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«  Je vais vous raconter une histoire. Mais avant, éteignez votre iMoon car j’aimerais que cette histoire reste secrète encore quelques heures jusqu’à ce que je vous donne mon feu vert… » Extrait du chapitre I, le blogueur et la tentation de l’île déserte.
Voici le discours en question, reconstitué selon les témoignages des autres blogueurs car aucun d’entre eux ne l’a ni enregistré, ni filmé.

Chapitre II

« J’ai toujours cru que j’aurais réinventé le monde alors que je n’ai fait qu’imiter celui de mes ainés ! »

Un homme, blogueur de profession, de quatre-vingt-sept ans est debout sur la plage. Autour de lui une cinquantaine de personnes écoutent son histoire. Il fait chaud, le soleil brille, le vent souffle et on entend le son des vagues. Les conditions sont difficiles pour un orateur, mais les auditeurs sont tous là en cercle tout près de lui comme pour former une barrière qui le protège des éléments.

« J’étais plein de bonnes intentions comme la plupart d’entre nous. Ensemble, grâce aux réseaux sociaux et aux blogs, on allait changer les réglages du mécanisme. l’idée tenait dans cette image :

Démagnétiser les mass médias !

Il y avait surtout et avant tout cette boîte qui est entrée dans tous les foyers. Chez moi, elle m’a précédé d’un jour en 1968. Elle est devenue le symbole de plusieurs générations. Le téléviseur magnétise notre regard à tel point qu’on entend ici et là  cette phrase culte qui redéfinit le concept de vérité :

« S’ils le disent à la télé, c’est que ça doit être vrai ! »

Forcément, trente ans plus tard, internet arrive comme une nécessité, une rébellion, une urgence. Un équilibre à retrouver.

La métaphore de la balance

A la maison, il y avait d’autres objets qui me fascinaient. Mon père, ma mère, ma grand-mère, mon grand-père et mon oncle travaillaient sur les marchés d’Ivry-sur-Seine. Dans la cour, le garage et la chambre froide s’accumulaient des cartons et des cagettes remplis de fruits et légumes. Quand je passais devant, c’était comme un cours de géographie, j’avais l’impression de voyager de la Bretagne à l’Afrique du Sud, de l’Italie à la Guadeloupe, du Kenya à l’Espagne, le monde était invité à ma table et j’y trouvais des ananas, des bananes, des artichauts, des tomates, des oranges, des haricots verts, des avocats et des pommes bien sûr.

Marchés d'Ivry-sur-Seine au début des années 70, mon père et mon oncle. Que mettons-nous aujourd'hui sur les plateaux de la balance ?

Marchés d’Ivry-sur-Seine au début des années 70, mon père et mon oncle. Que mettons-nous aujourd’hui sur les plateaux de la balance ?

Et puis il y avait aussi ce que moi je considérais comme un jouet et l’enfant que j’étais adorait jouer avec les balances. Je m’amusais avec les vieilles bien sûr, je n’avais pas le droit de toucher aux plus modernes ! J’essayais  de trouver le bon équilibre entre les plateaux ou au contraire de provoquer des déséquilibres. Inévitablement, cela m’inspire encore aujourd’hui quelques comparaisons avec nos moyens de communication.

Si la télévision est un poids en laiton de 10 kilos, on ne peut pas mettre sur l’autre plateau un autre poids de 10 kilos ou même deux poids de 5 kilos. Quel serait l’intérêt du jeu ?

De plus il n’y avait pas – je répète ce mot – la nécessité de refaire la même chose mais au contraire il y avait la volonté d’inventer quelque chose de différent et d’établir un équilibre grâce aux nouvelles possibilités offertes par le web.

Sur l’autre plateau de la balance, on allait d’abord placer des milliers de poids en laiton de moins d’un gramme, ce sont les premiers blogs puis devant la multiplication des blogs, la matière change, fini l’alliage de métaux, on y mettrait désormais des éléments végétaux, plus légers, plus utiles et recyclables.

Le paysage médiatique de ce côté de la balance se confond presque avec la nature, il est plus écologique et moins envahissant.

