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Nous avons hésité entre deux titres pour cet article « Désapprendre pour mieux apprendre: le pari de l’école de demain ? » ou « la survie de l’école d’aujourd’hui ? » Qu’en pensez-vous ?
Nous nous étions intéressés dans un précédent article au fait de réformer la langue française, s’il était possible de l’envisager.
À l’heure où l’on change de gouvernement, et si le changement c’est maintenant !, l’on pourrait déjà remettre sur la table notre précédente question avant de poser celle de notre présent article.
Acquérir les fondamentaux ou plus généralement les connaissances que l’on nous enseigne. C’est le but.
Soit. Pour ce faire, faut-il désapprendre les fondamentaux, révoquer l’apprentissage des enseignements tels qu’ils nous sont délivrés ?
Qu’est-ce désapprendre ?
Depuis notre enfance, nous apprenons de nouvelles connaissances au travers des disciplines à l’école ou en dehors. Au fil du temps, nous accumulons des expériences au cours de notre vie. Nous accumulons… donc nous apprenons.
Nous apprenons que nous désapprenons à chaque fois que nous apprenons.
Puisqu’il est question d’un retour à l’école à 5 jours, donc nos chères têtes blondes qui auraient plus de temps pour apprendre en auraient tout autant pour désapprendre ou tout du moins apprendre à désapprendre.
Le futurologue Alvin Toffler a dit : « Les illettrés du XXIe siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire ou écrire, mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre et réapprendre. ».
L’institution éducative telle que nous la connaissons est-elle apte, a-t-elle tous les moyens en sa possession pour nous permettre d’apprendre, de désapprendre et réapprendre.
Être acteur de notre apprentissage
L’on a expliqué à ce professeur (http://semeunacte.com/apprendre-desapprendre-reapprendre) que premièrement, apprendre une langue revient à réapprendre à communiquer. Cela revient parfois à désapprendre ce qu’on est certain de connaître et à réapprendre une nouvelle de communication.
Cela « reviendrait à retrouver un regard neuf sur les choses, retrouver son autonomie, son sens critique, se libérer des schémas mentaux prédéterminés ».
Après tout comme il le dit, l’école est un système qui ni plus ni moins requiert ou attend de nous des résultats. Soit. Il suffit (suffirait) d’en trouver la clé.
Désapprendre signifierait-il pour autant oublier tout ce que l’on a appris ?
Si et puisque tout le monde n’apprend pas de la même manière, ne faut-il pas simplement rompre avec la forme d’apprentissage que nous pratiquons ? Plus d’heures. Plus de jours ? Ou beaucoup moins mais autrement ?
Mettre en place une autre méthode d’apprentissage, d’enseignement pour mieux acquérir les connaissances ?
Pour reprendre les propos d’un viadéoiste sur les fondamentaux postés dans le hub « communication d’entreprise », la solution serait tout simplement de « revenir aux choses simples, aux bases, aux fondamentaux, ce qui permet, sinon d’avoir l’air savant, de ne pas partir sur de fausses routes et d’user d’outils qui seront tout sauf efficaces ».
Désapprendre pour mieux apprendre : est-ce le passage obligé, la seule voie ?
Quels sont ceux qui peuvent désapprendre ?
« L’avenir appartient à ceux qui sauront mettre à jour leurs savoirs », estime François Taddei, généticien et auteur pour l’OCDE d’un rapport sur l’éducation.
Il s’agit pout lui de « repenser le système éducatif actuel en France », le système le plus performant étant « celui qui forme les meilleurs autodidactes ». Pour autant, il ne s’agirait pas « de supprimer l’enseignement mais de faire en sorte qu’il forme des jeunes dont la principale aptitude sera de savoir renouveler leurs connaissances ».
Ceci est désormais de l’ordre de l’urgence, estime François Taddei, notamment dans un monde où la production du savoir s’accélère de façon exponentielle.
Cette nécessité de renouveler son savoir pour s’adapter au changement appelle, selon lui, une autre notion fondamentale à savoir le désapprentissage, condition sine qua non du « renouvellement en continu des connaissances » mais aussi le mécanisme se trouvant à la base même de tout apprentissage en général.
Une école dont la mission est (serait) la culture de soi. Puisque selon Michel Foucault, désapprendre (de discere) est « une des premières tâches importantes de la culture de soi. [Il s’agit] de se défaire de toutes les mauvaises habitudes, de toutes les opinions fausses qu’on peut recevoir de la foule ou des mauvais maîtres, mais aussi des parents et de l’entourage » (L’herméneutique du sujet, Gallimard, Seuil) ».
Cela consisterait à apprendre à se défaire des déterminismes, à acquérir un esprit critique. La meilleure manière serait d’après Foucault : « non pas de frapper de grands coups mais de jeter dans l’âme des petites semences […] », il s’agit « de la nécessité, par conséquent, de s’adapter à celui à qui l’on parle, d’attendre le bon moment où la germination pourra avoir lieu. » (Lettres à Lucilius 38 et 29, L’herméneutique du sujet).
Et combien de temps nous faut-il pour désapprendre pour apprendre ?
« Il faut donc désapprendre pour apprendre », disait Érasme déjà à son époque, ajoutant que « la première tâche est la plus difficile des deux ».
En somme, désapprendre ne serait-il pas plus facile à dire qu’à faire !
Florence Augustine
Les photos sont de Delphine Sauret, le « Si j’étais un mot… » d’hier. Retrouvez ses photos sur http://www.delphine-sauret.com et sur sa page facebook.
2 commentaires
Florence · 4 février 2013 à 8 h 27 min
Bonjour,
Merci de votre attention pour cet article.
Dans votre réponse, vous lancez là un débat on ne peut plus intéressant : sommes-nous capables d’envisager un changement de paradigmes ?
Florence
Nathanael @ networking · 29 janvier 2013 à 0 h 47 min
Excellent article. Désapprendre pour apprendre sont des compétences essentielles pour réussir.
L’Ecole nous apprend t-elle à apprendre ? J’ai de sérieux doutes sur le sujet. L’Ecole nous apprend t-elle à désapprendre pour mieux réapprendre ? Mais avant de pouvoir répondre à cette question, il nous faire face à nos propres paradigmes et envisager un changement de paradigmes.
Nathanaël