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La réponse de Philippe de Casabianca à l’article de Cécile Courtais : « Egalité, balle au centre… »

L’explosion de l’accès à l’internet a donné l’impression que tout le monde pouvait devenir journaliste. Les titulaires des cartes de presse ont hurlé… et hurlent encore. Chez les communicants, finalement des cousins germains des journalistes, on a eu le même son de cloche face à ceux qui estimaient que la communication était le parent pauvre de la science, mais le digne écho de l’artiste, un autre charlot au fond.

  

Journaliste un jour, journaliste toujours m’a dit un collègue… Si on touche à ce destin du plumitif quant bien même il aurait troqué son stylo contre un micro ou une caméra, on n’échapperait donc plus à cette vocation : mettre en scène la vérité pour ses lecteurs, pour son public, le tout au nom de l’intérêt public. On changerait de travail, la greffe du journalisme serait indélébile, non comme une flétrissure mais comme un saut génétique inexpugnable.

 

Mon propos n’est pas de vérifier cette affirmation. Il est de s’interroger sur ce mur que certains chantres du journalisme et de la communication aiment à dresser entre les deux professions. Cette réflexion a fait jour en moi quand on m’a prié de me mettre en garde contre les dérives du commentaire face au sacro saint factuel. Le commentaire serait à proscrire, car subjectif et partial. Le factuel serait à vénérer car tout droit descendu de la cuisse de Jupiter transformé en dieu tutélaire de l’information. En bref, le fait, c’est vrai.

 

Je n’ai jamais complètement souscrit à cette division hermétique entre factuel et commentaire. Un article composé d’un pur factuel n’est pas pour moi forgé des ingrédients du journalisme. Un reporter, en effet, est rarement l’émetteur direct de l’information : il la recueille…des mains d’un autre. Se cantonner au factuel pur, ce n’est plus faire œuvre de journalisme, mais se limiter à une fonction de porte parole. Et encore… Un journaliste a un autre rôle que de faire le trottoir à tendre son micro aux bruissements de la vie publique.

Le journaliste est un artiste

A l’opposé, on ne demande pas plus au journaliste de brandir son point de vue comme élément d’information. On lui demande de passer le factuel au crible de capacités de commentaire, les siennes comme celles des personnes compétentes, afin d’éclairer cette information, afin de voir en quoi elle est neuve, utile et sert la vérité. La personnalisation des journalistes via les blogs dits de presse, via le vedettariat (cf par exemple Audrey Pulvar et sa sortie contre le journal Elle) participe à ce gonflement indu du nombril du commentaire. Cela n’est pas une fatalité que de confondre polémisme et journalisme. En réalité, factuel et commentaire sont membres d’une même fratrie, pourvu que lecteur puisse faire la différence.

 

Je concède que cet exercice d’équilibre n’est pas toujours évident. A cela une bonne raison : le journaliste est un artiste. Mais oui, il est créatif et doit être créatif, encore et encore. Pourquoi ? Parce qu’il doit attirer le regard et les neurones de son public. Parce que ses articles et ses sujets ne seront jamais autant lus qu’un avis de faire part de décès ou de mariage. Parce que la concurrence neuronale est féroce.

 

Pour être pédagogue et écouté, le journaliste doit donc être créatif. Sinon, il faillit à sa mission. Sinon, il ouvre la voie à tous les manipulateurs et autres communicants.

 

Mais alors, journalistes et communicants, ce sont des frères ennemis ? Pas forcément. Le fossé peut être ici creusé par les communicants qui veulent se distinguer du côté artiste des journalistes ou du côté soutier de l’information, genre intégristes du factuel. Le communicant a sa cible qu’il vise en peaufinant son message. Point.

C’est le journaliste qui tient la plume ou le micro

J’ai dit dans mon précédent article sur More Than Words ce que je pensais de cette stratégie de communication à court terme. Elle équivaut pour moi à partir à la chasse à l’éléphant avec une balle dans son fusil. En cas d’échec sur ce fameux public ciblé par des entreprises de saucissonnages scientifiques, on est mort parce qu’on pas pensé à viser le public qui est connecté à notre public principal. Et si on rate l’éléphant avec la première et unique balle, autant écrire à l’avance son épitaphe. La communication qui fonctionne doit toucher la seconde ligne de front.

