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La disparition du fondateur d’Apple signe la chronique d’une mort annoncée. C’est aussi celle d’un élan médiatico-populaire qui rappelle l’enterrement de Lady Di entourée d’Elton John chantant Candle in the wind, autant d’éléments qui n’ont pas toujours un rapport évident avec la réalité.

La mort de Steve Jobs ne m’a pas fait orphelin. Je n’ai pas pleuré même si j’ai bien apprécié la une de Libération, l’une des plus inspirées et sans doute fidèle à Apple et à son esprit qui a si bien combiné marketing, sobriété et prospérité.

Une pomme pas vraiment verte

Steve Jobs enfin a pris le temps de faire face paisiblement à son destin et s’est préparé à sa mort avec une certaine dignité. Pas de quoi donc sombrer dans l’hystérie des post-it décorant les magasins d’Apple, autant d’éléments d’une belle promotion gratuite. Au-delà de son départ physique du monde matériel, Steve Jobs aura maintenant le temps de songer (et d’inspirer) à des produits qui soient aussi verts, voire plus, que la pomme de son entreprise.
Car au-delà de l’aspect brillant et même magnétique de ses créations, de l’Apple II à l’iPad, autant de jouets de haute technologie, les produits Apple ne comptent pas parmi les produits verts. Ils sont réputés pour tuer. Les ouvriers chinois surexploités qui les fabriquent à coups de cadences infernales, la nature quand on doit en extraire les produits toxiques et difficilement recyclables comme les batteries à usage limité. N’en jetez surtout pas plus !
Et surtout, surtout encore séchez vos larmes. Certes, il a révolutionné le monde… de la technologie, mais pas le monde en tant que tel. Le comparer à Einstein, c’est bon pour des politiciens qui rêvent de profiter de son prestige. Mort, il ne se risquerait pas à redescendre du ciel pour apporter un démenti.

 

Le computer est enfin devenu personnel

Mais ne mégotons pas : en rendant l’informatique et ses applications beaucoup plus séduisantes que les monstrueuses et inhumaines machines de 2001 l’Odyssée de l’espace, Steve Jobs a fait venir bien du monde sur les rives des octets et de leurs formes désormais aguichantes. C’est peut être, à défaut d’être révolutionnaire, une étape majeure.

Un informaticien qui se soucie de son public, c’est vrai que cela ne court pas toujours les rues. Bien souvent, c’est au public de se former pour comprendre l’informaticien. Avec Apple, le public s’est enfin extrait de ce rôle et c’est là que le computer est vraiment devenu personnel. Mais c’est peut être aussi là que l’ordinateur est devenu plus objet de design qu’instrument de gestion des données par l’utilisateur, enfin par celui qui croit en avoir besoin.

Les couleurs acidulées des iMacs, les écrans tactiles des iPhones, les concentrés de musique des iPod, mais qui donc pouvait y résister ? Autant de possibilités de se faire plaisir sans dépendre des autres… Dingue non ? Dément, je vous dis ! Ce n’est pas un hasard si la direction du design est juste en dessous de la direction générale d’Apple…

Steve Jobs ? Un vrai fil RSS

 

Certes, certes, mais parmi tous ces produits qui font si bien branchés et qui nous rapprochent si bien aussi de nos envies, combien réellement sont-ils l’œuvre de Steve Jobs ? Alors je sais, face à un informaticien qui se fait prendre en photo à la manière des Studios Harcourt, au fond plus comme un designer que comme un dompteur d’octets, la question peut sembler impertinente. Et pourtant, un peu comme Marck Zuckerberg, Steve Jobs n’a pas inventé tant que ça : il a passé une bonne partie de sa vie à perfectionner les inventions des autres, comme la souris, à les agréger et à soigner jusqu’à l’extrême le packaging. Steve Jobs ? Un vrai fil RSS.
Mais pas que cela. Un fil RSS qui se vend et qui fait vendre. Pas un croisé de la démarche scientifique qui publie et partage. Chacune de ses trouvailles, il a pris soin de la labelliser, d’en faire un objet propriétaire qu’on paye. On s’éloigne là du mythe du Web 2.0 et de sa communauté participative.
Apple a su rester à part : sans les virus du monde, il a développé son vers égocentrique comme Eve nous a donné et la pomme et les pépins.

Philippe de Casabianca



9 commentaires

etienne · 17 novembre 2011 à 7 h 52 min

Il fallait le dire. J’ai commencé avec un APPLE II. Puis j’ai abandonné la marque : trop fermée.
Ce design et ce marketing de haut niveau et de qualité sont là pour cacher l’essentiel : la dépendance des utilisateurs.
Reste que c’est un Monsieur.
Bonne journée

Booking Tables · 11 octobre 2011 à 13 h 33 min

Bonjour,

Comme toute « Vision », elle ne peut naître que dans une époque propice… Steeve Jobs est arrivé au bon moment, dans un climat générateur de progrès, alimentée par une clientèle de plus en plus solliciteuse. Aujourd’hui, le climat est totalement différent: concurrence sauvage, cannibalisme marketing, mondialisation etc.

