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Le livre devra-t-il se sacrifier pour préserver la forêt amazonienne ? En effet, qui n’a pas une corbeille de recyclage sous son bureau ? Et qui n’a jamais reçu de sa direction une consigne pour imprimer seulement les documents indispensables ? Le papier semble être la première ressource à ne pas gaspiller et le premier geste écologique à portée de main de tous les citoyens. Mais si on y regarde de plus près, le livre est-il vraiment moins écolo que l’iPad ? Enquête.

D’ailleurs, cette opinion est communément admise et elle a été exprimée à plusieurs reprises lors du débat « Est-il vrai que les gens ne lisent pas sur le web ? » (qui a dépassé les 5000 lectures et les 190 commentaires sur Viadeo).

Notre bon petit rédacteur a donc décidé de mener l’enquête à Bruxelles. Il abandonne les flingues et le flegme de Clint Eastwood au profit des moustaches du plus distingué Hercule Poirot. Il a rendez-vous avec un journaliste belge, Philippe de Casabianca, chez un célèbre chocolatier au Sablon, la place incontournable pour tous les amateurs de chocolats. En hiver, un chocolat chaud est doublement apprécié. C’est important de pouvoir joindre l’utile à l’agréable !

Pourquoi Bruxelles ? Pas seulement pour le chocolat ! C’est ici que se discute l’avenir de l’Europe et de nombreuses décisions concernent justement l’écologie. Philippe suit de très près le travail de ces commissions et il écrit des articles très fouillés sur le développement durable, la chasse au gaspi, le changement climatique, l’industrie et les matériaux innovants. Je vous invite à consulter l’ensemble de ces articles sur le blog www.morethanwords.fr.

iPad ou livre papier, le match écologique n’est pas gagné

Dès le départ, Philippe, à l’instar du héros d’Agatha Christie, m’invite à n’omettre aucun détail :

« Avec les progrès de la science écologique et le développement de certaines normes sur le développement durable, on peut gérer autrement la production de livres en s’intéressant à l’amont (forêts, papier, eau, énergie, encre) et à l’aval (déchets, rejets, émissions, destructions).

On ne fabrique désormais plus les livres avec des peaux de moutons, ni avec des vieux chiffons comme cela a été longtemps le cas. Certes, le papier est une industrie qui consomme beaucoup d’énergie mais le bilan des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) et autres iPad n’est pas évident. Rappelons que le pionnier Apple s’est souvent fait épingler pour des procédés de production très peu respectueux de la nature. En Afrique, la production de GSM génère des conflits car c’est là qu’on y trouve des matières premières essentielles. IPad ou livre papier, le match écologique n’est pas gagné. »

Le travail d’un journaliste ressemble beaucoup à celui du détective. Et souvent, il s’agit de « tordre le cou aux idées reçues. Un arbre qu’on coupe, ce n’est pas une ressource dont on se prive. C’est une ressource dont on fait usage, charge à nous de gérer la forêt et de replanter. En revanche, un métal dont on fait usage, c’est une ressource qui disparaît de nos stocks, charge à nous de la recycler, charge à nous aussi de voir quelle est la ressource qui impacte le moins l’environnement. »

Le Pape aussi a son iPad !

Alexandrie qui part en fumée

D’un côté le papier, de l’autre les composants électroniques. Il est difficile de trancher. La solution, c’est la complémentarité. Philippe nous l’illustre parfaitement :

« Avoir recours à différents supports me semble a priori une bonne chose. Cela évite la dépendance face à un développeur de technologie propriétaire ou face au détenteur de matières rares. D’autre part, on peut ainsi répartir les risques en cas de perte ou détérioration des supports. La durée de vie des papiers et des films photo est connue, celle des supports informatiques beaucoup moins.  Au bout de plusieurs années, les archivistes savent qu’ils doivent recommencer le processus de conservation. Pour les stockages de données, un  peu d’humidité et un petit virus réveillé aidant et hop, c’est Alexandrie qui part à nouveau en fumée… Deux précautions valent mieux qu’une, non ? »

Le comportement plus que l’objet

Jusqu’à maintenant, on s’est attardé sur les objets : le livre et l’iPad. Mais pour savoir si l’un d’eux est plus écologique. Il faudrait surtout définir la notion d’écologie.