 

Revenons à notre fossé qui séparerait journalistes des communicants. Ces derniers ont autant de raisons de se montrer artistes pour séduire leur public que les journalistes doivent en avoir pour convaincre de la pertinence de leurs informations. Certes, la séduction serait plus œuvre de communicant car elle joue plus sur la sensibilité. Mais ce n’est pas un absolu. Je connais des communicants qui mettent un point d’honneur être froid et ennuyeux, à être selon eux, corporate. D’un autre côté, le journaliste n’utilisera pas des dépliants pour passer ses informations. Cela constitue-il pour autant un fossé ?

 

Si différence il y a, je crois que de nombreux ponts permettent de relier ces deux professions. Le communicant souffre parfois du fait qu’il travaille pour le compte d’un donneur d’ordre. Son propos n’est donc pas le bien public. Pour autant, il ne lui est pas nécessairement opposé. Sinon, le communicant se double d’un manipulateur et cela donne du grain à moudre à ceux qui voient dans les lobbyistes et autres communicants des suppôts de la propagande. Le communicant se doit donc de rester dans les clous de la vérité pour ne pas verser dans le sillage de sa tombe. En cela, il se rapproche du journaliste.

Le gazouilli de Twitter

Il me semble que les deux professions ont tout intérêt à mieux se connaître parce que l’une a besoin de l’autre et réciproquement. J’ai entendu dire un jour qu’il ne fallait plus considérer les journalistes comme un rouage de transmission mais comme un public à part entière. Quel scoop! Quand on a dit ça, on n’est pas allé bien loin…

 

Et rien n’est plus irritant d’entendre un communicant dire à ses troupes qu’il a besoin d’histoires bien écrites à faire avaler à ses journalistes. Rappelons le, c’est encore le journaliste qui tient la plume, le micro ou la caméra. Si l’histoire est toute écrite, à quoi sert-il ? Cela n’empêche pas le communicant de présenter aux journalistes un menu où les différents ingrédients permettront de proposer un repas intéressant…signé du journaliste.

 

Alors bien sûr, cela implique que les journalistes se lèvent de leurs bureaux, éteignent leur ordinateur et vérifient. Cela implique qu’ils cessent de considérer le gazouilli de twitter comme gage de leur crédibilité. Si les communicants sont fabricants d’image, les journalistes ne sont pas pour autant paparazzi.

Philippe de Casabianca

A lire l’article de Cécile Courtais sur le même thème qui a ouvert le débat avec Philippe de Casabianca : « Egalité, balle au centre… »

25 commentaires

Rachel Bellinguez · 29 février 2012 à 17 h 10 min

Trouvé sur Viadeo cf http://www.viadeo.com/hub/forums/detaildiscussion/?action=messageDetail&containerId=002172pgdgbpazn0&forumId=0024azr7dqqa0mc&messageId=00224sq2sjvz5lgk&postId=00224sq2sjvz5lgk#00224sq2sjvz5lgk

Ayant été journaliste puis communicante, je connaît bien les deux côtés du miroir. Informer c’est transcrire au mieux la réalité, en confrontant les points de vue, en s’appuyant sur des faits et des chiffres. Une construction forcément subjective de la réalité du monde, mais dans l’objectif de témoigner. Malheureusement, il arrive que les journalistes soient soumis à des forces financières et politiques qui les contraignent à s’éloigner de la réalité pour servir des intérêts. Cela crée des conflits comme celui récent, entre la société des rédacteurs du Figaro et la direction du journal après un papier sur le programme du candidat sortant.
La communication se sert des mêmes techniques (combien de journalistes sont venus à la communication? ils suivent d’ailleurs souvent les mêmes formation de base…). Il lui arrive d’informer, mais souvent de façon partielle, et ce n’est pas, au fond, sa vocation première. La communication sert une société, une marque, un homme politique, une institution…Pour moi, le métier de communiquant est plus proche de celui d’avocat que celui de journaliste. Ce sont deux métiers différents.
Evidemment, communiquants et journalistes ont des tas de choses à raconter car leur métier les pousse à se rencontrer, leurs matière et leurs techniques sont proche. En ce sens, ce sont les mêmes oiseaux de nuit.

