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Si aujourd’hui j’écris, c’est tout simplement parce que je ne sais pas dessiner ! Tout petit, j’aurais voulu être dessinateur. Alors, j’ai essayé. Sans succès. Enfin, ne nous voilons pas la face, sans talent !


D’ailleurs, quand il a fallu dessiner des lettres pour former des mots, je restais dans la classe pendant les récréations pour faire des lignes de ‘e’ ! Pendant ce temps-là, mes copains de classe jouaient aux billes,mangeaient leur goûter et prenaient l’air. C’était pas joyeux pour moi.

Dessiner, c’est un don exceptionnel que certains ont la chance d’avoir, comme Daniel Do. En voyant ses dessins sur Facebook, je n’avais qu’une envie, collaborer avec lui. Les dessins de Daniel Do et les textes de Denis Gentile. Ca vaut le coup d’essayer. Alors voici un essai qui a inspiré une nouvelle version du blog More Than Words.

Merci Daniel pour ce premier duo.

I – Dessiner. Ils avaient tous la même manie. Dessiner. C’en était exaspérant.

Leurs pères ne savaient plus que faire, sinon abdiquer. Aucun d’eux ne deviendra médecin. Ils n’hériteront pas non plus de l’affaire familiale. Dessiner. Et, peu importe le sujet. Un bijou ou même un vase.

L’important, c’est de commencer. Quitter le chemin. Tracer le sien. D’un coup de crayon. Plus tard, on dira : d’un coup de maître. Mais, surtout et avant tout, dessiner. Quand on écoute, quand on regarde, il n’y a rien à dire. On n’arrête pas la tempête. Le vent tourbillonne. On n’arrête pas le génie. La main glisse sur le papier. Ils dessinent. L’inspiration sort de son cloître. Elle prend forme. L’âme devient un croquis. Elle deviendra une image. Sur un mur, sur du bois, sur une toile. Les premiers traits se dissiperont sous les premières couleurs. On oubliera complètement l’esquisse. On ne verra que l’harmonie et la perspective. Il ne restera que l’émotion des couleurs. Que la joie d’un moment d’admiration. D’un moment de bonheur. Mais, la source de ce bonheur aura totalement disparu.

II – Le bonheur est un chef-d’œuvre. C’est un accomplissement. Une plénitude. Il est unique. Il est multiple. Il resplendit.

Notre vie, si elle est heureuse, est semblable à la galerie d’un musée. Une foule de portraits. Des paysages à l’infini. Des rencontres et des découvertes. Une foule de couleurs, une multitude de plaisirs. Autant de souvenirs. Autant de moments à encadrer !

Je suis Michelangelo, tu es Leonardo Da Vinci. Je suis Botticelli, tu es Brunelleschi. Je suis Raffaello, tu es Giotto. Je suis Puccini, tu es Dante. Je suis un ange, tu es Vénus. Je suis Calaf, tu es Liù. Je suis le printemps, tu es le vent. Je suis David, tu es Léda. Je vogue sur l’Arno, tu me regardes de ton balcon. Je porte un chapeau, tu es nue.

Regarde-moi, tu verras en toi. Regarde bien, tu verras l’inconnu. Tu découvriras, une parcelle de ton mystère.

III – Dessiner. Ils avaient tout compris. Dessiner. Je viens à peine de comprendre.

L’art ouvre des fenêtres. Leurs œuvres sont l’horizon. Dessiner. Je dis bien dessiner. Car, avant de marier les couleurs, derrière, bien enfoui, comme le plus précieux des trésors, il y a un dessin. Un croquis. Une esquisse. Et, ne voir que les couleurs, c’est ne voir que la surface des choses. L’apparence. Se donner l’illusion. L’illusion de savoir. Comme traverser la galerie d’un musée et se croire plus cultivé. Traverser sa vie et se croire heureux.

Le bonheur n’est pas un chef-d’œuvre. Pas seulement. Il commence avant.
IV – Avant, croyons-nous, nous n’avons jamais dessiné. Et n’avons-nous jamais songé à voir le dessin ?

Pourtant, avant de parler, avant d’écrire, nous avons tous fait des dessins. Dessiner. Nous avons tous eu la même manie. Dessiner. C’en était presque exaspérant. Tellement primitif. Tellement innocent. Tellement frais. Tellement vrai. Tellement laid. Mais, l’important, c’était de commencer. Commencer à exister. Dessiner. Même, n’importe quoi. Mais, dessiner. Un rond. Pas très rond.

Tracer un chemin, le sien. D’un coup de crayon. Plus tard, on dira d’un coup de maître. Maître de son destin.
V – Michelangelo préférait le dessin à la grammaire, au grand désespoir de son père.

Brunelleschi dessinait des bijoux et des pièces d’argenterie. Leonardo s’intéressait à tout, mais aimait surtout dessiner. Giotto, tout en gardant les moutons, dessinait sur le sable et sur la terre. Domenico Ghirlandajo commença le métier d’orfèvre en aidant son père. Mais il s’ennuyait et à la moindre occasion, il dessinait.

La Renaissance a commencé avec des enfants qui n’avaient qu’une idée en tête : dessiner.

Et puis, avant de peindre ou de réaliser son œuvre, l’artiste dessine. Ces dessins, on ne les voit plus. Ils sont invisibles. Mieux, ils sont transparents. Mais, ils sont là. Sous les couleurs. Ils font partie de l’œuvre. Ils en sont le mystère. La source.

Je crois que le bonheur est ici. Le bonheur, c’est le dessin d’un artiste au milieu d’une fresque. C’est le dessin sur la toile.

