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Si je ne suis pas certain d’être un auteur à part entière, je suis certain en revanche d’avoir eu cette envie d’écrire un roman, au-delà du poème d’adolescent boutonneux. Quand j’ai écouté pour la première fois le Requiem de Mozart en classe, j’ai eu un choc. J’ai vu un bateau. Il fallait que je le prenne et que je l’écrive.

Jamais je ne me suis dit je serai Chateaubriand ou rien, geek ou SDF, Bill Gates ou Andy Warhol. Chacun ses chapelles, son acrylique et des neurones moteurs ou perdus. Advienne que pourra. Mais quand j’ai écouté le Requiem de Mozart, j’ai eu la volonté d’écrire un roman et de faire ce voyage au-delà de la nuit, au-delà des rives connues peut être.

Quand la musique tonne, en tout début donc du morceau, je vis un grand voilier de guerre quitter les côtes dans une inquiétante pénombre. L’aube ne s’est pas encore levée mais on sent la houle du requiem de Mozart propulser le navire dans une ampleur tranquille. La mer grossit et c’est là que le navire puise encore davantage de force et d’assurance. C’est étrange: il faut que je parle de cette histoire dont je ne connais rien.

Où le vent me portera

Pourtant, j’ai bien plus l’impression que c’est l’histoire qui m’écrit que l’inverse. Je ne connais rien de ce bateau, de ses occupants ni d’ailleurs de leur destinée. Ce sont eux qui m’ont fait monter à bord. On le voit bien, je suis loin des romans fabriqués, paramétrés par leurs auteurs dès la première page, dès le début de l’intrigue. On est loin de la mécanique implacable de la tragédie ou des romans à clé comme les Hauts de Hurlevent avec lesquels je me sens en définitive peu d’affinité. On est là où le vent me portera.

Je veux donc écrire pour faire vivre mes personnages, même si je ne les connais pas. Et au fond qu’importe car le personnage principal m’a déjà conquis : c’est ce bateau majestueux qui ira au-delà. Mais au-delà de quoi ? Qu’importe ! Car faut il vraiment une réponse ? Un voyageur authentique a-t-il d’ailleurs d’autre but que celui de voyager sans esprit de retour ?

Ce roman donc, je l’ai écrit. Il dort comme un rêve d’adolescence dans un tiroir dont j’ai oublié la localisation. Il dort mais il n’est pas mort. Il dort parce qu’à un moment, j’ai eu le sentiment que le voyage était achevé sans autre justification que ma conviction, comme celle qu’il fallait que je parte avec le navire aperçu dans les premières notes du Requiem de Mozart. Je ne l’ai pas écrit à la conquête d’un public, je l’ai écrit à la conquête de ses personnages.

Rideau

Philippe de Casabianca

Retrouvez chaque lundi Philippe de Casabianca sur morethanwords.fr

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Credit photo (Voilier) : Ambrozjo


16 commentaires

Cécile · 22 juillet 2011 à 7 h 52 min

Bonjour Philippe,
promis, dès que possible, je prends le temps de vous donner un extrait !
Au plaisir de vous lire.

    Philippe de Casabianca · 19 juillet 2011 à 21 h 15 min

    Diantre, quelle salve!! Il pleut des hallebardes….

    Mettez nous l’eau à la bouche, Cécile. Donnez nous quelques extraits.

    Denis, et vous aussi…

    Les autres… sortez du bois….

Cécile · 19 juillet 2011 à 14 h 21 min

Bon allez, on se lance : la musique m’aide à écrire tout ce qui se rapporte à mon métier, les dossiers en cours tels que de l’immobilier, un fleuriste, un nouveau qr code, un théâtre en rénovation, j’en passe et des meilleurs ! Et bien sûr, elle rythme l’écriture des articles de mon blog ! Quant au style musical, je suis très années 80, variétés, hard-rock. Voilà, je me suis dévoilée !

Philippe de Casabianca · 19 juillet 2011 à 13 h 45 min

Cosi fan tutte comme dirait l’autre….

Cécile, Denis…. et les autres….. Arrêtez de vous cacher et livrez ici ce que la musique vous fait écrire.

Requiem de Mozart ou pas (tant pis)… car au commencement était le Verbe.

Musique!

Denis Gentile · 19 juillet 2011 à 13 h 42 min

Le requiem de Mozart pas encore. Un jour peut-être. Mais je ne suis pas une sirène 🙂

TURANDOT de PUCCINI, oui. C’est la bande originale de mon livre (que je cherche à re-publier) DIVERSIONS DE L’ANGE.

Cécile · 19 juillet 2011 à 13 h 12 min

Alors je vous réponds tout de suite Philippe : le requiem de Mozart est magnifique, les mots manquent pour le décrire. Mais je crois que nous vivons tous des influences différentes. Par conséquent, je ne peux pas écrire qu’il m’inspire au même sens que vous. D’autres musiques agissent sur moi et m’apportent l’inspiration.
Au plaisir de vous lire.

Cécile · 19 juillet 2011 à 12 h 37 min

Bonjour Philippe,
et merci de votre réponse. J’ai souvent expliqué que la musique rythmait mon travail. J’ai fait à ce sujet plusieurs articles sur mon blog. Il est vrai que je ne peux pas écrire en silence et là, au moment où je tape sur le clavier, c’est avec les écouteurs sur les oreilles ! Comme vous, la musique m’inspire et me motive !
Au plaisir de vous lire.

    Philippe de Casabianca · 19 juillet 2011 à 12 h 51 min

    Cécile…et les autres….

    Je vous suis bien… Mais j’ai lancé un hâmeçon et j’espère bien maintenant pêcher quelques sirènes…

    Voici mon appel: Et vous, le Requiem de Mozart vous a-t-il inspiré??

    Avis aux amateurs. Welcome on board!

    Hic et nunc…

Cécile · 18 juillet 2011 à 19 h 33 min

Cher Philippe,
quel plaisir de vous lire, souvenez-vous, nous nous étions croisés au détour d’un de mes magazines. Je suis très heureuse de vous retrouver aujourd’hui sur le blog des auteurs et espère sincèrement que nous aurons d’autres occasions d’échanger. A bientôt !

    Philippe de Casabianca · 19 juillet 2011 à 6 h 45 min

    Le plaisir est partagé. Quelle puissance, n’est ce pas ce Requiem! Commençons ici: suis-je le seul qu’il ait inspiré? Je suis sûr que non. Partagez avec nous, Cécile, quelques bribes de vos inspirations d’ici bas pour avancer au large…

Justine Neubach · 18 juillet 2011 à 11 h 47 min

« La musique, les images, les mots », pour moi ces trois termes s’enchaînent d’un seul souffle et sans triche.
Et lorsque je lis un article auquel j’arrive à croire sans effort, cela me plaît.
Merci pour ce bateau que j’ai aperçu dans vos lignes.

    Philippe de Casabianca · 18 juillet 2011 à 12 h 35 min

    Ce bateau glisse. Et j’espère bien qu’il vous a échappé comme il m’a échappé…

    Je crois que cela correspond à une forme d’émotion fluide, où l’écriture, et ici la musique, coule comme du sable ou une rivière. Fugitive, elle n’en devient pas anodine ni futile.

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