Rachel Bellinguez

Cécile Courtais · 7 février 2012 à 9 h 41 min

Bonjour à tous, petite phrase à méditer pour relancer le débat peut être ?
« La différence entre la pub et l’info, c’est que la pub, elle te prévient qu’elle va essayer de te séduire. »
Christian Blachas

Thierry Monasse · 3 février 2012 à 15 h 43 min

Pour les photographes aussi c’est pas facile. Entre les photos de Communications qui payent correctement et celles de presses qui rapportent rien ou presque.

laurenceperchet · 1 février 2012 à 13 h 09 min

Hier j’étais en formation à Paris, pour animer un module « les techniques de rédaction en entreprise ».
Qu’est-ce que j’ai fait ? Fidèle à mes convictions personnelles, au professionnalisme que j’essaie au mieux de mettre en oeuvre pour mes clients, et à mes formations professionnelles à… l’ESJ (!), bien que je sois communicante pure, je concocte une formation à partir de l’étude de la…pige presse !
Car en fait, tout par bien de là… Il suffit d’observer la presse, la bonne de préférence, et d’en tirer des enseignements utiles pour la gestion d’une publication… d’entreprise !
Mes stagiaires, professionnels des RH et du marketing (on pourrait aussi disserter sur la relation communicant/marketeur, ce n’est pas mal non plus dans le genre….) étaient ravis et découvraient des logiques qui leur semblaient claires comme de l’eau de roche.
Un communicant, comme un journaliste, doit sortir de son bureau, je suis entièrement d’accord avec les propos de Philippe. Twitter, c’est bien gentil, mais ça ne peut remplacer la relation humaine ! Comme tout le monde, je m’y suis mise, mais je l’utilise à dose homéopathique.
ll faut savoir qu’il y a une peur des journalistes dans les entreprises. Combien de fois ai-je entendu « Laurence, vous parlerez à ma place, je ne sens pas cet entretien, je n’aime pas les journalistes ». Certains ont pu penser que je faisais barrage à la vérité comme consultante représentante du discours de certains clients ? Ils ont eu tord. Avec moi, tout en respectant le contrat d’informations avec mes clients, c’est la base, ils ont pu accéder à des informations qu’ils n’auraient jamais eu en temps normal… Ca, personne ne le dit jamais ! On préfère retenir l’histoire, Philippe, du communicant qui explique mettre au point une histoire bien ficelée à faire avaler au journaliste.
Moi, je ne suis ni pour, ni contre personne. Je suis pour la communication. Comme tous ceux qui aiment ce métier. Et je continue d’affirmer, comme je l’ai expliqué dans l’article de Cécile, avec lequel je suis d’accord, qu’on nous demande toujours plus de créativité. Mais, jusqu’où ?

Cécile Courtais · 1 février 2012 à 9 h 10 min

A lire en écoutant ceci : http://www.youtube.com/watch?v=SkSxXdAvICQ

Lettre à Philippe

Cher Philippe,

Je vous écris de Montpellier où la neige n’a pas encore commencé à tomber. Je vous avoue que je m’inquiétais un peu hier car je ne voyais venir aucune réaction de votre part. J’avais beau parcourir les journaux, je ne voyais aucune catastrophe qui serait arrivée à Bruxelles… Je préfère penser que vous étiez bien occupé. Je voudrais aussi m’excuser de ne pas avoir répondu à vos gazouillis. Quel taquin vous faites, toujours un clin d’œil ironique dans ces 140 caractères, je reconnais bien là votre plume de journaliste ! J’étais à une soirée de remise de l’annuaire du Club de la presse des journalistes et « communicants ». Encore ce mot ! Ce moment était animé par une pièce de théâtre au titre évocateur : « sur quoi, on ouvre chef ? ». J’avais l’impression que vous étiez assis à mes côtés dans cette salle tant les propos que j’entendais rejoignaient tout ce sur quoi nous avions échangé. C’était l’histoire du service « informations générales » d’un quotidien, où les journalistes se sentent frustrés parce que leur rubrique est un peu la dernière roue du carrosse. Une jeune stagiaire vient passer quelque temps et découvre que l’image qu’elle avait du journalisme n’était qu’illusion. Elle qui croyait en l’objectivité, la vérification des informations, la diffusion de toutes les nouvelles AFP et Reuters sans sélection, est bien déçue… Alors, je pensais à vous en écoutant les acteurs et je me disais que peut être, les journalistes aujourd’hui sont comme cette jeune stagiaire, plein d’illusions déçues. Cher Philippe, nos échanges et nos joutes verbales me manquent, j’espère qu’ils reprendront dès que votre agenda vous le permettra. Encore quelques lignes avant de vous quitter. Quand je pense à vous, je pense à Bruxelles, cette merveilleuse cité que j’ai arpentée bien des fois. A l’époque, je n’avais qu’une paire de souliers et je les ai bien usés… J’espère un jour vous y retrouver et vous inviter dans un de ces restaurants où ils servent un waterzoï succulent ou encore autour d’une bière au parfum enivrant…