En 2015, l’empreinte écologique était la principale différence entre le journaliste et le blogueur. Le journaliste voyageait en avion à l’autre bout du monde parfois, il arrivait à la rédaction et repartait aussitôt sur les lieux de l’actualité en voiture ou en scooter, il assistait à toutes les conférences et à la fin entre un cocktail et l’autre, il mangeait à tous les râteliers ! Ses articles étaient encore imprimés sur du papier journal et les invendus repartaient dans le coffre d’un break dont le moteur était exclusivement un diesel. Un manège qui valait à Paris, l’oscar de l’irrespirabilité. En revanche, le blogueur contrôlait tout avec un simple iPad de chez lui, dans un bar, dans une salle de conférence ou en voyage. Il faisait ses publications d’un simple mouvement de ses doigts. L’important est de comprendre une chose très simple :

il bloguait là où il se trouvait et non pas là où on l’envoyait, là où on lui disait d’aller.

Voilà ce que nous étions encore en 2015. Mais si en 2055, on est tous ici sur cet île, 50 blogueurs triés sur le volet, les plus suivis, les plus influents, c’est que nous avons repris la forme d’un poids en laiton de 10 kilos, oubliant que la force du blogueur résidait dans la légèreté de ses articles, de ses mouvements et de son état d’esprit.

Nous, blogueurs, on a marché sur la lune et les journalistes sont restés à terre. On a renversé la tendance, du moins pensons-nous, mais c’est l’inverse qui s’est produit au regard de l’empreinte écologique.

Ce n’est pas le futur qui était prévu, le futur qui était contenu dans l’intention de ce média, ce n’est pas notre futur, c’est le futur de nos ainés, de nos prédécesseurs. Ce n’est pas notre place. Ce n’est pas notre temps. C’était pourtant notre heure.

Si le Digital Storyteller part de son histoire, ici mon grand-père, c'est pour ensuite explorer des territoires encore inconnus. Le blogueur est comme un marchand, il ne peut servir qu'une seule personne à la fois !

Si le Digital Storyteller part de son histoire, ici mon grand-père, c’est pour ensuite explorer des territoires encore inconnus. Le blogueur est comme un marchand, il ne peut servir qu’une seule personne à la fois !

Le blogueur est comme un marchand

Il y a une photo que je garde en mémoire comme un trésor. C’est celle de mon grand-père sur les marchés qui sert un client. Une photo qui représente pour moi la réalité car je n’ai jamais connu mon grand-père. Une photo vivante car elle me raconte l’histoire d’un homme qui m’a aimé dans le futur et qui m’a transmis un héritage énorme.

C’est un marchand, et je me dis que le blogueur est comme ce marchand, il ne peut servir qu’une seule personne à la fois. C’est le vent de fraîcheur que le blogueur authentique apportait en 2015 et qu’il n’a plus en 2055. (1)

L’article d’un blogueur ne peut pas se mesurer en millions de lectures mais dans le retour d’un seul lecteur qui aura été touché par un mot, une métaphore, une idée, une anecdote, une phrase ou un paragraphe. Un retour qu’il transforme en quelques mots sur les réseaux sociaux, sur le blog ou un message privé. S’il n’y en a qu’un seul, vous savez déjà que vous avez bien fait d’écrire cet article. C’est pour cette raison profonde que les commentaires d’un article de blog sont au moins aussi importants que l’article en lui-même. Cela on ne peut pas le dire d’un article imprimé sur du papier journal ou le papier d’un livre, c’est la spécificité d’un article de blog et c’est ce qui a fait la popularité du blog.

Oui, mais voilà, on a voulu ressembler aux autres, à l’esprit des mass médias, des magnétiseurs et cette spécificité s’est finalement évaporée avec le temps.

Blogueur, Community Manager, Digital Storyteller, Web Designer, etc. autant de nouveaux métiers nés avec l’avénement du web, autant d’occasions de façonner ces métiers grâce à notre créativité et notre savoir-faire, et au cours des années qui ont suivi, autant d’occasions d’être des pionniers, autant d’occasions gâchées.

Cette île, c’est pour nous une île perdue.

Pourtant, j’ai décidé d’y rester. Je vais céder à cette tentation qui m’a toujours taraudé l’esprit. Cet exil n’a rien de glorieux, c’est même un échec. L’échec de ne pas avoir su pendant mon existence métropolitaine – je vais fêter dans quelques jours mes quatre-vingt-sept ans – réaliser ma nature. Je suis né pour incarner une passion, celle de m’exprimer grâce au blog. Je l’ai fait mais au mépris des règles du blogueur.

