Cet article est re-publié à l’occasion du lancement du groupe sur Facebook #jeblogue. Il revient sur les origines de ce concept. Le blog est comme un commerce de proximité dont on connaît le patron et les vendeurs.
La devise du web : tout et tout de suite ! Il y a vraiment de tout. On y va pour une chose et on repart avec une grande quantité d’autres informations. Ca ne vous rappelle rien ? Le supermarché ! Vous y allez pour acheter du lait et du café, vous repartez avec une télé ! Quel est l’avantage du web sur le supermarché ? Tout est gratuit ! Réflexions.
Commençons par tempérer nos propos. Tout n’est pas gratuit sur le web. Cela a été la grande tentation des premiers temps. Le symbole de cette époque a été Napster : la musique en téléchargement gratuit, violant impunément les droits d’auteur jusqu’en 2001.
Aujourd’hui, le roi du marché est iTunes d’Apple. La musique est moins chère et se télécharge directement sur votre ordinateur. Un procédé plus écologique puisqu’il évite la production de Compact Disc (polycarbonate et aluminium du disque, plastique du boîtier), le transport et le stockage. Tout n’est pas si noir au niveau écologique chez Apple.
Mais cette même tentation pourrait aujourd’hui toucher l’industrie du livre avec l’avènement de l’iPad et autres tablettes. Les droits d’auteur sont une liberté fondamentale. Espérons que l’expérience de la musique nous serve de leçon.
Le web favorise la sincérité
Tout n’est pas vraiment gratuit, mais ça reste quand même meilleur marché. Notamment grâce aux comparateurs de prix. La concurrence se joue au grand jour. Il est difficile pour les marques et les marchands de tricher. Il ne suffit plus de s’afficher présomptueusement dans un slogan du genre : « Le pays où la vie est moins chère ! »
C’est immédiatement vérifiable. Le web favorise, d’une certaine façon, la sincérité.
La prise de conscience que tout ne peut pas être gratuit est un signe de maturité du web. Il doit permettre de franchir une nouvelle étape. Et là, nous allons rejoindre le thème de notre précédent article. Cette maturité nouvelle peut transformer l’iPad ! En effet, d’un simple et coûteux gadget, il peut devenir un objet utile qui va influencer durablement notre mode de vie. Explication par l’exemple.
Avant même l’avènement du web, dans les années 80, les journaux étaient en crise. On ne compte plus les plans de sauvetage de France-soir, de Libération, du Monde ou les nouvelles maquettes du Figaro. La diffusion des informations via le web est venue amplifier cette situation défavorable.
La solution n’a jamais été trouvée : l’introduction des photos dans les pages du Monde, une ligne éditoriale nouvelle plus proche des gens, le côté politique plus marqué à gauche ou à droite, des suppléments offerts, des encyclopédies à prix réduits, etc. On ne faisait qu’ajouter de nouvelles dépenses à un budget déjà déficitaire. Les coûts de développement, de fabrication, de transport et de distribution n’en devenaient que plus élevés.
Les jours (c’est le cas de le dire) des journaux sont comptés. Des études parlent d’une fin programmée d’ici une quinzaine d’années en France. Il faut envisager ce scénario comme une évolution et comme la vraie solution à la longue crise de la presse écrite.
Un coût modéré pour l’acheteur, qui a enfin pris conscience que le web peut être payant, et un moyen de diffusion attrayant et pratique, la fameuse tablette électronique. Le modèle du journal de demain, c’est le blog. Une révolution culturelle que nous avons développé dans l’article : « le blog est l’avenir de la presse écrite ou de l’imagination naît le futur ! »
Le blog est un commerce de proximité
Mais revenons à notre supermarché. On y trouve de tout. C’est certain. Dès l’entrée, on vous propose des promotions et des produits non alimentaires. Ce parcours est étudié pour vous donner envie d’acheter plus de choses que prévues. Vous dépensez plus. Presque contraint. Résultat ? Moins d’argent en poche, un appauvrissement !
Sur le web aussi, on trouve de tout. Vous cherchez une réponse et vous vous retrouvez à naviguer un peu partout. Vous en apprenez plus sur des sujets aussi variés que futiles. C’est selon vos intérêts. A la fin, vous en savez plus. Un excès de zèle en quelque sorte. Plus d’informations, c’est un enrichissement !
Autre différence entre le supermarché et le web, le blog. Le blog ressemble plus au commerce de proximité. On connaît le patron et les vendeurs. Ils habitent près de chez vous et vous appréciez leurs produits. Pain, viennoiseries, fruits, légumes, viande, jambon, journal, chaussures, lunettes, chemise, photocopies, etc. Vous allez chez eux dans un but précis et vous ne ressortez pas avec un nouvel aspirateur !
