l'autre. Et ces pages, ces blogs et ces messages, je les passe aux autres passants qui y passent à leur tour :) Plus prosaïquement, je suis un Storyteller, Blogueur & Rédacteur Web. Mais le rôle que je préfère, c'est celui de Digital Storyteller !

1 commentaire

MonEncre · 2 avril 2014 à 16 h 43 min

Merci pour cette découverte Denis.

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