Bien à vous.
Cécile

P.S. : comment qualifieriez-vous ma missive ? De créative, poétique ou encore artistique ? Quant à moi, je n’utiliserais aucun de ces adjectifs. Elle n’est pas créative, je n’ai fait que raconter ma soirée, j’ai juste utilisé un concept, la lettre épistolaire et je l’ai illustré avec une musique pour renforcer l’idée. Elle n’est pas poétique, les quelques rimes sont pauvres et peu recherchées. Elle n’est pas artistique, je n’aurais jamais cette prétention !

    Philippe de Casabianca · 2 février 2012 à 9 h 36 min

    Votre missive reprend sans doute les notes de l’art épistolaire, malheureusement un brin tombé en désuétude.

    Je me retrouve bien dans le contenu de votre soirée. L’AFP est bien utile comme filet de sécurité mais je ne suis pas sûr qu’elle fasse le même travail que tous les journalistes de terrain. Ce n’est pas la Bible! Et quand ils se bornent à reprendre les paroles des uns et des autres, où est le journalisme. Certains de mes chefs m’ont demandé si j’étais sûr de mes infos car l’AFP n’en parlait pas…

      Cécile Courtais · 2 février 2012 à 11 h 47 min

      Bonjour Philippe, comment allez-vous ? Ma missive est peut être un brin désuète mais elle n’avait qu’un objectif : vous faire réagir ainsi que vos confrères. Malheureusement, elle n’a pas eu l’effet recherché… Et je constate qu’une fois encore, vous ne vous arrêtez que sur un point en particulier alors que j’avais soulevé bien d’autres sujets. Bonne journée !

        Philippe de Casabianca · 2 février 2012 à 12 h 44 min

        Chère Cécile,
        Je sais bien que les mots sur internet ont la force percutante d’une image… Mais tout de même, quand je parle d’art désuet, n’oubliez pas de lire que je déplore cette désuétude.
        Les journalistes n’ont pas réagi? Peut-être pas encore. Mais n’oubliez pas qu’ils courent aussi après l’information et pas seulement après notre blog… C’est pour cela que l’aide des communicants peut leur être parfois utile. Même s’ils s’en défendent…
        Je n’ai pas réagi à toutes vos questions? Lesquelles attendent donc une réponse? Non, il n’y a pas eu de séisme à Bruxelles. Rassurée?

Cecile Courtais · 30 janvier 2012 à 21 h 04 min

Bonsoir Philippe, bonsoir à tous, désolée de ce petit intermède mais les journées sont toujours trop courtes ! Alors, j’aimerais qu’on fasse un petit point pour continuer ensuite à répondre aux bonnes questions :
1) J’ai écrit mon article car j’éprouve comme tant d’autres professionnels de la communication, une tendance réductrice de nos métiers de la part des journalistes.
2) Cette tendance conduit d’après moi à un déficit de l’image de nos métiers.
3) L’amalgame entre journalistes et concepteurs rédacteurs est manifeste.
4) Un journaliste n’a pas à être créatif mais peut faire preuve d’originalité, ce n’est pas pareil.
5) Les commentaires de mon article renforcent l’idée que la créativité est une qualité inhérente aux professionnels de la communication et que nous ne nous considérons nullement comme des artistes.
Ensuite, vous avez présenté votre article comme une réponse au mien, vous précisez que :
1) Certains dressent un mur entre journalistes et professionnels de la communication.
2) Un journaliste est un artiste et doit être créatif.
3) Un professionnel de la communication doit aussi se montrer artiste.
4) Les 2 professions ont intérêt à mieux se connaitre.
Conclusion (non définitive bien entendu !) :
– S’il peut y avoir un mur entre nous c’est à cause de cette tendance réductrice.
– L’amalgame communication = attaché de presse pour les journalistes est un frein.
– Il faut redéfinir la créativité et la différencier de l’originalité.
– Laissons le côté artistique aux vrais artistes : peintres, sculpteurs, poètes…
– Oui, nous avons intérêt à mieux nous connaitre mais au vu des commentaires, je pense qu’il y a plus de chemin à parcourir de votre côté que du nôtre.
Voici le fruit de mes réflexions pour ce soir, en espérant que nous continuerons à dialoguer, échanger et surtout avancer dès demain !
Je précise que je vais poster ces quelques lignes en commentaire de mon article afin que ceux qui m’ont lue découvrent aussi votre article.
Bonne soirée !