C’est la même chose avec les blogs. Vous recherchez les connaissances ou le savoir-faire d’une personne que vous connaissez ou que vous allez apprendre à connaître. Celle-ci se présente à vous et ne se cache pas derrière des rayons remplis de marchandises. Il n’est pas nécessairement votre ami, mais ses compétences et son expérience font de lui une référence dans son domaine. Et en plus, tout est gratuit !
Les vrais blogs qui répondent à cette description sont surtout ceux des passionnés. Ils trouvent là le meilleur moyen de partager leur passion. Les entreprises auraient beaucoup à gagner en développant ce type de blog. C’est ce que notre bon petit rédacteur voudrait faire passer comme message à travers cet article.
Cet article est inspiré des commentaires de la discussion sur Viadeo : Le livre est-il moins écolo que l’iPad ? L’environnement au coeur du débat.
Denis Gentile
21 commentaires
Guy Couturier · 1 septembre 2015 à 6 h 34 min
Bonjour Denis,
Toujours aussi pertinent!
J’aime bien la comparaison entre un Blog et le commerce de proximité, le blogueur représente bien l’artisan qui oeuvre pour un Client, et qui engage sa propre réputation.
Eric · 23 janvier 2014 à 10 h 12 min
Merci Denis pour cet article montrant la blogosphère qui cumul les avantages du super marché et du commerce de proximité. Mais l’effet blog qui cristalise les forces des liens horizontaux est aussi le nouveau terrain de nouvelles aventures humaines du 21 ieme siecle. Et bravo pour l’initiative #Jeblogue a laquelle j’essaye d’apporter ma contribution comme le petit colibri de la légende Amérindienne : je fais ma part du mieux que je peux
Béatrice · 17 mars 2011 à 21 h 43 min
Bonjour,
Je viens de lire cet article j’ai bien aimé l’originalité des images utilisées, c’est agréable à lire, c’est fluide.
Pour intervenir sur les idées, je dirais que personnellement mes lectures sur le net sont axées vers la recherche d’informations (les plus actuelles possibles), que ce soit dans le cadre d’un achat, ou pour les actualités du jour, ou encore pour me documenter. La lecture « papier » sera quant à elle plutôt un loisir, à la recherche du rêve …
Ce serait la différence entre faire ses courses hebdomadaires et ramasser des champignons dans la forêt … !
Denis · 17 mars 2011 à 16 h 53 min
Je tiens à remercier tous les lecteurs de cet article. Vous êtes très, très nombreux ! Merci aussi pour vos commentaires privés et publiés.
Comme annoncé dans l’article, je vous donne rendez-vous LUNDI 21 MARS pour mon nouvel article. Ce sera un jour spécial pour moi et je tenais à publier un article qui me tient énormément à coeur. J’espère que vous éprouverez autant d’intérêt et de plaisir que j’en ai eu à le concevoir et à l’écrire.
à bientôt sur NetZ.
Philippe de Casabianca · 16 mars 2011 à 18 h 31 min
Cet article témoigne de la capacité de Denis à rebondir et à recycler de l’information, bref, à être un journaliste. Car d’une manière ou d’une autre, les journalistes recyclent et rares sont les journalistes d’investigation. Je ne suis pas certain qu’internet ait amélioré la situation en la matière.
Je pense aussi qu’on ne peut pas considérer le journalisme avant et après la généralisation de l’internet de la même manière. Là aussi, Denis je vous suis. Cela oblige à mon sens les journalistes à un sursaut de qualité, voire de modestie (les journalistes ne sont pas propriétaires de l’info) et, surtout, surtout à éviter le journalisme derrière son seul écran et sur son seul siège. Le risque avec ce pseudo journalisme de salon, c’est de n’être que porte parole des autres. Internet favorise mais ne crée pas cette tendance.
Cependant, je vous suis tout de même moins ici:
« Les jours (c’est le cas de le dire) des journaux sont comptés. Des études parlent d’une fin programmée d’ici une quinzaine d’années en France. Il faut envisager ce scénario comme une évolution et comme la vraie solution à la longue crise de la presse écrite. »
Cette citation m’amène à quelques remarques:
– La situation des média n’est pas la même dans un pays et dans un autre. En France elle est mauvaise, en Allemagne, au Royaume Uni ou aux Etats Unis, des Etats pourtant pas à la traîne en termes de NTIC, les journaux papiers se vendent encore au kilo le week end.
– Vous citez des études annonçant la disparition de la presse papier d’ici 15 ans. C’est possible. Mais cela reste de la prospective, tout rationnelle qu’elles fût.