Cet exil est un échec, cet exil est une punition, cet exil sera peut-être une rédemption, cet exil sera peut-être une renaissance.

Comment suis-je arrivé sur cet île ? Quel est ce vent qui m’a poussé sur ce rivage ? Que s’est-il passé ?

J’ai imité nos ainés et j’ai utilisé leurs canaux. J’ai fait du neuf avec du vieux. Concrètement ça a donné ça : je voulais faire du 100% numérique, avoir mon label puis j’ai imprimé des livres sur l’art, la cuisine et même le foot à plusieurs milliers d’exemplaires, le plus fort tirage a été un conte poétique et philosophique avec comme personnage principal mon ami footballeur Vincenzo Montella, j’ai organisé des concours à tire-larigot pour mes clients en faisant gagner des trucs et des machins, quand j’ai voulu créé un nouveau réseau social, j’ai couru après les interviews dans la presse et aux journaux télévisés, alors, comme un joueur de foot ou un acteur, j’ai pris un agent, ma notoriété a fait un bond mais je ne la dois pas à mon blog mais à ma présence comme chroniqueur dans une célèbre émission, alors j’ai vendu des tee-shirts avec mes citations, j’ai signé un contrat mirobolant avec la plus grosse compagnie mondiale pour imaginer un slogan et un produit commercial, et puis je me suis mélangé au gotha pour être toujours là dans les grands événements et finir immanquablement à me nourrir de Finger Food. L’esprit encombré et les doigts gras, je me suis éloigné de mon monde. Etre VIP n’est pas dans l’ADN du blogueur.

Pendant ce temps-là sur le web, les mêmes messages irréfutables passent à longueur de journée sur les réseaux sociaux. C’est une nouvelle pensée unique. Je la nourris.

Même si je ne suis pas le seul à avoir dévié de mon chemin initial, je ne jette la pierre à personne.

C’est trop difficile de faire autrement. Pourquoi est-ce si difficile ? Parce qu’il faut bien vivre ! Ou survivre, si vous préférez. Parce qu’il faut manger et régler son abonnement à internet. Parce que ceux qui vous paieront ce droit de survivre s’intéressent au commun, à l’ordinaire, à la normalité, à ce qu’ils ont l’habitude, à ce qu’ils pensent  et surtout pas à l’exceptionnel, à l’extraordinaire, au différent, au personnel et à l’inconnu.

C’est ainsi qu’ils utilisent les objets et les hommes !

Enfin, c’est ce que je croyais jusqu’au jour où cette fameuse compagnie me demande d’imaginer quelque chose qui n’a jamais été fait. Incrédule et malgré mon âge, j’ai accepté avec enthousiasme.

Je participe alors à la conception de l’iMoon, l’objet le plus sophistiqué de tous les temps, le plus performant de tous les temps et il est loin d’être ordinaire car il nous donne la faculté d’aller contre-courant. C’est un voilier qui irait contre le vent et qui remonterait les courants, il est plus fort que la nature qui nous entoure, il est surnaturel.

Je vous le répète, cet exil est un échec. J’espère qu’il ne sera que provisoire. A moi de le transformer. Comment ? Je vous donne quelques pistes.

  • parler-ecrire-2Cet exil, je serai seul ici et je veux le rester, devrait être un exemple pour enseigner aux blogueurs à ne pas suivre les autres.
  • Cet exil devrait aussi être un exemple pour les plus jeunes. Ne venez pas sur l’île déserte, moi j’y suis mais j’ai 87 ans. Vous avez un univers à découvrir, il vous faudra tomber mille fois les genoux dans la souille et vous relever mille fois les mains sales avant de céder à  la tentation de l’île déserte.
  • Cet exil devrait me permettre de vous enseigner le bon usage de l’iMoon, le pensez-vous ? Hé bien non,  ce n’est pas la bonne méthode. Je ne vois pas cet objet comme un objet mais comme un prolongement de moi-même, un instrument qui vient compléter ma nature humaine, une sorte de main qui aurait une fonction spécifique celle d’écrire ce qu’il y a en moi.  Je suis comme un guitariste ou un violoniste, j’ai enfin trouvé mon Stradivarius, ma Stratocaster, l’instrument pour m’exprimer et cet instrument a une âme. Et vous le comprendrez en suivant les chroniques de ma vie sur cette île, car je suis le seul à connaître les réelles fonctions de l’iMoon, car ce que vous ne savez pas encore est que je les ai toutes imaginées, voire rêvées, avant que des ingénieurs ne les réalisent. Je suis là pour m’exercer et devenir un virtuose.