« L’écologie, ce n’est pas un retour chez  Vendredi et ses Limbes du Pacifique ou au bon sauvage de Rousseau, ni à celui de Greenpeace qui vit dans un univers plus sain parce qu’il mange sa viande cuite dans le feu de sa caverne, un beau cadeau pour ses poumons !
L’écologie me semble s’inspirer d’une responsabilité de l’homme sur son environnement dans sa vie quotidienne et au-delà. Il ne s’agit pas d’opposer les chevaliers blancs et les chevaliers noirs de l’écologie ou de l’industrie. Il s’agit de comprendre en quoi notre activité a une empreinte sur notre Terre, si c’est justifié et comment le vivre de manière durable. »

Autrement dit, on doit s’interroger sur le comportement plus que sur l’objet. Et là, comme le dirait Hercule Poirot, il faut faire fonctionner nos « petites cellules grises ! »

Le livre est un objet culte et symbole de la dimension culturelle de l’homme. S’il est en voie de disparition, alors il faudra le protéger. Mais son ennemi n’est pas l’e-book. Comme nous l’avions asséné de façon un peu provocatrice dans le précédent article, lire sur un iPad peut être le geste qui va sauver le web et le livre. Mais plus que le livre ou le web, il s’agit de considérer tous les supports de communication écrite. Combien de revues, de journaux, de catalogues et de dépliants publicitaires sont imprimés et ne sont jamais lus ? Aujourd’hui, vous irez retirer votre courrier.  Vous y trouverez deux ou trois lettres noyées au milieu d’une dizaine de prospectus en tout genre. Demain, vous passerez devant un kiosque à journaux qui regorge de futurs invendus. D’ailleurs, ce matin, notre bon petit rédacteur a acheté un quotidien français à Bruxelles. Il aurait pu éviter de le faire et le lire sur son iPad. Les NTIC ont un grand rôle écologique à jouer. Ils permettront de diminuer certaines causes et certains effets de la pollution en réduisant les procédés de fabrication et de transport, sans renoncer à notre plaisir. Continuons à lire nos journaux et revues préférées, mais plutôt qu’empiler des tonnes de papier, lisons-les sur le web.

Une bonne idée pour un blog répondant à des principes écologiques ? Développer une revue de presse sur un thème qui vous intéresse. Tout en respectant les droits des auteurs et en mentionnant les références des extraits des articles. Internet ne donne pas le droit de bafouer la propriété intellectuelle.

Une meilleure idée encore pour un blog ? MoreThanWords ! Ce blog ne propose que des articles originaux (le problème de la propriété intellectuelle ne se pose plus) et il aurait pu naître comme un nouveau magazine. Et si ce n’est pas le cas, c’est grâce au web ! MorethanWords est un vrai et bon concept écologique.

Alors comme Hercule Poirot utilisons nos petites cellules grises pour bien faire la part des choses et trouver le support adapté à chaque contenu. D’un côté ce qui est sujet au changement et qui est plus éphémère comme cet article, de l’autre ce qui est intemporel comme les romans d’Agatha Christie.

Denis Gentile

A consulter en complément de cet article, le débat sur Viadeo : 3700 lectures et 140 commentaires !

Tous les lundis, de nouveaux débats sur morethanwords.fr

 

 


Denis Gentile

Je suis un passant. Ici et maintenant, je suis un passant du web. Le Passant est celui qui va d'un lieu à l'autre, d'un sentiment à l'autre, il n'est jamais le même. Je passe d'une page à l'autre, d'un blog à l'autre, d'un message à l'autre. Et ces pages, ces blogs et ces messages, je les passe aux autres passants qui y passent à leur tour :) Plus prosaïquement, je suis un Storyteller, Blogueur & Rédacteur Web. Mais le rôle que je préfère, c'est celui de Digital Storyteller !

18 commentaires

Laurence Duvernoy · 27 mars 2011 à 17 h 13 min

Je suis complètement d’accord sur le fait qu’il faille réduire les dépenses énergétiques… mais avant de s’en prendre à l’édition papier, il ne faudrait pas déjà remettre en question l’emballage…

Pascale Leclercq · 23 mars 2011 à 17 h 21 min

Oui et la télépathie vous y avez pensé ?