Il est en moi. Il est enfermé. Aujourd’hui, je le sens respirer. Car j’ai ouvert mon âme. J’ai ouvert les fenêtres de mon âme. Et il transparaît enfin. Il a pris l’aspect d’un ange. Mais ce n’était qu’une image. Un dessin. Le dessin au milieu d’une histoire. Je revis. C’est comme une renaissance.

Si Firenze m’a inspiré et m’inspire encore, Lucca m’a transfiguré. (1)

Dessin ©Daniel Do – Texte ©Denis Gentile

 

(1) Ce texte est extrait du livre « Diversions de l’Ange », ©Denis Gentile – 2002 . Il fait suite au livre « Le Passant Florentin » publié en 2001 (et encore disponible sur Amazon).

 

Le Passant Florentin a pour scène principale la ville de la Renaissance italienne, Firenze (Florence). Voici un commentaire publié récemment sur Facebook par un lecteur, Abdelhamid Niati :

A la lecture du roman de Denis Gentile, je me suis dit que cet homme était un architecte littéraire, un chef d’orchestre des mots. En effet, chaque mot est à sa place et il ne peut en être autrement sinon cela ruinerait tout le corps de son oeuvre. Denis m’avait caché qu’il dessinait des oeuvres et qu’il ne débordait jamais des contours qu’il avait lui-même définit. Le coloriage parfait d’un quotidien, et d’une vie. »

L’action de Diversions de l’Ange se déroule à 60 km de Firenze dans l’une des plus belles villes de Toscana, Lucca (Lucques). Voici comment l’histoire commence : « Je passe sous les remparts. J’entre pour la première fois dans le centre historique de Lucca. Destination : Place de l’Amphithéâtre Romain. Mais je suis un peu perdu. Alors je tourne mon regard vers le ciel à la recherche d’un repère : une tour ou un clocher, et je vois un ange. »

Avis aux éditeurs : l’ouvrage n’est plus disponible dans le commerce.

 
 
 
 

Denis Gentile

Je suis un passant. Ici et maintenant, je suis un passant du web. Le Passant est celui qui va d'un lieu à l'autre, d'un sentiment à l'autre, il n'est jamais le même. Je passe d'une page à l'autre, d'un blog à l'autre, d'un message à l'autre. Et ces pages, ces blogs et ces messages, je les passe aux autres passants qui y passent à leur tour :) Plus prosaïquement, je suis un Storyteller, Blogueur & Rédacteur Web. Mais le rôle que je préfère, c'est celui de Digital Storyteller !

7 commentaires

Abdelhamid Niati · 10 janvier 2015 à 16 h 01 min

ce texte est tout bonnement magnifique et détient une valeur philosophique inestimable.

guy · 27 septembre 2012 à 10 h 03 min

Je souhaite une longue vie au nouveau blog de Denis, un bel exemple d’un ouvrage de Qualité. Je réponds avec enthousiasme à sa Question: Oui Denis je veux bien écrire avec toi, mais suis-je à la mesure? Pas sûr! En attendant je continuerai à te lire!

Christophe · 26 septembre 2012 à 15 h 31 min

Dessin, écriture. Ecriture, dessin. Avec cette nouvelle mouture du blog que je trouve super, ce texte m’inspire quelque chose qui se profile… au delà d’un mot ;-). Voici un bel exemple de Dessiture ou d’ Ecrissin. Prenez celui qui vous parlera le plus 😉
En attendant, je dis bravo!

Cécile Courtais · 26 septembre 2012 à 14 h 25 min

Je souhaite longue vie à ce nouveau blog, qui représente en fait d’après moi, l’évolution logique de la première version. L’alliance de l’écrit et du dessin donne un magnifique résultat ! Je crois qu’il est essentiel aujourd’hui de savoir marier les supports. Félicitations à Daniel Do et à Denis pour ce lancement !

Philippe de Casabianca · 26 septembre 2012 à 13 h 01 min

Firenze sera toujours Florence et Denis toujours lui même. Est-ce toujours un hasard s’il propose un Ponte (Vecchio forcément) entre dessin et graphie, plume et rêve, enfance et destinée d’auteur? On dit qu’une image vaut mille mot. Avec Denis, je ne suis pas sûr que cette phrase soit toujours juste car ces mots sont autant de dessins qui expliquent sans qu’on s’en rende compte. Bref, l’image ne remplace pas le mot.

Daniel Do Illustrateur · 26 septembre 2012 à 12 h 29 min

Illustration réalisée dans le cadre du site http://2.morethanwords.fr.
Cette collaboration avec Denis Gentile m’a permis de donner naissance à cette création. Le sujet ? « Dessiner ». Ma liberté fut totale dans cette réalisation. Aidé par les textes de Denis, j’ai ainsi symbolisé ce qui caractérise le dessin.

« Il est en moi. Il est enfermé. Aujourd’hui, je le sens respirer. Car j’ai ouvert mon
âme. J’ai ouvert les fenêtres de mon âme. Et il transparaît enfin. Il a pris l’aspect
d’un ange. Mais ce n’était qu’une image. Un dessin. Le dessin au milieu d’une
histoire. Je revis. C’est comme une renaissance. » Denis Gentile

Un grand merci à toi Denis pour cette proposition de collaboration et cet échange d’univers.

Denis Gentile, le concepteur rédacteur web | Votre BrandingVotre Branding · 22 janvier 2013 à 14 h 54 min

[…] dérouler les idées, mettre en évidence les mots sont bien au centre des attentions d’un concepteur rédacteur web. Et Denis Gentile à sa patte, il possède une vraie signature en la matière. Elle est le moteur […]

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