– Certes, les blogs fleurissent ça et là et témoignent d’une extraordinaire créativité. Tant mieux. Le seul problème qu’il y a à les assimiler à des organes de presse, c’est qu’en cas d’erreur ou de médiocrité, ils ne sont pas sanctionnés comme peut l’être un journaliste papier ou TV.
Mathieu LB · 16 mars 2011 à 17 h 27 min
Je pense qu’il y a aussi une autre raison au succès des blogs. La presse est souvent critiqué sur ses choix d’expression, certains se disent objectifs mais qui mérite vraiment cette appellation ? Quand on voit la présentation d’un produit sur un site marchand, on se dit toujours « oui mais il ne parle que des qualités » normal, son rôle est de vendre. Le bloggueur n’a pas cet aspect là en tête, il est comme une agence indépendante qui travail en parallèle d’une agence gouvernementale. De ce fait, on donne plus de crédit au bloggueur qu’au site marchand. D’autant plus que, lorsque l’on cherche bien, on va trouver un bloggueur qui aura notre même centre d’intérêt, notre meme vision des choses, bref, son avis nous toucheras plus facilement, et c’est là que s’installe cette sorte de proximité qui nous rappel les commerces de quartier.
Yohan · 16 mars 2011 à 14 h 57 min
On découvre les talents de Denis de jour en jour ! Mon journal, j’étais abonné 6 mois, trop coûteux, pas écolo, bref je me suis mis à la lecture sur le WEB.
Philippe J. · 11 mars 2011 à 14 h 56 min
Article intéressant qui rejoint, d’une certaine façon, ma vision de Internet.
Mais plutôt que de supermarché, Internet possède, AMHA, une structure similaire à notre planète avec ses pays, ses villes, ses commerces (grands ou petits) et ses habitants.
L’avantage de se promener sur la planète Internet est que les déplacement y sont quasi-instantanés ! 🙂
Pascale · 11 mars 2011 à 9 h 49 min
Merci Denis pour cet article qui porte à réfléchir sur l’air du temps et nos comportements.
Egalement merci pour vos propos au sujet des blogs : ceux des membres de la rédaction de NETZ sont d’une qualité rare ! Que de travail (et d’intelligence appliquée) pour tendre vers un tel résultat…
Nawel · 11 mars 2011 à 7 h 51 min
Bonjour Denis, comme promis j’ai pris le temps de le lire ton article, car je suis en forme c’est le début de la journée.
J’ai beaucoup apprécié la comparaison entre le web et le supermarché.
Ce que je pourrai ajouter pour l’un et l’autre, que je peux confirmer, quand on est fatigué nous ne faisons pas les bons achats dans un supermarché, nous lisons mal sur le web.
Donc soyons en forme pour bien sélectionner du web, et faire aussi de bons achats au supermarché.
Du talent, et beaucoup d’imagination, Denis félicitations.
Nawel d’Algérie.
Marie-Pierre Gouaux · 10 mars 2011 à 22 h 06 min
Merci, la corrélation est excellente. L’évolution du web n’est-elle pas notre responsabilité? Que les USA soient en avance et nous en retard, c’est peut etre une perception, quelque chose qui evolue differemment dans un pays qui est a la taille d’un continent? Ce qui me gene un peu sur le web est l’absence de critere de qualite.. qualite des informations !
Patricia · 10 mars 2011 à 21 h 50 min
Ca me plaît aussi cette notion de commerce de proximité. On sait aussi tous aujourd’hui que les « dépanneurs » sont hyper utiles quand il s’agit d’aller chercher une info de dernière minute. Il ne reste plus qu’à la mettre au four et le tour est joué. Mais, revenons à nos moutons, car déjà, par je ne sais quelle magie, ma barque a dérivé… « Le supermarché ! Dites-vous Denis, vous y allez pour acheter du lait et du café, vous repartez avec une télé ! Quel est l’avantage du web sur le supermarché ? Tout est gratuit ! Réflexions. » Aïe ! A mes yeux cette gratuité est une illusion et son coût est plutôt élevé en terme d’équilibre : le temps dépensé à se perdre dans d’autres rayons, fait que nous passons à côté de l’essentiel : soi-même. Toutes les écoles s’accordent pour nous rappeler les bienfaits d’une attention consciente afin de retrouver la liberté. Alors, le web, un piège pour baroudeurs ?
de Pace · 10 mars 2011 à 18 h 45 min
Bonjour,
Merci pour cet article fort instructif…
Je vous invite aussi sur mon Blogue et sur le Forum qui y est joint pour vous faire aussi une idée de notre travail et nos passions : http://santeauquotidien.wordpress.com
…et suivez-nous aussi sur TWITTER : http://twitter.com/Bienetre_INFOS
Moi ? Mais je vous suis déjà…!