Ce que je vous dis aujourd’hui est peut-être un peu désordonné, ce n’est pas forcément structuré. Je n’ai pas l’habitude de ne pas écrire mon discours avant de prendre la parole, je n’ai pas eu le temps, du coup, j’ai oublié quatre ou cinq autres idées que j’avais en tête et pris dans mon élan j’en ai trouvé des autres ! Si je les retrouve, ça sera l’objet d’un nouvel article sur mon blog. Ca y est mes amis, j’en ai récupéré une, mais… heu… regardez, regardez, les secours arrivent, visiblement, je n’ai plus le temps de parler, alors j’écrirai !

Une dernière chose, comme je vous l’ai demandé merci de tenir secret ce discours encore quelques heures, je ne voudrais pas que ma fille apprenne sur sa montre que j’ai décidé de rester sur cet île. Tiens Thomas, voudrais-tu lui remettre ce message pour moi s’il te plaît ? Après avoir marché sur la lune (Walking on the moon), je trouvais amusant de mettre un message dans une bouteille (Message in a bottle), The Police est le groupe qui a accompagné mon adolescence. La preuve que chaque chose que l’on reçoit a son importance et chaque moment de notre vie a un sens. Les détails mes amis, n’oubliez jamais de soigner les détails.

Quand elle l’aura lu, vous pourrez bloguer.

Adieu mes amis. »

Thomas le serra fort dans ses bras, prit la bouteille et éclata en sanglots.

à suivre… (le chapitre III sera prochainement en ligne)

Denis Gentile

(1) : « Le web, c’est mieux que le supermarché », article écrit en 2011 et qui développe déjà cette idée. A lire aussi : Le degré zéro de l’éditorial !

Lire ou relire le premier chapitre en cliquant sur la photo

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Catégories : storytelling

Denis Gentile

Je suis un passant. Ici et maintenant, je suis un passant du web. Le Passant est celui qui va d'un lieu à l'autre, d'un sentiment à l'autre, il n'est jamais le même. Je passe d'une page à l'autre, d'un blog à l'autre, d'un message à l'autre. Et ces pages, ces blogs et ces messages, je les passe aux autres passants qui y passent à leur tour :) Plus prosaïquement, je suis un Storyteller, Blogueur & Rédacteur Web. Mais le rôle que je préfère, c'est celui de Digital Storyteller !

21 commentaires

amandine@unsacsurledos · 13 avril 2015 à 20 h 25 min

Encore une fois, je t’ai lu d’une traite… Finalement, je suis bien contente de m’être réservé un moment, tranquille, dans un café, pour lire tes deux premiers chapitres d’une traite. C’est comme voir une série : certains ne peuvent attendre et se jettent sur le premier épisode, trépignant ensuite d’impatience jusqu’au prochain ; et d’autres attendent et peuvent enchainer ainsi d’une traite plusieurs épisodes et rester plus longtemps dans l’univers de leur saga…
J’ai attendu… et maintenant je trépigne ! 😉

Deux passages de ton chapitre m’ont touché :

— « S’il n’y en a qu’un seul, vous savez déjà que vous avez bien fait d’écrire cet article. C’est pour cette raison profonde que les commentaires d’un article de blog sont au moins aussi importants que l’article en lui-même ».

Je te rejoins totalement. Lire les commentaires des lecteurs est un réel plaisir pour moi : un témoignage d’attention : le temps de me lire, de réfléchir, de m’écrire… Une relation qui se crée, un échange qui se poursuit… C’est pour cela aussi que je mets un point d’honneur à répondre aux commentaires. Cela prend du temps, ce n’est pas toujours possible d’y répondre rapidement… Mais y répondre, c’est poursuivre l’échange. La nature même du blogging.

— « Je ne vois pas cet objet comme un objet mais comme un prolongement de moi-même, un instrument qui vient compléter ma nature humaine, une sorte de main qui aurait une fonction spécifique celle d’écrire ce qu’il y a en moi ».