Plus de livres, plus d’ipad…

Capacités à trier les données en interne, à filtrer et lire ce qui nous convient, à faire des transferts d’information ultra-rapidement.

Plus de problème de stockage, de fabrication, de disparation de tel ou tel composant de la planète pour cela, ni d’instinct de propriété, partage des richesses intellectuelles, car je pense que nous sommes détenteurs des richesses diverses le tout à mettre au service de l’ensemble et non propriétaires.

Et le bois de chauffage, n’est-ce pas aussi une source d’énergie qui part en fumée… Energie qui pourrait être utilisée pour autre chose.

Certes les arbres repoussent, mais à quelle vitesse ?

Donc dépêchons-nous d’évoluer et de développer nos capacités… qui ne demandent que cela.

Denis · 6 mars 2011 à 18 h 21 min

à consulter cet article du Point , Comment organiser la cohabitation entre l’imprimé et le numérique ? Réponses de l’historien Robert Darnton, dans sa brillante Apologie du livre.

http://bit.ly/gPMEgA

En voici un extrait : « Une telle conception du cyberespace entretient une étrange ressemblance avec la conception que se faisait saint Augustin de l’esprit de Dieu – omniscient et infini parce que son savoir s’étendait partout, au-delà même du temps et de l’espace. Le savoir pourrait également être infini dans un système de communication où les hyperliens s’étendraient à toute chose – sauf que, bien sûr, un tel système ne saurait exister. Nous produisons bien plus d’informations que nous ne pouvons en numériser et, de toute façon, l’information n’est pas le savoir. Pour connaître le passé, nous devons en dégager les vestiges et apprendre à en tirer un sens. »

Catherine · 2 mars 2011 à 11 h 39 min

Bonjour à tous,

Bien sûr, la question est complexe, et vous apportez tous de très importants éclairages au débat. Le temps n’est plus à confondre écologie et décroissance, mais à une prise de conscience sur un enjeu très fort.

Certes, l’emprunt d’un livre le temps de sa lecture est la conduite la plus respectueuse de l’environnement.
Pour autant, je fais partie des nostalgiques qui, lorsqu’ils aiment un livre, lisent, et relisent, et font à chaque lecture une nouvelle découverte.
Donc, posséder les livres pour lesquels on éprouve quelque chose de spécial.
Une question de comportement donc : posséder ou emprunter… mais surtout, de responsabilité, comme l’écrit Patricia.
Enfin, l’i Pad. Certes on ne consomme pas de papier (recyclé ou non), mais comme beaucoup de contributeurs à ce débat, quid de son recyclage?
Je pense qu’il s’agit là d’une prochaine étape importante. Un comportement non écologique en la matière serait d’en changer à chaque sortie d’une nouvelle version, c’est indiscutable.A quand l’Apple total recyclable? D’ailleurs, qu’en est-il actuellement?

Denis · 2 mars 2011 à 10 h 08 min

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour vos commentaires qui apportent une véritable valeur ajoutée à mes articles. Je suis aussi toujours sensible à vos appréciations.
En complément de cet article, nous avons aussi lancé avec Philippe un débat sur Viadeo. En une semaine ce débat a été suscité plus de 1300 lectures et 60 commentaires ! Preuve que le thème de l’écologie nous concerne. Voici le lien vers le débat : http://bit.ly/gTNAFp
Je voudrais retranscrire je voudrais reprendre 2 phrases de ce débat :
« Ce type de forum à ce mérite: faire réagir, poser des questions et faire avancer une réflexion.
Au plaisir d’avancer encore dans les réflexions…
 »
C’est exactement mon état d’esprit quand je pose des questions sur Viadeo ou écrit un article sur http://www.NetZ.fr
« L’Art doit surgir là où ne l’attend pas  »
La philosophie commence par l’étonnement et l’ART vit de l’étonnement. Ce sera l’objet d’un nouvel article.
A lire aussi l’excellente interview de Philippe de Casabianca sur mon blog : http://denisgentile.wordpress.com/guest-stars/philippe-de-casabianca/