Cordialement votre,
William
Eric · 10 mars 2011 à 16 h 10 min
Bravo Denis pour ce parallèle. J’aime l’idée que les blogues deviennent des îles de sincérité et d’authenticité aux milieux des océans du web. Des espaces à échelle humaine où les voyageurs pourront venir se reposer de tous les influences des quatre coins du monde. J’ai twitté le lien.
Sandie · 10 mars 2011 à 14 h 09 min
J’aime beaucoup le parallèle que tu fais entre le web et un supermarché avec les blogs comme un commerce de proximité.
Les lecteurs accordent surement plus leur confiance aux blogueurs, experts dans leur domaine. Un peu de la même que l’on va chez le fleuriste et non en hypermarché lorsqu’on souhaite un avis éclairé pour l’achat d’un bouquet de fleurs.
Toutefois, la gratuité d’internet peut être un problème pour les journalistes et la presse. Comment monétiser l’information qui par définition est gratuite sur internet? A l’avenir, faudra-t-il compter uniquement sur des « experts bénévoles » pour alimenter des blogs et des sites web?
Abdelhamid · 10 mars 2011 à 11 h 22 min
Eh oui le web, c’est bien pour la rapport de force entre consommateur et marchands. On peut savoir en deux clics qui est bon marché et qui est honnête. Toutefois les arnaques sont légions. C’est là une évidence, derrière chaque site web, il y a des être humains que l’on ne connait pas. D’où la nécessité pour beaucoup de websites marchands d’afficher la photo ainsi que le nom de leur créateur. Et c’est là que le blog, comme vous le soulignez devient intéressant. Les artistes, experts en un domaine précis créent avec vous une relation quasi humaine. Pour exemple, j’étais sur le site d’un artiste peintre ce matin (Gabriel Wickbold). Je partage son quotidien, ses influences, ses humeurs, sa vision des choses. Chose intéressante, j’ai connu cet artiste via un magazine papier. La presse est-elle vraiment morte ?
Franck | Papa Blogeur · 10 mars 2011 à 11 h 05 min
On va de plus en plus vers un Web payant pour avoir des services de qualité et sans publicité.
Ton bilan est d’autant plus intéressant qu’en France nous sommes retard sur certains points par rapport aux pays anglophones.
Rien que concernant les médias sociaux, la corrélation entre ce que nous en faisons et ce qu’en font les américains et lourde, nous avons 2 ans de retard !
Philippe · 10 mars 2011 à 9 h 55 min
J’aime cette vision du blog « petit commerce de quartier » au milieu de l’internet anonyme.
Preuve que même dans un monde « virtuel » l’humain a besoin de relations proches et authentiques.
Un expert (du web) n'est jamais seul ! - More Than Words · 13 février 2018 à 9 h 57 min
[…] S’intéresser à l’histoire des autres permet de créer des contenus qui ont une réelle valeur ajoutée. Si j’avais su il y a quelques années que Maud avait été journaliste, je l’aurais interrogée pour mes articles sur les différences entre le journalisme et le blogging. Si j’avais su qu’Anthony avait été directeur d’un magasin dans la grande distribution, j’aurais ajouté son témoignage à mon article « Le blog, c’est mieux que le supermarché ! ». […]
"Mon exil est un échec ! » · 3 juin 2015 à 14 h 22 min
[…] : « Le web, c’est mieux que le supermarché », article écrit en 2011 et qui développe déjà cette idée. A lire aussi : Le degré zéro de […]
Pourquoi le régime des auto-entrepreneurs est-il en danger ? | Assurance de Pret Online · 6 mai 2013 à 9 h 36 min
[…] L’auto-entrepreneur n’est pas un entrepreneur dans l’âme. S’il a l’esprit d’entreprise, il ne devient pas auto-entrepreneur. Il crée son entreprise et se moque de l’auto-entrepreneur. Chacun son truc ! Allez vous baladez dans votre quartier et demandez à votre cordonnier, coiffeur, boulanger et tous les petits commerçants d’abandonner leur boutique et d’aller bosser dans un supermarché. Que vont-ils vous répondre ? Oui avec grand plaisir ! Non, je ne crois pas. C’est la même comparaison entre l’auto-entrepreneur et l’entrepreneur. Dans deux ans, je ne veux pas devenir un supermarché. L’auto-entrepreneur est comme le commerçant de quartier. (lire « Le web c’est mieux que le supermarché« ) […]