Je vois l’écriture pour le blogging de cette façon-là également. Certaines personnes me disent souvent : « tu devrais écrire en revenant, pour profiter à 100% de ton voyage quand tu es sur place ». Mais pour moi, écrire n’est pas « sortir » de mon voyage. C’est approfondir l’expérience, mettre des mots sur des pensées fugaces et les ancrer dans la réalité.

    Denis Gentile · 14 avril 2015 à 15 h 27 min

    A mon tour, trois mots m’ont particulièrement touché dans ton commentaire Amandine : « dans un café » ! Pourquoi ? Parce que ces trois mots représentent l’un des deux ou trois thèmes qui tu retrouveras régulièrement dans mes propos. Le café ? Non, pas celui à boire, même si je l’évoque souvent. Mais le café comme lieu. D’ailleurs, tu aurais pu choisir un parc, une place ou un train, peu importe, ce qui attire mon attention c’est le lieu où tu te trouves au moment d’écrire ou en l’occurrence de lire. Cela donne une indication fondamentale à mon imagination et je ne lis pas simplement des mots mais je te vois en train de les écrire. C’est par exemple ce que j’exprime dans cet article « Le blogueur et la fascination du lieu« .
    Ce que je dis là n’est pas anodin et donne une indication fondamentale sur la suite de l’histoire. Mais bien sûr je ne peux pas en dire plus maintenant 😉
    Merci infiniment Amandine d’avoir pris le temps de lire et de commenter ces deux premiers chapitres, mais surtout d’avoir choisi un lieu pour le faire.

madel66 · 8 avril 2015 à 19 h 47 min

Je viens de le tweeter, je ne suis pas sorti indemne de cette lecture. Je suis de la même génération que Denis et j’ai grandi face à la fée télé. Mon premier ordi en 1989 : traitement de textes et de statistiques puis internet 10 plus tard, connexion téléphoniques lentes, souvent interrompues et il a fallu encore quelques années avant l’avènement de l’adsl et de la fibre optique. Je vous écris sur une tablette connectée par wifi. D’une banalité pour mes enfants qui ont 7 et 4 ans mais une révolution pour les plus anciens comme nous.
Je suis un consommateur du web et votre article m’a interpellé sur ce point. J’avais l’impression d’être un acteur du net ou même un consommacteur comme disent les slogans flatteurs des marchands de la toile. En fait, je ne fais que zapper d’un site à l’autre, de tweeter à facebook, comme sur ma télé, toujours plus de la même chose.
Au lycée, un de mes professeurs, pour nous apprendre à exercer notre esprit critique, nous a donné une seule phrase comme grille d’analyse: « quel pouvoir cela renforce-t-il ?  » Je m’en souviens en vous lisant. Finalement le web n’est dans mon cas qu’une prolongation des médias plus anciens.
La question que je me pose, c’est comment apprendre à mes enfants à en faire autre chose ? A s’approprier la toile, à la revendiquer pour exprimer et faire grandir leur humanité ? Votre blog et celui de quelques autres sont déjà des réponses. Merci.

    Denis Gentile · 9 avril 2015 à 16 h 29 min

    Merci Marc, il y a dans vos interrogations d’autres sujets d’article. Je vais aborder certains d’entre eux dans les prochains chapitres. Pour le dire de façon sibylline, ce sont les enfants qui ont la réponse, mais ils ne le savent pas et notre rôle est de les aider à en avoir conscience. Ou bien laissez le temps faire son oeuvre.
    L’autre réponse, c’est Albert Einstein qui nous la donne « Si vous ne pouvez expliquer un concept à un enfant de six ans, c’est que vous ne le comprenez pas complètement. »
    Quel est le meilleur moyen d’expliquer quelque chose à un enfant ? En lui racontant une histoire.
    Un grand aussi aussi pour vos partages et commentaires sur les réseaux.

becquet · 2 avril 2015 à 8 h 14 min

Merci Denis . C’ est toujours un réel plaisir de lire tes articles. quel TALENT ! Je me suis plongée dans cette histoire et les souvenirs de mon enfance sont remontés à la surface avec bcp d émotions d autant plus qu’ aujourd hui est un jour particulier. Une belle rencontre. Un homme talentueux qui a préservé ses valeurs, accessible, humble et altruiste. Merci Denis pour tes conseils, encouragements et ce petit clin d’oeil.