    Philippe de Casabianca · 30 janvier 2012 à 22 h 50 min

    C’est à Denis Gentile que nous devons ce ping pong, cette présentation d’articles liés, et je l’en remercie: je crois sincèrement que les joutes ou échanges verbaux de ce type peuvent être agréables et fructueux enrichissements.

    Comme vous l’aurez sans doute remarqué, mon article fait écho au votre mais il peut lui arriver d’énoncer des généralités ou des retours d’expériences réveillés par lui et pas forcément créés par lui. Ainsi, quand je parle de mur entre journalistes et communicants, je fais davantage référence à ma propre expérience, ce que j’ai entendu. Etant actif des deux côtés de la barrière, étant peut être un peu passe muraille, je ne prends donc pas à mon compte la création de ce mur. Mais il me semble que vos aussi souhaitez être quelque part passe muraille. Bienvenue donc.

    Je vous suis sur bien des points. Mais pas sur la créativité du journaliste qui est pour moi essentielle. Sinon, il court le risque d’ennuyer son auditoire ou de n’être que simple porte parole. Le journaliste crée à la manière de Lavoisier: rien ne se crée mais tout se transforme. Le journaliste est d’une certaine manière un metteur en scène et ce n’est pas le rabaisser que de le voir sous cet angle. C’est un vrai intérêt de travailler pour lui avec des communicants pourvu qu’il n’oublie pas son sens critique. Les communicants font une partie du travail, apportent une partie de la vérité. A lui de se bouger aussi. Quand le communicant apporte au journalistes différentes données, différentes images, différents messages et qu’il en titre SON article, alors il est créateur… mais pas forcément original.

    Je suis ravi d’avoir du chemin à parcourir. Et si la route peut être longue, je ne m’en soucie pas trop. J’ai deux paires de chaussures, l’une pour le journalisme, l’autre pour la communication. Et tant mieux si les étoiles sont loin de moi: j’ai le plus beau toit dont on puisse rêver au dessus de mes piliers.

      Cécile Courtais · 31 janvier 2012 à 8 h 58 min

      Bonjour Philippe, bonjour à tous, je suis aussi ravie de participer à cet échange et je pense comme vous que cette expérience peut s’avérer très enrichissante. Mais avant de répondre aux points que vous abordez dans votre dernier commentaire, je voudrais faire un petit constat : si certains professionnels de la communication ont réagi à nos articles, aucun journaliste n’a participé. Le débat se fait beaucoup entre vous et moi, c’est dommage, il nous manque des intervenants dans le monde de l’information. J’imagine que vous en avez parlé autour de vous, que vous avez diffusé l’info, qu’en disent vos confrères journalistes ? Pourquoi ne viennent-ils pas débattre ? Plus il y aura de réactions, mieux ce sera ! On ouvrira alors le débat. A plus tard.

Cécile Courtais · 30 janvier 2012 à 14 h 16 min

Re-bonjour, cher Philippe, je connais bien Delphine et j’adore travailler avec elle, elle possède un sens inné de la créativité… Je crois surtout qu’elle a voulu elle aussi défendre nos métiers qui sont parfois mis à mal par la presse. C’était ça son message. Maintenant, quand je lis votre réponse, j’ai l’impression qu’on s’éloigne de ce qui différencie More Than Words d’un autre blog : on va vite tomber dans la polémique et ce n’est pas le but, l’objectif premier était de (re)définir nos métiers… De s’ouvrir… On essaie ?