à bientôt,

Patricia · 1 mars 2011 à 21 h 44 min

Aujourd’hui, savoir vivre avec son temps doit pouvoir s’entendre savoir vivre avec et dans le respect de son environnement et pas uniquement en consommant frénétiquement les dernières technologies arrivées sur le marché. C’est important que chacun puisse sciemment faire un choix selon la priorité et la vraie nature de ses besoins. Mahatma Gandhi a dit : « La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. C’est le seul moyen pour connaître le vrai bonheur et nous rendre plus disponible aux autres […] Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne. Vouloir créer un nombre illimité de besoins pour avoir ensuite à les satisfaire n’est que poursuivre du vent. Ce faux idéal n’est qu’un traquenard. » (Lettre à l’Âshram, 1971). Deux questions me viennent à l’esprit : sommes-nous suffisamment responsables pour faire ces choix ? Sommes-nous tous concernés par la surenchère qui existe sur le marché ? A mon avis, livres et I-pad ont leur place… mais jusqu’où ?

hedi rouweida · 28 février 2011 à 10 h 01 min

Que représente l’écologie, pour chacun de nous? en notion première, ce sera tout ce qui nous permet de moins polluer et de protéger la nature, quelque soit la manière de procéder…préserver la nature, utiliser des matériaux recyclable, ne pas polluer….ce ce qu’on apprend à l’école, à nos enfants …
Pendant ma scolarité, cette notion n’existait pas( encore moins en Afrique de l’ouest, où j’ai passé toute ma scolarité), ceci impliquait-il qu’on polluait plus? Nous étions « proche » de la nature, l’air qu’on respirait était bien plus sain, que celui que nous respirons aujourd’hui…nous respections la nature qui nous était offerte…nous n’avions ni I-PAD, ni ordi–comment alors, ne serait-ce que par ces quelques, points, pouvions nous dire que le le livre est moins écolo?
S’il y a un moment ou le monde a commencé à être pollué, c’est bien depuis toutes ces nouvelles technologies, qui deviennent en plus indispensables à notre vie quotidienne…malheureux, car plus nous avançons, plus nous luttons pour l’environnement;plus nous le « dégradons ».

Philippe de Casabianca · 26 février 2011 à 0 h 20 min

Ce que dit Daniel est frappé d’une sagesse forte. On reconnaît là l’empreinte d’un pélerin d’un certain savoir.

Au delà, pour rebondir sur un commentaire précédent, je crois à la pédagogie de l’affrontement temporaire de concepts opposés comme semble le montrer la présentation de Denis Gentile avec le macth I-Pad versus Livre. Cette opposition, si elle peut sembler stérile, n’est pas nécessairement artificielle: elle fait progresser la réflexion en permettant d’exacerber les qualités des uns et des autres. Libre après de trouver une troisième voie…

Daniel · 25 février 2011 à 18 h 09 min

Bonjour. Beaucoup d’avis pertinents ont déj été exprimés : nécessité d’analyser les cycles de vie, complémentarité, etc. Je ferai uniquement part de certaines expériences personnelles : les appareils électronique sont, de manière générale, rendus volontairement obsolètes par les fabricants, à une vitesse grand V. Exemple : il y a à peine 10 ans, j’ai acheté une caméra Sony mini-DV, haut de gamme. Aujourd’hui, le mini-DV est dépassé et la caméra bonne pour le recyclage. Venons-en au livre. L’usage le plus écologique est évidemment d’adhérer à une bibliothèque et d’emprunter le livre le temps nécessaire. L’amont est aussi important. Je suis ainsi membre d’une coopérative qui s’est spécialisée dans l’édition de documents scientifiques en petits tirages à la demande. On peut acheter le document, soit sur le web, soit sur papier et on imprime au moment de la commande … sur papier recyclé. On peut aussi trouver des alternatives au document papier, notamment en Afrique. Je pense à une action menée en tanzanie où la tradition orale reste très développée. Plutôt que d’imprimer des livres et de les acheminer à travers le territoire, on utilise la radio – tout le monde écoute la radio – et on diffuse « cours » et conseils via la radio. Pour le reste, en termes de comportement, j’ajouterai que mon épouse et moi-même lisons volontiers au lit mais répugnons à mettre des tablettes sur la couette …
En outre le papier, comme support, conserve un intérêt manifeste pour tout ce qui nécessite un grand format ou une vue synoptique. Je pense à un livre présentant l’histoire du monde de manière synoptique ou à un autre présentant de manière synoptique le développement culturel occidental …