    Denis Gentile · 9 avril 2015 à 10 h 08 min

    Merci Sylvie, c’est un plaisir pour moi d’écrire et l’essentiel est de transmettre ce plaisir à ceux qui lisent mes histoires. Notre enfance est un vrai trésor et on devient adulte quand on commence à le dépenser. Je le fais avec des mots.

jacquestang · 31 mars 2015 à 12 h 21 min

J’adore l’idée de la balance. Contre « balancer » des carottes contre des écrans vidéos, la nomadisation de l’homme contre la traite des vaches sur un tabouret, c’est mettre en exergue la vacuité d’un monde où l’individualisme pose trop souvent les règles. Du coup, j’aime encore plus cette idée de l’île déserte…. pour poser le recul nécessaire sur ce qu’un monde en constante effervescence sur ses futilités nous impose comme leçon. Le blogging en forme de sourire, de regard illuminé, sur un monde trop souvent désabusé. Je partage évidemment

    Denis Gentile · 31 mars 2015 à 15 h 54 min

    Oh oui Jacques, il y a un super article avec beaucoup d’humour à écrire sur cette idée et qui sait s’il ne s’agira pas d’un chapitre de l’histoire 😉 On va s’y mettre à trois avec Abdelhamid, il a déjà écrit sur le poids des mots !

Francis Drubigny · 31 mars 2015 à 10 h 38 min

Merci Denis pour ce 2ème Chapitre chargé en émotions dans lequel je me retrouve en de nombreux points, et qui me rappelle également qu’il est bon de se souvenir du passé mais qu’il faut effectivement vivre au présent ! Il me rappelle ce constat que j’ai pu faire lorsque j’avais 7 ou 8 ans face à cette boîte qui essayait déjà de m’accaparer et me racontait souvent n’importe quoi et qui me confirme aujourd’hui le pourquoi je suis là, sur le web à vouloir tout changer… mais je m’y prends très mal et vais donc essayer de transformer moi aussi mes erreurs ! Cet iMoon je l’ai rêvé pendant tant d’années depuis ce même âge au travers d’un dessin animé qui était diffusé régulièrement à cette époque dans cette même boîte, l’Inspecteur Gadget 🙂 Ce livre numérique qu’avait Sophie, la nièce si mes souvenirs sont bons et qui contenait tout le savoir, était tout simplement magique et cette image de pouvoir avoir toute l’information, le savoir et l’éducation surtout, en un instant à portée de doigt, me faisait purement et simplement planer ! Grâce à ce chapitre, tu m’as redonné le goût à un projet destiné à cet iMoon et je t’en remercie fortement, amicalement.

    Denis Gentile · 31 mars 2015 à 15 h 42 min

    Merci Francis, quand j’étais petit, j’avais demandé à mon père de m’acheter un livre qui contenait, comme tu le dis, tout le savoir ! J’en ai eu plusieurs, j’adorais les lire et j’apprenais plein de choses, par exemple, je savais tout sur les planètes 😉 Il m’en reste, il s’intitule le grand livre des comparaisons. Moi aussi j’ai rêvé de ce livre magique. Et j’y reviendrai dans d’autres chapitres.
    On parle de cette boite (la télé) et d’une tablette (l’iPad et bientôt l’iMoon), c’est amusant, on utilise le même vocabulaire que pour le chocolat !!! 🙂 C’est bientôt Pâques, ça se voit !

      Francis Drubigny · 31 mars 2015 à 16 h 05 min

      wOw ! Excellente comparaison avec le chocolat, décidément je suis impressionné, pour 2 raisons :
      La première, celle que je préfère, est que ton chapitre est une tablette de chocolat et ton blog la boîte de chocolat tellement c’est bon !
      La 2ème c’est que l’on peut comparer très largement cette boîte (TV) et cette tablette (iPad, iMoon) à du chocolat… car cette gourmandise est tellement bonne qu’on en devient souvent accroc et qu’on en consomme par conséquent une quantité faramineuse 😉