    Philippe de Casabianca · 30 janvier 2012 à 14 h 38 min

    Avoir des points de vue différents ne me semble pas mettre de l’huile sur le feu, moi qui exerce tant du côté de la communication que de la presse…

    Nous pouvons effectivement distinguer et dire qu’il y a plusieurs chapelle dans l’église de l’information et de la communication.

    Quand je dis que je suis communicant, on ne me regarde pas avec des yeux ronds. Oui, la presse vilipende parfois les communicants et encore plus les lobbyistes… Et que ferait les hommes politiques sans les lobbies qui défendent leurs intérêts mais qui aussi expliquent…?

      Cécile Courtais · 30 janvier 2012 à 14 h 50 min

      Soit mais je pense qu’on s’éloigne du sujet, il faudrait recentrer le débat… Revenir aux fondamentaux.

        Philippe de Casabianca · 30 janvier 2012 à 15 h 03 min

        Une balle est faite pour bouger. Elle ne peut rester éternellement au centre. Mais je suis ravi de continuer le débat sur tel ou tel autre point de votre choix.

          Cécile Courtais · 30 janvier 2012 à 15 h 43 min

          Alors, après avoir relu nos 2 articles et les différents commentaires, j’ai envie de poser les 2 questions suivantes : Pourquoi réduire les métiers de la communication aux seuls attachés de presse avec qui les journalistes sont en contact ? Quelle est la définition et la mission du journaliste aujourd’hui ? Au plaisir de vous lire. Question subsidiaire : vous avez un profil Facebook ? Je vous ai cherché mais ne vous ai pas trouvé.

          Philippe de Casabianca · 30 janvier 2012 à 15 h 56 min

          Vous avez tout à fait raison. Il ne faut pas réduire la chaîne de communication et d’information à ses stades quasi ultimes. L’amont à toute sa part de dignité et de créativité.

          Sur la définition du journaliste, nous nous embarquons dans un autre débat si nous voulons vraiment l’approfondir. Mais je ne vais pas me dérober.

          Dit rapidement, le journalisme est un traqueur d’information qu’il doit vulgariser en fonction de son public. Cette vulgarisation doit placer les informations dans leur contexte en tentant de comprendre quel intérêt peut avoir la source à parler. Cette vulgarisation doit donc passer par des filtres et des philtres pour conjuguer rigueur et stimulation de l’information. Ce travail doit permettre au lecteur de se faire sa propre opinion.

          Voilà, on peut encore creuser des jours et des jours. Mais c’est un début.

          Non, je ne suis pas sur FB.

Delphine Sauret · 30 janvier 2012 à 13 h 17 min

Je me joins au débat ! Je suis du donc du côté des « communicants » puisque je suis graphiste. Le côté « manipulateur » m’a fait du mal aussi, moi qui ait une sensibilité d’artiste (;-)) et le besoin de croire en mes clients et de les écouter avec attention pour retranscrire au mieux ce qu’ils sont et ce qu’ils ont à dire 😉 ! D’autant, que j’ai le malheur de penser que la presse nous manipule aussi pas mal quand même quand il s’agit de faire suivre un peuple (ou les lecteurs) ou de le(s) diviser… Bon, j’ai fait ma vilaine alors retournons au débat.
Ce qui me gêne le plus dans ce match, c’est qu’il est appuyé par des petites phrases de journalistes que l’on peut lire et qui positionnerait les journalistes reconvertis en communicants comme les « meilleurs » communicants ! D’abord ils ouvrent sur un esprit de compétition, qui là, n’est pas très approprié. Nous ne faisons pas le même métier, nous n’avons pas les mêmes formations et nos productions n’ont pas les mêmes finalités. De plus, être « communicant » comme le dit Cécile, ça ne veut rien dire. En revanche être concepteur-rédacteur, graphiste, attaché(e) de presse, chargé(e) de communication… là de suite c’est plus clair, plus concret. Et puis, je me demande vraiment à quoi sert-il d’annoncer des choses pareilles ? J’ai comme l’impression qu’il n’y a pas de souhait de faire équipe, d’aller de concert… Ce que les « communicants » sont obligés de faire car que serait un chargé de communication sans son webmaster et son graphiste, ou son chargé de relation presse ou encore son concepteur-rédacteur ? Je crois qu’il y a à manger pour tout le monde, et que ce monde là serait plus serein si chacun reconnaissait à sa juste valeur le métier de l’autre. Et enfin, l’information et la communication sont deux choses bien distinctes. D’où les métiers de l’information et les métiers de la communication. Et dans tous les cas, des professionnels dans les deux catégories ! Balle au centre !