Sébastien · 25 février 2011 à 15 h 05 min

Votre article a le mérite d’interpeler sur nos choix de consommation, au sens large, et rien que pour ça, j’apprécie votre réflexion.
Je voulais simplement apporter une réaction en précisant qu’aujourd »hui le débat Ipad/Papier comme j’aurais pu dire noir versus blanc, grand méchant groupe versus petite PME locale gentille, etc. me semble un peu dépassé car il risque de nous amener vers une opposition stérile où chacun reste sur ses positions. Tentons d’ouvrir le débat en mettant l’être humain et l’environnement au même niveau de préoccupation. Aujourd’hui, la question est autant de savoir par qui est fabriqué mon ipad que quel impact néfaste il a sur mon environnement…
Bravo pour NETZ que je viens de découvrir. Votre webzine interpelle et ça « j’aime » comme on dit sur un site bien connu !

Michel Maroy · 24 février 2011 à 19 h 00 min

Bon article qui donne des perspectives sur Papier ICT .

Tout fait d’accord avec l’idée de la complémentarité , Les tablettes vont permettre l’accès à l’information ( dans certains pays)

Un Life cycle analysis permettrait de faire le point de chaque solution;

C’est surtout la culture qu’il faut changer , ne pas changer de tablette à chaque mode ou révolution technologique et recycler les déchets électroniques.

Le papier c’est user un élément pour la gestion de la forêt ,
il faut une finalité en partie économique.

Franck | Papa Blogueur · 24 février 2011 à 16 h 47 min

Un très bon article, un sujet intéressant qui fait réfléchir.
Ensuite vient l’utilisation du produit comme tu le précises, mais aussi le comportement des gens. On aura beau plaider que l’Ipad (par exemple) est plus écologique que le livre papier, les plus irréductibles diront qu’ils préfèrent le papier. L’éducation des gens devra être revue le jour où la technologie sera réellement moins polluante que le fabrication d’un livre.

Anne-Sophie · 24 février 2011 à 15 h 47 min

Question très intéressante qui mérite d’être traitée comme une dissertation philosophique!

Comment renoncer au plaisir de toucher le papier, de manipuler les pages, sentir les odeurs du papier vieilli, …

Mon cursus et mes valeurs me poussent à raisonner en cycle de vie.

Tout d’abord, le livre. Sa fabrication demande beaucoup d’énergie essentiellement pour le papier. De plus, l’impression entraîne également des impacts sur l’environnement en fonction de l’encre utilisée.
Bien sur des encres végétales existent afin de diminuer l’impact de la fabrication. Le recours au papier recyclé également. Seulement il faut garder une bonne qualité de papier car qui aimerait se forcer à décrypter des mots sur un papier beaucoup trop jauni?

De plus, le livre a une durée de vie à mon avis plus longue qu’un iPad… Pour moi qui adore lire, relire et surtout transmettre les livres que j’ai lus et aimés autour de moi, le livre vit entièrement avec moi pendant de nombreuses années. Et quel plaisir de les redécouvrir plusieurs années après leur première lecture.

Enfin, la fin de vie d’un livre… Est-ce le moment où il est réutilisé par quelqu’un d’inconnu (un déchet étant un objet destiné à l’abandon par son possesseur), ou le moment où le livre part en recyclage ou encore le moment où le livre est réellement composté (le papier étant composé de cellulose mais je ne suis pas certaine de la durée de dégradation…), incinéré, mis en décharge, …, ? En tenant compte de la teneur du papier, de l’encre et des colles pour tenir les pages, je ne pense pas que le livre ait un impact fort sur l’environnement. D’autant qu’avant de devenir un livre, le papier était un arbre (dans une forêt gérée durablement évidemment!) qui a puisé du CO2 dans l’air. Il a constitué ce qu’on appelle un puits de carbone. Par conséquent s’il rejette moins de CO2 dans sa partie de fabrication et de fin de vie que ce qu’il a récupéré avant d’être fabriqué (dans l’arbre) il n’a pas d’impacts sur notre environnement.

