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On a vu que l’Union Européenne pouvait alimenter les idées reçues tant son insistance est grande à nier sa composante humaine. Alimentée par l’objectif d’efficacité technique et commerciale, elle doit admettre qu’elle doit cesser de perdre ses papiers. Car ses populations ont une identité. Qu’on se le dise ! Et faites circuler…

Cela peut surprendre: l’Union Européenne n’a pas de papier. Pas de papier d’identité, j’entends. Comment donc, me direz vous ? Et la création du corps diplomatique européen ? Et la profusion des logos et des drapeaux européens sur quantité de documents officiels ? Et le lancement d’un navire dépollueur appartenant à l’agence européenne de sécurité maritime européenne ? Et la protection diplomatique accordée à tous les ressortissants de l’UE par chacun de ses membres ?
Calmons nous. Tout cela constitue-t-il vraiment tous les éléments d’une histoire européenne et d’une politique de consolidation de l’identité qui y serait associée ? A force de se focaliser sur le marché intérieur et sa performance, bien des instances de l’UE ont entendu assimiler ce mode de gestion technique et politique à l’identité européenne. Pas certain que cela passe au fin fond du Cantal ou du Haut Adige…


La promotion de l’individualisme

Et pourtant, c’est bien ce corpus de règles que les instances communautaires reconnaissant comme leur ADN, en y incorporant des principes de droits fondamentaux d’origines récentes et pas issus de l’ensemble des traditions des Etats membres. A ces droits, souvent un point commun, la promotion de l’individualisme, le même individualisme qui fait de l’Européen d’abord un consommateur. Plus d’un, et pas seulement les vaches, risque d’en devenir dérangé… Il n’y a pas si longtemps, l’UE menaçait de couper l’aide au développement au Nicaragua s’il ne révisait pas ses lois sur la vie et la famille. Si ce n’est pas une promotion de l’individualisme, qu’est-ce ?
Ce qui reste intrigant dans ces différentes règles qui tournent autour du consommateur, c’est qu’on est passé d’une grande idée politique, la préservation de la paix par l’économie, à une petite idée politique, le modèle européen est indépassable. C’est de l’ethnocentrisme affirmé sans sourciller. De décennie en décennie, l’UE se projette et se rêve zone la plus compétitive du Monde. Et pendant ce temps, l’herbe des terrains vagues, pousse, croit et jaunit…Et la Chine prospère…

 

Une machine à idées reçues

On a donc ici, comme on l’a montré dans les chroniques précédentes de ce blog, tous les ingrédients aptes à concocter une machine à idées reçues. Fondée sur une idée justifiable en son temps, l’après guerre, la construction communautaire s’est attachée à à affirmer la permanence et l’universalité de son modèle sans toujours le justifier par des exemples pertinents et concrets, mais surtout sans toujours de soucier de cultiver les racines d’une identité compatible à défaut d’être toujours commune.
Au lieu de cela, la méthode communautaire que j’ai qualifiée d’asexuée… La passion de la méthode communautaire, voilà bien un sport de juriste, mais voilà aussi qui alimente les méfiances: encore un paravent de bureaucrate bruxellois ? Que cachent-ils ? Et la machine à rumeurs est lancée…Mais où est le frein ???
Y en a t il d’ailleurs ? Passant du statut d’une vérité d’après guerre et très franco-allemande, on est passé au statut de la Vérité, tout comme on a assimilé l’Europe à l’Union européenne. Lors de l’adhésion à l’UE, les Polonais l’avaient bien compris, eux qui estimaient n’avoir jamais quitté la maison européenne, une maisons préexistante à l’UE. Avoir vécu sous le rideau de fer n’a pas donné envie aux derniers venus de perdre leur identité dans un nouvel ensemble, mais plutôt d’utiliser cet ensemble pour épanouir leur identité. Les railleries sous forme d’anachronisme n’ont pas manqué.

 

Supplément d’âme

La recherche d’identité serait-elle anachronique ? Sous forme d’images d’Epinal qui ne font de mal à personne, on se reconnaît bien dans la vache Europe, elle, pas encore atteinte du prion de dégénerescence du cerveau. On peut rêver identité moins boueuse…Alors certes, on a bien l’hymne de l’ode à la joie chanté souvent en latin avec la musique de la IXe symphonie de Beethoven. Oui, cette belle harmonie peut châtouiller l’âme. Mais n’a-t-on pas besoin d’un surcroît d’âme justement pour redonner confiance aux Européens et tordre le coup aux idées reçues ?
A bien des égards, on a en fait l’impression que l’UE se cache. On trouve encore des hommes politiques annoncer que dans quelques années, le droit communautaire dépassera les 60% de textes directement incoporés dans le droit national. Ce sont des nationalistes d’un autre âge car ce score est déjà là, bien là.
Autre exemple, l’adhésion de laTurquie. Elle pose problème et fait tâche. Son incorporation à l’UE pose la question de l’identité européenne comme de l’appartenance à une histoire et des valeurs communes. Pour les Britanniques, en mal d’identité, et les Américains, en mal d’Européanité, pas de problème: la Turquie doit adhérer à l’UE car cela en consolide le marché et son rôle de rempart contre l’intégrisme musulman. Est-ce là une forme d’identité commune ?
Cela en laisse plus d’un sur sa faim. Du coup, la Commission européenne a modifié sa communication en la matière. Au lieu de parler d’élargissement, on parle de sécurité énergétique en vantant tel ou tel oléoduc passant par…la Turquie. Comme si la prospérité était passeport européen.

 

Philippe de Casabianca

 


1 commentaire

L'un des rôles du Community Manager est de donner sa chance | MoreThan Words · 11 juillet 2011 à 5 h 43 min

[…] IDEES RECUES : L’Union européenne sans papiers […]

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