ps : les politiques, les commerciaux, les médecins, les abeilles, les fourmis…sont de très bons communicants, doit-on les intégrer au débat ? 😉

    Philippe de Casabianca · 30 janvier 2012 à 14 h 04 min

    Mais lisez moi! Je ne traite les communicants de manipulateurs que lorsqu’ils s’écartent de la vérité. Pas lorsqu’ils la mettent en scène. Je passe aussi par là. Que la presse manipule, probablement oarfois, et c’est là un danger à éviter, un risque commun.
    Je n’ai jamais dit que les meilleurs communicants étaient d’anciens journalistes. Mais au moins, ils connaissent les vrais besoins de ces interlocuteurs.

    Oui, communicant, c’est le point commun des professions que vous décrivez. Une forme de substantif.

    Qu’info et comm soient distinctes, certes, mais pas antagonistes ni étanches.

    Intégrer d’autres petites bêtes au débat? Mais avec le plus grand des plaisirs. Il me semble que certains ne s’en privent pas.

      Delphine Sauret · 30 janvier 2012 à 15 h 38 min

      Aïe, je tique encore là-dessus : « Mais au moins, ils connaissent les vrais besoins de ces interlocuteurs. »…Donc je ravale ma langue, et je m’étouffe ! J’ai l’espoir de penser qu’autant les « communicants » que les journalistes connaissent (car c’est la base) les vrais besoins de leur interlocuteur, sinon cela revient à mettre des coups d’épée dans l’eau et on s’éloigne du professionnalisme.
      Ensuite, et c’est justement ce que l’on désire le plus sincèrement, « Qu’info et comm soient distinctes, certes, mais pas antagonistes ni étanches »… Les communicants aimeraient beaucoup travailler de concert avec les journalistes… Vraiment, beaucoup…;-)
      Et là d’un coup, j’ai envie de citer Voltaire, même si on n’est pas dans le coeur de notre débat :« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » C’est peut-être là que l’on pourrait se rejoindre, journalistes et communicants. Les uns avec leurs mots, les autres avec leurs formes pour livrer de « beaux » et impactants messages en bonne et due forme !

        Philippe de Casabianca · 30 janvier 2012 à 15 h 47 min

        Je comprends bien, chère Delphine, que vous tiquiez. Vous avez raison de croire en cette nécessité de connaitre les besoins de ses interlocuteurs. Mais ce n’est pas toujours le cas. C’est l’exemple que je cite sur la manie de vouloir livrer des histoires clés en main…ça, ça alimente la méfiance du journaliste…

        Oui, comme journaliste, je me suis fait bien courtiser par les communicants et…je n’ai pas trouvé ça désagréable, sans y perdre mon âme…

        Pour Voltaire, pourquoi pas? Mais pas facile en ce moment où le Parlement se met à dire ce qui est vérité historique et ce qui ne l’est pas. Que penser alors de http://www.morethanwords.fr/2011/11/faut-il-encore-dissiper-les-brouillards-de-1914/ ??

Cécile Courtais · 30 janvier 2012 à 12 h 28 min

Cher Philippe, merci d’avoir pris le temps de me répondre. Pas de souci entre nous, je ne perçois pas votre article comme une attaque personnelle ni comme un tir de barrage au mien ! Je tiens vraiment à ouvrir le débat autour du terme « communicant » car je l’estime restrictif, imaginez un peu si on changeait les noms de certains métiers avec un participe présent… Et oui on déforme la vérité étant donné qu’on l’embellit ! Mais ça on l’assume à 200% ! Je ne me considère pas comme une artiste et je ne considère pas le journaliste non plus comme un artiste, dans le sens ou je sais que j’ai des impératifs commerciaux et que pour moi, un journaliste a pour premier impératif d’informer et ne doit donc pas s’embarrasser de mise en scène. Si vous avez un peu de temps, n’hésitez pas à découvrir les commentaires sur mon article, ils sont très instructifs…

