ARCHITECTURE : 5 ordres à la une et des colonnes

En réponse à l’article de Jean Luc Mercier : Les colonnes vues par l’historien d’art

« La colonne est un lien entre le monde du dessus et du dessous » tel un arbre reliant la terre au ciel ou le ciel à la terre, ainsi que l’explicite l’article de Jean Luc Mercier

« Les Colonnes soutiennent un projet comme la colonne d’un édifice ou la colonne vertébrale » comme le suggère Denis Gentile (Les Colonnes)

Pour les historiens les colonnes constituent les éléments des cinq ordres architecturaux classiques incarnant, pour beaucoup, le principe absolu de vérité et de beauté à la fois structurale et esthétique, comparable à la justesse d’une œuvre de la  nature.

La personnification des cinq ordres

Dans une sorte de progression par la taille qui s’allonge et un fût qui s’affine, une ornementation de plus en plus riche, les ordres se présentent : l’ordre toscan, le plus primitif, trapu, l’ordre dorique, sobre et martial,  lui ressemble mais prend de la hauteur, l’élégant ionique laisse la  place au corinthien, de haute taille et richement sculpté, le composite est le plus allongé, plus luxueux, plus opulent.

Vitruve, architecte romain du siècle d’Auguste, et ses suiveurs, personnalisent ces ordres en accordant au type toscan une certaine masculinité par ses proportions vigoureuses. Le style dorique est selon lui plus féminin, le corinthien tout autant mais évoquerait plus  « une jeune fille », certains l’ont qualifié de virginal ou de lascif, l’ionique serait « asexué, vieillissant, doux et calme »!

Leurs applications en seraient ainsi définies : les églises dédiées aux saints masculins extravertis et militants, comme St Georges, St Paul, St Pierre…devraient utiliser le dorique ; celles qui se consacrent à « des saintes d’un certain âge, ni trop rudes, ni trop fragiles ou à des hommes de savoir » se réserveraient l’ionique ; il revient aux vierges et particulièrement la Vierge Marie, l’ordre corinthien. Quant au type toscan il doit être appliqué aux prisons et aux fortifications…

Les ordres donnent le ton à l’architecture : un exemple célèbre

Amphithéâtres, basiliques ou arcs de triomphe romains vont se présenter comme des édifices élaborés avec des arcs et des voûtes complexes associés aux ordres antiques. Le Colisée en est la plus belle démonstration, il porte quatre ordres : dorique au rez-de-chaussée, ionique au premier étage, corinthien et enfin un ordre indéterminé spécifique à l’édifice, proche du composite, le tout dans un équilibre parfait entre l’esthétique et le fonctionnel.

L’entrecolonnement donne à l’édifice son rythme propre ; la moindre variation en détruirait le tempo et l’harmonie.

Le clin d’œil de l’historien : Le site de More Than Words propose cette « originalité classique »

Les articles du site, en fonction, de leur plus ou moins grande vigueur ou féminité, du rythme de leur composition, de leur opulence ou de leur sobriété, de leur esthétique ou de leur fonctionnalité…constitueront ces colonnes nécessaires à tout édifice où le style sera en adéquation avec les sujets traités, comme le faisait Poussin dans ses tableaux.

En établissant ces soutiens, des piliers fondateurs et des poètes qui montrent qu’ils peuvent avoir « la tête à l’envers » et pourtant les pieds sur terre, seront les architectes d’une belle aventure.

Liliane Collignon

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