Pour moi le livre ne peut pas disparaître dans la mesure où il a une dimension culturelle très importante pour l’homme et surtout pour représenter LA Littérature notamment en France.

D’autre part, l’iPad. Il peut en effet répondre aux besoins de certains lecteurs qui ne lirait pas l’ensemble d’un journal mais seulement un article, ou pour lire des articles sur un seul thème dans plusieurs sources… Je pense qu’internet et toutes les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) peuvent être un frein à l’économie de la presse écrite et en particulier les journaux quotidiens dont la durée de vie est très limitée. Mais ils peuvent au contraire donner l’envie de lire un journal en entier à cause du style d’écriture particulier du quotidien…

Passons à son cycle de vie… Les innovations technologiques sont de plus en plus nombreuses sur le marché mais il est vrai que leur impact écologique n’est que très rarement pris en compte. La fabrication des appareils électriques et électroniques demandent beaucoup d’énergie mais surtout beaucoup de ressources en général rares. Leur durée de vie peut être relativement longue, mais la société de (sur)consommation oblige un changement très rapide de ces produits (2 à 5 ans).
Quant à la fin de vie… Celle-ci pose un réel problème car les ressources nécessaires à la fabrication sont très souvent rares, petites et assemblées entre elles… Le désassemblage est l’étape nécessaire pour optimiser la fin de vie des DEEE (Déchets d’Equipement Électriques Électroniques) qui est plus économique dans les pays en voie de développement (trafic de déchets…). Enfin, ce type de déchets a besoin de traitement particulier pour ne pas nuire à l’environnement et la mise en décharge dans certains pays entraîne la dispersion des pollutions souvent toxiques dans l’ensemble de l’environnement (air, eau, sols, …).

Pour moi, le bilan écologique de ces deux produits est très favorable pour le livre, dans la mesure où il n’est pas lu une seule fois puis jeté juste après, et où l’iPad sera très certainement un produit à renouveler régulièrement…

Pour conclure, comme le dit très bien Philippe de Casablanca dans l’article sur le site http://www.netz.fr/2011/02/23/le-livre-est-il-moins-ecolo-que-lipad/ : « Avoir recours à différents supports me semble à priori une bonne chose ».
Si le journal n’est acheté que pour lire un article puis jeté (de même pour le livre) et que l’Ipad est bien utilisé et pendant une durée de vie assez longue, alors l’iPad peut être une bonne solution pour économiser des forêts trop peu protégées…
C’est à l’homme de s’adapter à son environnement (malheureusement c’est davantage l’inverse qui s’applique…) et par conséquent c’est à lui de trouver le support le plus adapté à ses besoins.

Alexi Tauzin · 24 février 2011 à 12 h 49 min

Encore un très bon article Denis ! N’hésite pas à me contacter dès que tu publies, car avec la masse d’informations je passe sûrement à côté 😉

C’est une problématique intéressante qui est abordée, même si je crois pour ma part que le match de l’écologie est largement remporté par le livre papier.

Pourquoi ? Tout simplement parce que les ressources nécessaires à la fabrication d’un iPad (or, argent, cuivre) sont rares, difficiles à exploiter, et appauvrissent nos sols et dégradent notre environnement.

Ajoutons à cela que chaque citoyen se doit de recycler le livre papier (à 100%) alors qu’un iPad ne se recycle pas ou peu encore.

Bonne journée !

Philippe de Casabianca · 23 février 2011 à 18 h 02 min

Une société où on a le choix?

Oui, c’est un axe de réflexion intéressant. Mais je crois qu’on est de plus en plus dans des situations où précisément on a le choix. Les différences PVD et pays développés s’estompent: il est intéressant d’observer que les pays les plus pauvres ont plus vite que nous les différentes NTIC… En profitent-ils tous? Cela est loin d’être certain.