Cécile Courtais · 30 janvier 2012 à 10 h 52 min

Bonjour cher Philippe, et merci pour votre article, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Vous ne serez pas étonné que je vous réponde dès maintenant. Il y a plusieurs points sur lesquels j’aimerais revenir. Tout d’abord, je constate avec un peu de tristesse, je vous l’avoue, que vous aussi, employez ce terme de communicant. Quel dommage de tomber dans cet écueil réducteur, d’assimiler la richesse et la diversité de nos métiers aux seuls communicants, en l’occurrence les attachés de presse, que vous côtoyez. En effet, c’est au final le journaliste qui signe, mais n’oubliez pas que c’est l’attaché de presse qui lui a fourni la matière…

Ensuite, je n’ai jamais considéré qu’il y avait « un fossé qui séparerait les journalistes et les communicants », mais je dirais plutôt que les journalistes voient « les Pros de la Com » comme leur parent pauvre. D’autre part, je vous cite : « le journaliste est un artiste. Mais oui, il est créatif et doit être créatif… », plus loin : « Pour être pédagogue et écouté, le journaliste doit donc être créatif. Sinon, il ouvre la voie à tous les manipulateurs et autres communicants ». Ca, c’est pas gentil de nous accoler au terme « manipulateurs »… Et enfin : « Ces derniers (les communicants) ont autant de raisons de se montrer artistes pour séduire leur public que les journalistes doivent en avoir pour convaincre de la pertinence de leurs informations ». Sachez tout d’abord que je ne connais pas de Pro de la Com qui se considère comme un artiste, y’en a qui ont essayé, mais ils n’ont pas fait long feu. Non, nous ne sommes pas des artistes, nous sommes créatifs car de la créativité naissent les idées et les concepts. Et je suis assez surprise de lire qu’un journaliste est un artiste. Un Pro de la Com doit aussi avoir les pieds sur terre, et ce sont ceux-là qui durent, contrairement aux prétendus artistes.

Enfin, je terminerai par 2 autres mentions. La première : « le communicant souffre parfois du fait qu’il travaille pour le compte d’un donneur d’ordre ». Je vous rassure tout de suite, je ne souffre pas du tout, d’ailleurs, depuis que je suis free-lance et que je fonctionne comme vous le décrivez, je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau. Et enfin : « Le communicant se doit de rester dans les clous de la vérité… En cela, il se rapproche du journaliste ». Oui bien sûr, on ne va pas affirmer des éléments totalement faux mais on embellit la vérité, on la sublime, parce que notre objectif est de vendre, comme je l’ai écrit, une image, un produit… Dans ces cas-là, on ne se rapproche pas du journaliste mais on s’en éloigne plutôt.

J’espère que vous aurez un peu de temps pour me répondre et que nous continuerons cet échange pour enrichir notre réflexion. Mon seul but étant de faire avancer les choses, de faire changer le regard des autres.
Bien à vous.

    Philippe de Casabianca · 30 janvier 2012 à 11 h 09 min

    Chère Cécile,

    Il ne faut pas voir dans ma réponse une attaque personnelle ni d’ailleurs un tir de barrage contre votre propre article. Je suis passé des deux côtés de la barrière, journaliste et communicant, je prends tout ce débat avec intérêt et si je me fais écho de ce que j’ai pu entendre, je n’y adhère pas forcément. J’espère bien l’avoir précisé dans le texte de mon article.

    J’avoue ne pas sentir le côté péjoratif accolé au « communicant ». Si jamais il y était, alors je me rappellerais volontiers de l’opprobre accolé à celui de journaliste, vous savez, celui qui raconte n’importe quoi. Je n’ai pas dit qu’un communicant était un manipulateur mais qu’il le devenait s’il déformait la vérité. Nuance, nuance…

    Là où nos vues divergent donc, c’est sur le côté artiste que je reconnais aux deux professions. Journalistes et communicants doivent faire jouer leur sensibilité pour toucher celles de leurs publics. C’est au moins en cela qu’ils sont artistes. Ils doivent aussi toucher la raison, et là, je vous le concède, ce n’est plus le côté artiste qui joue. Les uns et les autres mettent en scène la vérité: ils la transfigurent pour la rendre intéressante et séduisante. Pas de séduction, mais alors, à quoi bon la vérité? Et vive la littérature…

Qui veut la peau du journaliste ? | MoreThan Words « Casting Télé · 31 janvier 2012 à 8 h 55 min

[…] flétrissure mais comme un saut génétique inexpugnable……………….Via http://www.morethanwords.fr Share […]

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