Priscillia Josepha · 30 mars 2015 à 23 h 28 min

Comme tu me l’as si gentiment demandé en commentaire, voici mes impressions que je retranscris bien volontiers en dessous de ton article. Je voulais tout d’abord te féliciter pour cet article poignant, à la fois captivant et plein de bon sens. Tu y as mis de ton expérience personnelle en ajoutant à ton chapitre un sens philosophique, ce qui est fortement appréciable au vue de la qualité de tes écrits ; de plus, les interrogations que tu as ajouté sont bien pensées et cette émotion que l’on ressent en lisant cette petite histoire ajoute énormément de charme au texte, étant donné que celle-ci est basée sur une expérience personnelle. En tout cas, je voulais que tu saches que c’est un régal de pouvoir lire une telle œuvre, tu as beaucoup de talent, c’est sincère. Un chapitre à lire et à relire sans modération, d’ailleurs je suis réellement impatiente de lire la suite de ton histoire et te remercie pour ce petit moment d’évasion.

Mathieu Jaegert · 30 mars 2015 à 20 h 59 min

J’adhère à un tas de choses, et notamment à ce passage : « L’article d’un blogueur ne peut pas se mesurer en millions de lectures mais dans le retour d’un seul lecteur qui aura été touché par un mot, une métaphore, une idée, une anecdote, une phrase ou un paragraphe. Un retour qu’il transforme en quelques mots sur les réseaux sociaux, sur le blog ou un message privé. S’il n’y en a qu’un seul, vous savez déjà que vous avez bien fait d’écrire cet article. » Bravo et merci Denis !

    Denis Gentile · 31 mars 2015 à 9 h 48 min

    merci Mathieu, je donne rarement des conseils car j’ai l’impression d’enseigner une technique, autrement dit une aide extérieure qui te permet de réaliser quelque chose. Ceci étant dit, voici mon conseil ! Quand vous écrivez une histoire, imaginez que vous êtes en train de la raconter à une personne, visualisez cette personne, parlez-lui, écrivez pour elle. Il y a de fortes chances que d’autres se reconnaîtront en elle, même s’ils n’en n’ont évidemment pas conscience. C’est aussi ça le sens du paragraphe que tu cites et de la phrase « le blogueur est un marchand, il ne peut servir qu’une seule personne à la fois. »

melanie tessier · 30 mars 2015 à 16 h 09 min

Premièrement, Merci beaucoup pour ce texte Denis !! J’ai adoré entrer dans ton univers !! J’ai eu de la nostalgie parce qu’on ne prend plus le temps d’apprécier les petites choses de la vie et en lisant ce texte je me suis rappelée de mon enfance!! Merci encore!!!

    Denis Gentile · 30 mars 2015 à 16 h 53 min

    merci Mélanie, mon histoire est simple et elle s’attache comme tu le dis aux petites choses de la vie. Ces souvenirs ,nous en avons tous et quand on les raconte ils deviennent extraordinaires. C’est la force et le charme du storytelling, il suffit de quelques mots bien mis en scène pour que tout devienne merveilleux.

monencre · 30 mars 2015 à 12 h 16 min

Tu m’as replongé au fond de mon enfance et de mon être. Philosophe tu l’es et tu poses des questions, tu inspires le raisonnement et apporte des réponses. Avant toute suite à ce texte je dois avant tout respirer car je viens de terminer la lecture gorge nouée.

    Denis Gentile · 30 mars 2015 à 13 h 47 min

    Pour ceux qui nous rejoignent sur ce blog, je précise que Abdelhamid et moi avons grandi dans les mêmes quartiers de la banlieue sud de Paris pour finalement nous rencontrer au détour d’une discussion sur les réseaux il y a plus de quatre ans de cela. Les atmosphères de nos articles ont donc la même racine. Ton commentaire ma fait penser à cette réflexion que j’ai partagée sur les réseaux. Extrait :

    « Quel sera le destin de ce blog que j’écris ? Je n’en sais rien. Peut-être fera-t-il le chemin inverse de tous ces livres qui finissent sur le web. Pourquoi pas ! Mais l’important est qu’il naisse dans la blogosphère, il a besoin de respirer son air de nouveautés car c’est là que réside son inspiration.

    Prenez cette bouffée d’oxygène que ce deuxième chapitre vous propose.

    Puis retenez votre souffle, dans l’attente du troisième. »

      monencre · 30 mars 2015 à 13 h 49 min

      Merci mon ami

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