Livre ou I Pad? Autrement dit, comment voulons nous gérer notre accès à la connaissance avec l’empreinte écologique la plus réduite? Et là revient la question du choix…

Pour certains, nous n’avons pas le choix: on ne peut généraliser le mode de consommation américain en termes d’accès aux ressources. Ils sont champions des NTIC et pourtant quelle voracité en ressources énergétiques et naturelles! Car ne l’oublions pas, bien des NTIC nous font augmenter notre consommation d’énergie… Pas toutes, certes, mais tout de même… Alors là, nous pourrions donc avoir le choix…

Abdelhamid · 23 février 2011 à 17 h 20 min

Article des plus intéressants pour une rencontre qui l’est autant. Aujourd’hui avec la gestion des forêts et de la chaine logistique du bois et du papier, rien ne se perd. A ce sujet, Arte a diffusé une excellente théma la semaine dernière sur la sur consommation des pays développées et son impact sur les pays producteurs de matières premières. Ces derniers subissaient de véritables désastres écologiques du fait de nos déchets électroniques.Le cycle très court des produits hi-tech étant très courts, nos déchets se retrouvent sur des continents poubelles. Le papier peut être transformé, mais pas les ordinateurs avec Or et Nickel qui sont récupéré. Les tablettes numériques sans systèmes propriétaires seraient moins polluantes si elles pouvaient avoir une seconde vie ou une vie plus longue même. Il est nécessaire que la logistique qui existe pour le papier se concrétise dans les nouvelles technologies. L’IPAD apparait dès lors plus polluant que le livre. Mais cette tablette et tous les ordinateurs que nous utilisons représentent un progrès. Alors oui, il faut une complémentarité des supports. Quant aux prospectus que nous avons dans nos boites aux lettres et qui constituent une véritable pollution, génèrent des emplois. Voyez l’incohérence du modèle dans lequel des personnes sont employées pour distribuer des prospectus qui ne seront pas lus. Ces mêmes personnes doivent certainement avoir des compétences pouvant leur donner accès à d’autres emplois tels que le reconditionnement et la réparation des pc et autres macs dont nous nous séparons.

Myriam · 23 février 2011 à 14 h 54 min

Bonjour,
Pour réagir à cet article tout à fait à l’ordre du jour, je vous signale que 2011 est l’année de la forêt et je vous invite à vous rendre sur le site http://www.goodplanet.org afin d’aprécier de merveilleuses photos de forêt ; ceci pour continuer le débat sur la déforestation ; de plus, je souhaite que les constructeurs et architectes y soient également sensibles afin de ne pas idéaliser les maisons à ossature bois sans connaître ou évaluer le véritable impact que cette nouvelle mode dite Ecolo entraîne. Sommes-nous sûrs que les arbres abattus sont systématiquement replantés, et combien d’arbres faut-il pour une seule construction ? combien d’arbres sont replantés à chaque abattage ? il est temps de prendre conscience que nous avons besoin de nos forêts et que d’autres sont à mettre dans la balance, pour un résultat final allant tout aussi bien dans un but de développement durable.

Sandie · 23 février 2011 à 11 h 14 min

Très belle réflexion, comme toujours. Il paraît juste de dire que ce n’est pas l’objet mais le comportement dont il faut se préoccuper. Le livre (le contenu au sens large) se consomme certes, et pouvoir mieux gérer sa production serait une solution. L’ipad et autres tablettes répondent en partie à ce besoin.
Toutefois, cette réflexion est surtout valable dans des sociétés où l’on a le choix du support, principalement les sociétés occidentales à pouvoir d’achat élevé. Le livre est encore quasiment un luxe dans d’autres pays où la population est loin des considérations écologiques. La place du livre, de l’écrit dans les sociétés ne doit pas être bridée par des considérations « secondaires ». Je précise que je suis une personne très sensibilisée aux problèmes environnementaux mais pour autant, je crois au pouvoir des livres et de la littérature pour accéder au savoir et au développement personnel et collectif.

Comme tu le dis très bien, il faut donc faire la part des choses et adapter le support à chaque situation. Personnellement, je lis beaucoup sur écran (smartphone et pc) et je lis des revues et magazines auxquels je suis abonnée. Demain, je les lirai peut être sur tablettes… Je « maîtrise » donc ma consommation!

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