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« En tant que rédacteur, vous accordez beaucoup d’importance aux mots.
Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
Faut-il être journaliste pour bien écrire ?
Cela explique-t-il que les marques cherchent à recruter
des journalistes pour produire leurs contenus ? »

— Lors de mes rencontres sur les réseaux sociaux, une de mes relations qui travaille dans une agence web m’a posé plusieurs questions sur le journalisme et la rédaction web. Voici la suite de cette interview. —

Les mots contre l’ignorance

Saviez-vous que « l’ignorance est à l’origine de tous les mots » ? Le mot est donc l’expression d’un savoir et bien utiliser les mots, c’est lutter contre l’ignorance. Une ignorance qui est aussi à l’origine de bien des maux.

Les mots participent aussi à notre épanouissement. Quand on ne se sent pas capable d’exprimer ce que l’on a en soi, on s’enferme à double tour et on a jamais l’opportunité de le communiquer et de le partager.

Enfin, les mots nous permettent aussi de bien nous exprimer et d’éviter ainsi de nombreuses incompréhensions à l’origine de disputes et de conflits. La paix passe par une bonne utilisation des mots.

Le mot est donc un instrument précieux que l’on devrait entretenir et choyer comme un guitariste traite sa guitare.

Aujourd’hui plus que jamais, le mot est maltraité et on a besoin de personnes dont le métier est d’en prendre soin. Le rédacteur web est l’un d’entre eux.

mots-maltraites

Le rédacteur web

Quand il écrit, quand il publie un message sur les réseaux sociaux, quand il commente, quand il mène un débat, quand il participe à un forum, il a la mission de traiter les mots avec respect. Il ne s’agit pas de montrer du doigt les malfaiteurs, mais de montrer l’exemple. Certains d’entre nous écrivent comme moi je chante ! Quand il s’agit d’un professionnel, c’est inacceptable. Est-ce qu’un maçon va prendre un artisan qui ne sait pas utiliser une truelle ? Non, alors ce même maçon peut avoir besoin d’un autre artisan quand il s’agit de communiquer. Cet artisan, c’est le rédacteur. Et moi, en contrepartie, je m’engage à ne jamais utiliser une truelle ! Je construis des articles et des discours, pas des murs et des maisons.

IMG_3478Les mots sont comme la nourriture. On ne peut pas survivre sans. Tout le monde a appris à écrire et tout le monde prépare des repas. Mais tout le monde n’est pas le chef d’un restaurant comme tout le monde ne peut pas devenir rédacteur web ou journaliste. Et le journaliste n’est pas le seul à savoir écrire. Mais pour un professionnel, ça représente souvent une garantie. Je prends un journaliste pour développer mon blog et je me dis que je vais avoir de bons articles, bien écrits. On en revient alors au début de notre entretien. Ce n’est pas suffisant de bien écrire pour être un rédacteur web. Il faut aussi avoir une bonne culture web et maîtriser les outils du web. L’important est de produire du contenu adapté au web et exploitant le potentiel de ce support.

Le Community Management

Par exemple, le rédacteur web est aussi un community manager. Non seulement il produit du contenu en écrivant des articles sur un blog, mais ensuite, contrairement au journaliste, son travail ne s’arrête pas là. Il va partager ses articles sur les réseaux sociaux, ces partages vont prendre des formes diverses selon qu’il s’agisse d’un réseau populaire comme Facebook, d’un réseau pro comme Linkedin, d’un réseau lié à un moteur de recherches comme Google +, d’un réseau spécialisé dans le visuel comme Instagram ou Pinterest. Ces partages doivent attirer des lecteurs, des commentateurs, mais aussi susciter des débats, le plus souvent dans des groupes, qu’il devra animer. Son rôle est aussi de répondre aux commentaires et de développer un vrai dialogue.

Et là, on est vraiment dans la spécificité du métier de rédacteur web. Ce sont autant d’actions que le journaliste-rédacteur ne développe pas. Non pas qu’il n’en soit pas capable, mais c’est juste que le support ne le permet pas, le papier n’est pas fait pour ça.

J’aime l’idée que l’article continue de vivre après son écriture. Comme si l’écriture web était un acte de création. Je l’ai mis au monde et ensuite il va grandir, parfois il va même vivre par lui-même. D’ailleurs la durée de vie est une grande différence entre l’article d’un journaliste et d’un blogueur. Sur un blog, il y a l’audience immédiate, celle du jour même équivalente à celle de l’article qui paraît sur un journal. Et il y a l’audience qui va naître des partages sur les réseaux sociaux et celle du référencement sur les moteurs de recherche. Certains de mes articles comptent plus de lectures trois ans après leur publication que le jour ou la semaine de leur parution. C’est le cas notamment de  « E621 : Quand lire peut vous sauver la vie ! » ou « Un Community Manager raconte ce que vous ne lirez pas ailleurs sur Disneyland Paris ! » (je viens volontairement d’en modifier légèrement le titre !)

