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Franchement, on l’aurait cru. Depuis des siècles, les femmes traquent le poil. Et elles transmettent ce virus aux hommes avec des arguments qu’elles gardent certes personnels mais pas invisibles puisque les fabricants de cosmétiques rivalisent de lames et de douceurs pour raser les hommes jusqu’à l’ennui et l’envie. Mais patatras, pour revendiquer leur féminité, les femmes en viennent, au delà de l’affaire DSK, à porter la barbe masculine pour mieux la vilipender…

On n’y comprend plus rien. Quand l’affaire DSK made in Manhattan a éclaté, des femmes encore plus velues que d’ordinaire (vous imaginez…Non? Alors, n’imaginez pas, ça vaut mieux…) ont tenté de profiter des désordres sexuels supposés d’un homme politique pour revendiquer leur part de testostérone et afficher force barbes et pilosité faciale qu’on a peu de plaisir à les voir. On avait les barbus arabes…ou même persans…On a maintenant les barbues d’Occident. Un progrès ? Voilà qui coupe la chique à Gillette et Bic réunis…

 

Manichéisme

Lors des 4e rencontres des acteurs publics, un événement piloté par le journal du même nom à Paris le 4 juillet 2011 à Paris à la Maison de la Chimie, on a donc eu une floppée de ces féministes qui ont débarqué sur une scène pour fustiger un public de fonctionnaires et d’élus jugés machistes car masculins. On a sans doute les raccourcis qu’on peut comme celui de la barbe portée par ces femmes…mais pas par les hommes qu’elles étaient censées clouer à un improbable pilori. A quoi cela sert-il donc d’avoir trois, quatre lames et une peau de bébé à la clé quand les femmes réclament rugosité et domination ? Ah, certes, peut-être ne parlons nous pas de la même domination ?

Mais d’ailleurs faut-il parler de domination ? Certes, on peut sourire des cris du public vociférant contre ces intruses souvent tout juste sorties de la puberté : « arrêtez, on n’entend pas ce que vous dites. Vous parlez dans votre barbe ! ». Le trait était facile mais il aurait été vache de s’en passer. Au-delà de cette agitation un brin juvénile, que faut-il en penser ? Jusqu’où peut on en sourire ?
A prime abord, c’est bien la juvénilité qui sort de cette agitation, qui contre DSK, qui contre ces réflexions destinées à réflêchir au service public du futur. Car la gestion du taux de testostérone de DSK n’est pas un symbole de la politique publique pas plus que l’indéniable capacité des femmes à mettre au monde des enfants un signe de leur asservissement.
Mais continuons. Nous ne sommes plus en mai 68. Les femmes ne brûlent plus leurs soutiens gorges. Elles en montrent les bretelles (on mesurera là le progrès…) et, surprise, elles manient les statistiques. Florilège de ces féministes barbues et opposées aux barbes : « Avec une ferme ferveur, vous y parvenez: 72,7% d’entre vous occupent les postes supérieurs ». Par vous, il faut bien entendre les hommes, les affreux, les barbus, les tatoués…

Le bonheur se calcule-t-il à la pointeuse ?

C’est en fait un retour d’une double dictature. D’abord, celle du chiffre brut et bête, peut-être même bestial. Car enfin, mesurer l’épanouissement d’une société au taux d’hommes ou de femmes qui occupent des fonctions supérieures, n’est-ce pas manichéen ? N’est-ce pas précisément nier l’apport des uns (et des unes !) et aussi des autres à des modes de vie communs et individuels ?? Hommes ou femmes, le bonheur se calcule-t-il à la pointeuse, 50/50 ? Et si les 50 autres pour cent partent, que fait-on ? Doit-on prendre davantage de testostérone pour exhiber davantage de poils ? Voilà qui serait amusant, n’est-ce pas ?
Le deuxième volet de cette dictature cible l’exercice du pouvoir via un regard décidément bien juvénile. Si l’on suit les activistes de l’organisation La Barbe (oui, ça été difficile de ne pas couper les cheveux en 4 pour trouver un tel titre…), le machisme français serait indéniable en raison du nombre d’hommes ayant un contrat de travail à de hauts niveaux de responsabilité. C’est un peu comme faire écho à ce raccourci selon lequel c’est le contrat de travail qui donne aux uns et aux autres une forme de reconnaissance par la société. Dans ces conditions, homme ou femme, je brûle mes papiers. Et tant pis pour la reconnaissance de mes hormones.

 

Philippe de Casabianca

Du même auteur :

– L’AUTEUR : Est-il encore en odeur de sainteté ?

IDEES RECUES : L’Europe a-t-elle un sexe ?

– PROFESSION : Faut-il euthanasier les journalistes ?

– EDITO : Les molécules de la peur

– IDEES RECUES : L’Union européenne sans papiers

 

Retrouvez chaque lundi Philippe de Casabianca sur morethanwords.fr


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