Tous ces facteurs font que de nos jours, il est très difficile de percer lorsque vous souhaitez lancer une idée, une innovation…

Par exemple, dans le cadre de mon activité commerciale, je suis depuis 3 mois démarché continuellement par la Team Apple Europe. Mon Projet d’innovation technologique visant le support matériel « IPAD3 » plait beaucoup à Apple Europe. Ce dernier m’a même expédié 2 IPAD2 pour tester mon innovation technologique que sera livrée mi novembre 2011, pour le compte d’un Groupe de Presse et de leur centrale de réservation en ligne (hôtel / restaurant)

Malheureusement, à savoir pourquoi, ceux sont toujours les mêmes qui profitent des aides financières par le biais de Concours de l’innovation, de Concours Business Angel’s etc. Comment cela se fait-il? La raison la plus évidente est que le marché évolue de façon très « inhumaine », c’est d’ailleurs pour cette même raison que nos entreprises ne prospèrent pas ou plus du tout…

Les systèmes financiers conditionnent notre vie, c’est indéniable !!!

Que pouvons-nous faire contre cet état de fait ? Se battre? Résister ? Attendre ? Abandonner ?

Cordialement,

André DI CHIARA

    Philippe de Casabianca · 11 octobre 2011 à 16 h 16 min

    André

    Je comprends très bien vos passions et vos frustrations.

    J’ai l’impression que cela correspond à la tendance de Apple de développer des systèmes propriétaires, assez différents de l’esprit Web2,0 ou des licences collaboratives. Amusant de constater cela alors qu’on avait reproché il y a belle lurette cela à IBM… Mais cela me fait penser aussi à des industriels qui payent des recherches pour qu’elles n’aillent pas sur le marché…

      Booking Tables · 16 octobre 2011 à 22 h 34 min

      Bonjour Philippe,

      Effectivement, Apple a cette particularité de « protéger » ses « propriétés », et elle a tout à fait le droit.

      D’ailleurs, quand vous constatez que Apple a gagné récemment son procès contre Samsung, tout s’explique. Les enjeux sont colossaux !!! Apple distribue un « matériel » qui a exigé d’énormes investissements financiers de départ, et aussi une prise de risque énorme! Samsung arrive comme une fleur, achète un « IPAD » en fait une copie bon marché, et concurrence Apple comme bon lui semble ! 🙂

      Bien évidemment, ça ne peut pas se passer de cette façon-là.

      Et je trouve tout à fait normal que Apple défend sa marque et sa plate forme, et donc le seul moyen est de juguler tout ceci.

      Ce qui bien évidemment ne plait pas à tout le monde (certains publics)… 🙂

      Si vous déposiez un brevet quelconque vous en feriez autant Philippe. N’est-ce pas??…

      Cordialement,

      André DI CHIARA

        Philippe de Casabianca · 17 octobre 2011 à 5 h 47 min

        André

        Vous vous méprenez sur le sens de mon intervention. A dessein???

        Le créateur protège les fruits de son travail. C’est légitime à 100%.

        Ce que j’ai dit, c’est que Apple par sa façon de protéger et de créer génère des liens de dépendance qui ne correspondent pas toujours au respect de l’informatique ni du consommateur. Un exemple? Il ne me semble pas normal que les batteries des portables soient rarement amovibles. Plus de batterie? Plus d’ordinateur? Le ver est parfois dans la pomme.

Cécile · 10 octobre 2011 à 11 h 48 min

Effectivement Philippe, cet extrait est intéressant. Je crois aussi que Steve Jobs est l’incarnation du rêve américain : parti de rien dans son garage, il a fait de sa société une des plus importantes au monde. Et ce mythe de la réussite à l’américaine, où chacun a sa chance, a encore de beaux jours devant lui !

Philippe de Casabianca · 10 octobre 2011 à 11 h 06 min

Merci Cécile.

Voici ce que j’ao lu sur le Monde:

Car le « génie » de Steve Jobs réside moins dans son management ultraperformant, dans son sens de la publicité et du marketing, que dans le fait d’être parvenu à incarner dans l’inconscient de milliards de Terriens l' »esprit » à l’œuvre dans le monde dans lequel ils vivent et qui les conditionne à leur corps plus ou moins défendant. La Technique est un phénomène d’une ampleur telle qu’il est difficile pour les individus d’en discerner l’impact et les contours au quotidien, sinon par le biais de l’anecdotique mais chatoyant gadget

Un beau papier signé Mathieu Terence

Cécile · 10 octobre 2011 à 8 h 49 min

Bonjour Philippe,
article très intéressant comme toujours ! Et oui Steve Jobs était un génie… de la communication ! Il a su nous rendre tous dépendants de la Pomme ! Qui aujourd’hui n’a pas au moins un produit Apple ? Un Mac (pour les professionnels parce que ça reste encore un peu cher…), un I-Phone, un I-Pod, un I-Pad, ça fait très branché de montrer que l’on fait partie de la grande communauté Apple.
Au plaisir de vous lire !

La face cachée de la pomme | MoreThan Words | Autant en emporte la presse... | Scoop.it · 14 octobre 2011 à 0 h 08 min

[…] La face cachée de la pomme | MoreThan Words Avec Steve Jobs, le computer devient enfin personnel. Ses successeurs devront maintenant faire de l'effort de respecter la nature et les hommes. Source: http://www.morethanwords.fr […]

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