Et comme l’article du rédacteur web a une durée de vie plus longue et indéterminée, la rédaction est différente. Il doit garder le même intérêt plusieurs mois, voire plusieurs années plus tard. Parfois, il nécessite même quelques retouches pour qu’il conserve un bel aspect. L’article du journaliste a de fortes chances de terminer dans un feu de cheminée ou sur les vitres des fenêtres de votre habitation.

Dans le travail de rédaction, cela permet aussi de créer des suites. En créant une suite, vous fabriquez un feuilleton, les articles sont plus vivants et vous fidélisez des lecteurs. La preuve !?

à suivre…

Lire ou relire la première partie de cette interview : Quelles différences faites-vous entre un journaliste et un rédacteur web ?

Trois autres articles publiés sur ce blog apportent des réponses et un autre éclairage à la question énoncée dans le titre :

L’étonnement est le début du blog

Un Community Manager doit savoir écrire

– Blogs, Tweets & SMS sont-ils une source de désaffection ou d’inspiration pour la lecture et l’écriture ? de Florence Augustine

Catégories : Interviews

Denis Gentile

Je suis un passant. Ici et maintenant, je suis un passant du web. Le Passant est celui qui va d'un lieu à l'autre, d'un sentiment à l'autre, il n'est jamais le même. Je passe d'une page à l'autre, d'un blog à l'autre, d'un message à l'autre. Et ces pages, ces blogs et ces messages, je les passe aux autres passants qui y passent à leur tour :) Plus prosaïquement, je suis un Storyteller, Blogueur & Rédacteur Web. Mais le rôle que je préfère, c'est celui de Digital Storyteller !

10 commentaires

Baudouin Perret alias Eouda Pintruber · 12 septembre 2015 à 11 h 36 min

Beaucoup d’idées justes au sujet de la nécessité de trouver le mot propre pour assurer l’efficacité et la sécurité des échanges sur le web mais souffrez que je manifeste mon étonnement, pour ne pas dire ma stupéfaction de ne trouver aucune contribution pour dire l’importance de connaitre le latin et le grec ancien afin de maîtriser la langue française.
TOUTE LANGUE est un organisme vivant qui est le résultat d’un héritage, ,qui a sa genèse, son évolution et va vers sa mort, plus ou moins vite, si l’on n’y prend garde ; il faut veiller sur sa langue comme on le fait sur un enfant que l’on aime.
Comment assurer l’équilibre d’une personne qui ignorerait tout de ses parents et de ses grands parents ?

Thierry Chazarin · 11 septembre 2015 à 20 h 51 min

Merci Denis pour ces messages à la fois pleins de délicatesse, de légèreté et d’une teneur très dense et percutante: nous sommes au coeur de la charte qualité de l’internaute expert et avisé!

Françoise · 10 septembre 2015 à 22 h 22 min

Voilà un propos auquel je ne peux qu’adhérer. Les réseaux sociaux ne sont hélas plus reconnus comme des récipiendaires de la langue, mais plutôt utilisés comme des exutoires…

Une coquille s’est glissée dans l’article, je suppose que tout le monde corrige mentalement au moment de trébucher sur les mots, mais c’est plus fort que moi désolé :  » mais c’est juste que le support ne permet papier n’est pas fait pour ça. »

Et si je tatillonne encore un peu, cette phrase n’est pas évidente à saisir si on ne nettoie pas ses vitres avec de vieux journaux : « L’article du journaliste a de fortes chances de terminer dans un feu de cheminée ou sur les vitres des fenêtres de votre habitation. »

    Denis Gentile · 10 septembre 2015 à 23 h 01 min

    Bonsoir Françoise, je vous remercie pour votre contribution. J’apprécie particulièrement ce type de commentaires. Ils améliorent l’article. Au plaisir de vous lire encore sur ce blog et les réseaux sociaux.

Nicole JEANDIE · 9 septembre 2015 à 11 h 45 min

Très bel article, je suis impressionnée, merci

lafeebiscotte · 9 septembre 2015 à 9 h 13 min

Très bel article. Je te remercie. Il est vrai que les mots ont une puissance et un impact et que souvent ils ne sont pas utilisés comme il se devrait.

Colay · 8 septembre 2015 à 18 h 32 min

Génial je me suis senti très calme en lisant : merci !

laurahantz · 8 septembre 2015 à 17 h 14 min

Bonsoir,

Voici un article très intéressant !
À l’air d’internet il est d’autant plus important de préserver les mots et notre belle langue française.
Parfois, il suffit de lire les commentaires pour se rendre contre, que tous n’aiment pas les mots et les raccourcissent au possible.

monencre · 8 septembre 2015 à 11 h 19 min

Alors ça c’est de l’article ! Sincèrement, c’est un « missile » correctif. Il y a une puissance impressionante qui se dégage de tes mots. J’attends la suite avec impatience.

L'information est-elle maltraitée sur le digital et ailleurs ? · 21 novembre 2016 à 15 h 51 min

[…] ou relire la deuxième partie de cette interview : Les mots sont-ils maltraités (sur les réseaux et ailleurs) ? la première partie : Quelles différences faites-vous entre un journaliste et un rédacteur […]

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